Le procès de l’attentat de la basilique de Nice, survenu en octobre 2020, s’est ouvert ce lundi 10 février. Au cœur de ce drame, l’Église catholique a décidé de se constituer partie civile.
L’attentat de Nice
Le 29 octobre 2020, trois fidèles sont sauvagement tuées dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice par un assaillant, Brahim Aouissaoui, jeune clandestin tunisien. Armé d’un couteau de cuisine, il a tenté de décapiter Nadine Vincent, une fidèle de 60 ans, sans y parvenir complètement. Il a ensuite porté 24 coups de couteau à Simone Barreto Silva, une mère de famille franco-brésilienne âgée de 44 ans, qui avait réussi à s’enfuir avant de succomber. Le sacristain Vincent Loquès, 55 ans, père de deux filles, a également été égorgé.
L’Église catholique partie civile
Il s’agit du second attentat djihadiste dans une église en France, en comptant l’assassinat du Père Jacques Hamel en juillet 2016. Mais pour la première fois, l’Église Catholique se constitue partie civile dans un procès d’attentat. Un acte symbolique, qui témoigne de l’engagement de l’Église pour la reconnaissance de l’attaque comme une offensive contre les croyants, dans un lieu de culte.
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Évêques de France, a expliqué cette démarche en des termes clairs. Pour lui, il est évident que le meurtrier, Brahim Aouissaoui, s’est rendu à la basilique avec l’intention précise de commettre un assasinat. Il a souligné que l’accusé avait pris soin de repérer les lieux, y passant à plusieurs reprises avant de commettre son acte. Cela montre une volonté délibérée de cibler des croyants dans un lieu sacré.
L’Église demande ainsi que l’attentat soit qualifié de « terroriste », en raison de la dimension religieuse de l’attaque. Il ne s’agit pas simplement d’un fait divers isolé, mais bien d’un acte qui relève du terrorisme. Mgr de Moulins-Beaufort a ajouté : « Je me suis constitué partie civile aujourd’hui en tant que président de la Conférence des évêques de France […] pour demander que soit retenue la qualification aggravante d’attentat terroriste en raison de la religion ». Un point qui sera déterminant pour la suite du procès.
Le silence de l’accusé
L’accusé a fait valoir qu’il ne se souvenait pas des faits. Il a invoqué une « amnésie irréversible », affirmant qu’il ne voyait pas comment il aurait pu tuer trois personnes. Cette déclaration a soulevé l’indignation dans la salle d’audience, particulièrement du côté du fils d’une des victimes, qui n’a pas pu contenir son émotion. Le président du tribunal a dû intervenir pour maintenir l’ordre.
Du côté de la défense, l’avocat de l’accusé, Me Martin Méchin, a avancé l’hypothèse que cette amnésie pourrait être une conséquence des anesthésies générales subies par Aouissaoui lors de son hospitalisation après son arrestation. Toutefois, cette version ne convainc pas tout le monde, en particulier les parties civiles qui, elles, considèrent que l’accusé refuse tout simplement de collaborer avec l’institution judiciaire, dans le but de minimiser sa responsabilité.
La question de la responsabilité
La question de l’amnésie et de la capacité de discernement de l’accusé occupe une place centrale dans le procès. Les expertises psychiatriques menées sur Brahim Aouissaoui n’ont révélé aucune lésion cérébrale, ce qui soulève de nouvelles interrogations sur sa véritable capacité à répondre de ses actes. Pour Me Soussi, l’attitude de l’accusé n’est qu’une tentative de fuir sa responsabilité criminelle, ce qui renforce la position de l’Église catholique dans son souhait d’une qualification de l’attentat en tant qu’acte terroriste, motivé par la religion.
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