Benoît XVI et les mages

Publié le 18 Jan 2023

Pour honorer Benoît XVI, je voudrais commenter l’homélie de la messe de l’Épiphanie, le 6 janvier dernier. En effet, ce grand Pape défunt a été comme fasciné par les Mages. Est-ce parce qu’il était allemand ? Je pense plutôt que c’est en raison de son humilité profonde, source première de sa grande sagesse. Voilà un texte un peu long, mais qui nous fait comprendre à la fois Benoît XVI et le mystère. J’en cite la plus grande partie. Celui-ci disait à la Commission théologique internationale en 2009 : « Les paroles du Seigneur, que nous venons d’entendre dans le passage évangélique, constituent un défi pour nous théologiens, ou peut-être, pour mieux dire, une invitation à un examen de conscience: qu’est-ce que la théologie ? Que sommes-nous, nous les théologiens? Comment bien faire de la théologie? Nous avons entendu que le Seigneur loue le Père, car il a caché le grand mystère du Fils, le mystère trinitaire, le mystère christologique, aux sages, aux savants – ceux-ci ne l’ont pas reconnu –, mais il l’a révélé aux petits, à ceux qui ne sont pas savants, qui n’ont pas une grande culture. C’est à eux qu’a été révélé ce grand mystère Avec ces mots, le Seigneur décrit simplement un fait de sa vie; un fait qui commence déjà au temps de sa naissance, lorsque les Rois mages d’Orient demandent à ceux qui sont compétents, aux scribes, aux exégètes le lieu de la naissance du Sauveur, du Roi d’Israël. Les scribes le savent, car ce sont de grands spécialistes; ils peuvent dire immédiatement où naît le Messie: à Bethléem! Mais ils ne se sentent pas invités à y aller: pour eux, cela reste une connaissance académique, qui ne touche pas leur vie; ils restent en dehors. Ils peuvent donner des informations, mais l’information ne devient pas formation de leur propre vie. »

Le pape François développe de façon différente, mais substantiellement identique cette fascinante aventure des mages qui nous enseigne que la foi ne naît pas de nos mérites, mais qu’est un don gratuit de Dieu. Nous ne sommes ni pélagiens, ni semi pélagiens. Le premier acte de foi est un don de Dieu. Et il doit toujours être accueilli avec humilité. Méfions-nous toujours de la tentation de Pierre, celle de la présomption, qui nous guette toujours. Et la foi nous réveille de toutes nos apathies et nous apprend par une rencontre personnelle avec Jésus à répondre en chrétiens à toutes les exigences de la vie. Elle chasse l’inquiétude, très forte chez les Mages avant qu’ils n’aient rencontré Jésus et sa Mère. L’inquiétude n’est pas forcément mauvaise, car elle nous tient en éveil, et elle doit être remplacée par la certitude crédible qu’apporte la foi, même si celle-ci ne sera jamais la vision. La foi permet de surmonter les questions et les défis suscités par une inquiétude sur l’avenir, dont les causes diverses n’ont finalement qu’un but : nous éloigner de Dieu. Ne prenons pas les faux tranquillisants de l’âme qui ne font que l’anesthésier. Au contraire, avançons comme les Mages vers l’étoile désirée, même si c’est de nuit.

La foi est également un risque. Notre cheminement avec les Mages avec l’étoile mystérieuse, doit provenir, comme pour eux, d’un long cheminement intérieur vers la vérité. La foi doit ensuite croître en nous. Là il est important de persévérer dans un dialogue constant avec Jésus par la prière et une fidèle écoute à sa volonté par la lecture assidue de la Parole de Dieu, qui doit toujours se faire avec Marie, bel exemple de foi mais peut-être surtout d’écoute dans le profond recueillement et un silence intérieur qui l’unissait sans cesse à ses Trois, pour reprendre l’expression de sainte Élisabeth de la Trinité.

Un moine de Triors

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