Assemblée plénière des évêques de France : vers un diaconat féminin et l’ordination des hommes mariés ?

Publié le 24 Mar 2023
assemblée plénière des évêques de France

La prochaine Assemblée plénière des évêques de France va-t-elle voter pour un diaconat féminin et l’ordination sacerdotale des hommes mariés ? Jeudi 23 mars, Libération révélait s’être procuré les propositions soumises confidentiellement le 15 mars dernier aux évêques de France.

 

Réunis à Lourdes du 28 au 31 mars prochain, les évêques devront se prononcer sur les soixante propositions formulées par les neuf groupes de travail constitués en février 2022, suite au rapport de la CIASE. Parmi la liste des propositions, le journal La Croix, également en possession du document, révèle entre autres celles du groupe de travail n°8 consacré à l’analyse des causes de violences sexuelles qui ont suscité un certain engouement : « pour lutter contre l’entre-soi qui favorise les abus  » il faudrait « développer l’altérité et renforcer en particulier la place des femmes dans la liturgie et aux postes de décision « .

Concrètement, il y est suggéré de développer la prédication par des laïcs, en particulier pour les femmes, normaliser le service de l’autel pour les filles et enfin permettre aux femmes d’occuper un poste de délégué épiscopal associé à l’évêque ou au vicaire général. Enfin, les membres du groupe conseillent d’expérimenter l’ouverture du diaconat aux femmes et l’ordination des hommes mariés. Cependant, les évêques n’ont pas autorité pour acter ces dernières propositions. Le groupe de travail n°8 précise donc pour le moment qu’il s’agit de solliciter Rome pour amorcer cette expérimentation. 

 

Le contre-modèle allemand

Le quotidien de gauche, Libération, s’enthousiasme déjà pour les deux propositions particulièrement innovantes, deux bombes”. Il souligne des résolutions identiques à celles formulées par le chemin synodal allemand, achevé le 11 mars, regrettant le choix de l’agencement français des travaux, signe d’un positionnement “plus timoré à l’égard des réformes que son homologue allemand”. Ce modèle allemand a déjà reçu de son côté plusieurs avertissements de la part de Rome et certains de ses membres s’en sont écartés avant la clôture officielle, considérant qu’il s’éloignait de l’Église universelle. (cf  Le synode allemand de la rupture) 

Dans le cadre de la lutte contre les abus sexuels au sein de l’Eglise, les évêques avaient voté, en novembre 2021, un certain nombre de résolutions, dont celle de constituer neuf groupes de travail. Cent personnes parmi des diacres, prêtres, évêques, consacrées et victimes ont été choisies “dans le respect d’équilibres essentiels” afin de poursuivre un “cheminement authentiquement synodal”, d’après la Conférence des évêques de France. 

 

« Inventer des transformations »

En dehors des deux mesures polémiques, une suite de pistes a ainsi été formulée afin de mieux prévenir et sanctionner les abus, en mettant en place une culture de prévention harmonisée à l’échelle nationale. Hervé Balladur, coordinateur général des groupes de travail estime qu « en face du caractère systémique des abus, nous devions donc élaborer des réponses systémiques « . Monseigneur Luis Ladaria Ferrer, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, avait de son côté rappelé aux évêques allemands en visite ad limina en novembre dernier que “le point de départ de la réflexion selon lequel les abus dans l’Eglise seraient systémiques, est erroné”. 

Hervé Balladur ajoute également que l’objectif de ces travaux était d’inventer des transformations qui concourent à la prévention des abus, pour les différents étages du millefeuille de l’Église”. Les travaux des différentes parties auraient donc abouti à la proposition de création d’un comité d’experts pour assister l’évêque dans les prises de décisions dans les cas d’abus, d’un observatoire national chargé de publier un rapport annuel, mais aussi d’un réseau national surveillant l’application de nouvelles mesures canoniques encadrant la fondation des communautés nouvelles.  

Concernant les personnes victimes, une “pastorale spécifique” serait proposée et pour les prêtres ou religieux mis en cause, une meilleure prise en charge devrait être pensée.  

 

Confession et ministère des évêques

La question de la confession est également largement abordée par le groupe de travail n°2. Ces membres insistent sur la nécessité de respect du cadre du sacrement (lieux adéquats et dédiés, horaires précis), et surtout un respect du rituel ainsi qu’une formation plus approfondie des fidèles de sa pratique. Il y est également évoqué la nécessité de « différencier l’ordination de la faculté de confesser « . Avant de pouvoir confesser, les prêtres devront suivre une formation spécifique avec à l’issue un « examen de confession » délivré par une « pénitencerie diocésaine ou inter-diocésaine « . 

Le groupe de travail n°5 a étudié l’accompagnement du ministère des évêques et regrette une “gouvernance qui fait peu de place aux contre-pouvoirs » (sic) et évoque un sentiment de surcharge de 59% d’entre eux. Il propose donc, entre autres, la mise en place d’un mentorat (par exemple un évêque aîné). Une publication des bans auprès du diocèse d’origine est également proposée entre l’annonce d’une nomination et l’ordination épiscopale pour permettre à d’éventuels victimes ou témoins de se manifester.  

Les différents groupes, constitués aujourd’hui à 67% de laïcs, se sont réunis depuis un an dans le but d’assister les évêques dans la prise de décisions concrètes. Le travail de restitution aura lieu à partir du mardi 28 mars et le vote final qui sélectionnera les mesures retenues aura lieu le vendredi 31 mars prochain, à l’issue de l’Assemblée plénière.

 

Maitena Urbistondoy

Maitena Urbistondoy

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