Ce n’est pas à proprement parler un livre de plage mais la réédition par Renaissance Catholique du Bref examen critique tombe à point nommé cet été. Débat autour du pèlerinage de Chartres, synode sur la synodalité, effondrement des ordinations sacerdotales, nouveau préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi…
La crise que traverse l’Église semble poursuivre inexorablement sa courbe fatale. Plusieurs facteurs, certainement, ont provoqué cette crise. Il en est un assurément central : la réforme liturgique et la promulgation de la nouvelle messe. Central autant que la messe est au centre de la vie de l’Église ; de la vie tout court d’ailleurs.
En 1969, les cardinaux Ottaviani et Bacci adressaient au pape Paul VI une étude conduite par des experts pour manifester leur inquiétude suite à la promulgation du nouveau missel. Ce travail critique initialement adressé seulement au pape, a par la suite été rendu public. Il a fait l’objet de nombreuses éditions dans le monde entier.
Renaissance Catholique avait déjà procédé à une réédition avec préface du cardinal Stickler en 2005 à l’occasion de l’année consacrée à l’eucharistie. Tirage épuisé, il vient donc d’être à nouveau édité accompagné de quelques textes contextuels et d’une préface du cardinal Burke.
Le point le plus connu du Bref examen est sa critique de l’article 7 de la Présentation générale du nouveau missel romain promulgué le 3 avril 1969 qui définissait la messe en ces termes : « La Cène du Seigneur ou Messe est la synaxe sacrée ou réunion du peuple de Dieu en un [même] troupeau sous la présidence du prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur. Aussi la promesse du Christ : “Là où vous êtes deux ou trois réunis en mon nom, Je suis au milieu de vous” (Mt. XVIII, 20), cette promesse vaut d’une manière éminente pour [toute] assemblée locale de la sainte Eglise ».
Cette définition, plus que problématique, fut réécrite à la demande de Paul VI et donna lieu à une nouvelle édition du missel en mai 1970 : indice que le Bref examen critique avait vu juste et que ses inquiétudes étaient fondées. Cependant, si cette définition plus que défectueuse a été changée, le rit qui était construit sur la base de cette définition n’a pas été modifié et il porte dans ses rubriques, à la manière d’un gène, ce flou doctrinal problématique.
Critique théologique définitive ? Sans doute pas, tant le sujet est vaste et épineux et beaucoup d’ouvrages ont été publiés sur le sujet et le sont encore. Mais critique fondatrice, substantielle, construite, argumentée qui conserve sa pertinence. Puisse-t-elle d’ailleurs provoquer un débat de fond avec certains défenseurs de la réforme. C’est tout le bien que nous souhaitons à cette réédition 2023.
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