La bataille de Bouvines (3/4) : Enseignement de l’Histoire : le rôle important du professeur

Publié le 19 Sep 2024
histoire bouvines

La connaissance des batailles est fondamentale pour l’apprentissage de l’histoire de France (ici dans la Galerie des Batailles de Versailles). / Zairon, CC BY-SA 4.0

ENTRETIEN | Docteur ès lettres et agrégé d’Histoire, le professeur Michel Fauquier revient sur l’enseignement de l’Histoire médiévale au primaire et au secondaire. Bien qu’elle semble l’oubliée des programmes scolaires, elle garde encore une part importante dans les directives officielles. Aux professeurs de s’emparer du sujet.

 

| La bataille de Bouvines, bien qu’importante dans l’Histoire de France, est souvent éclipsée dans les programmes scolaires actuels. Comment évaluez-vous l’évolution de l’enseignement de l’Histoire médiévale dans nos écoles ?  

Ce qui est frappant, c’est moins la part accordée à l’enseignement de l’Histoire dans les programmes scolaires actuels, que sa place. En effet, en 5e, niveau durant lequel l’histoire médiévale est traditionnellement enseignée de façon plus approfondie, l’Histoire n’apparaît que très loin dans les instructions officielles, après le français, les langues vivantes, les arts plastiques, l’éducation musicale, l’histoire des arts, l’éducation physique et sportive, et l’enseignement moral et civique. Cet ordre baroque ne se justifie ni par l’ordre alphabétique, qui n’est pas respecté, ni par les volumes horaires – nous y reviendrons –, et n’est même pas conforme aux instructions officielles, puisque l’enseignement moral et civique est en fait inclus dans les heures enseignées par le professeur d’histoire-géographie. Au passage, on remarquera que les mathématiques et sciences expérimentales sont elles aussi reléguées à la fin de ces mêmes instructions. Pour le reste, l’histoire médiévale est l’objet de deux des trois thèmes traités durant l’année de 5e. Un premier thème intitulé « Chrétienté et Islam VIe-XIIIe siècles» aborde le haut Moyen Âge, même si l’on peut regretter que cela le soit sous un angle thématique réduit, aussi intéressant soit-il. En revanche, tout le deuxième thème, « XIe-XVe siècles », est consacré au Moyen Âge classique et au bas Moyen Âge. La thématique choisie – « Société, église et pouvoir politique dans l’Occident féodal » – est plus large bien qu’un peu curieuse, « féodal » semblant avoir été confondu ici avec « médiéval » par les concepteurs du programme : lapsus révélateur ? À l’école élémentaire, l’histoire médiévale est abordée avec l’histoire moderne dans le cadre d’un des trois thèmes étudiés en classe de CM1 – « Le temps des rois » –, le caractère transversal de ce thème se justifiant tout à fait compte-tenu du niveau concerné. Au lycée, en revanche, il est clair que l’enseignement des périodes précédant les temps contemporains devient totalement subsidiaire, le Moyen Âge n’étant pas mieux traité que les trois premières périodes historiques. En cela, les lycéens sont…

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Maitena Urbistondoy

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