Morale et pesanteur
Nous retrouvons la plume de notre collaborateur Karol Magne que nous n'avions pas lu depuis un bon moment. Derrière l'humeur, une analyse des travers de notre temps.
Il y a de ces principes inévitables qui s'imposent dans les rapports humains, qui sont comme participant de la substance même de la vie sociale et dont toute tentative pour s'y soustraire est vouée à un cinglant retour de manivelle. Comme celui qui voudrait ignorer la pesanteur, le réel aura tôt fait de se rappeler à lui. Mais depuis un certain Icare, le rêve fou de s'affranchir du réel titille certains, avec la vigueur d'un psoriasis intellectuel et qui, telle une grippe espagnole de l'âme, se répand dans les boîtes crâniennes de nos contemporains.
La morale, ce mot si vilain aux yeux du monde depuis qu'il est devenu impératif d'interdire d'interdire, selon les mots même du dodu rouquin germanisant des journées de mai 68, est devenue depuis le cauchemar récurrent de nos dirigeants. Organiser une société en refusant de donner des règles de conduite, sous le prétexte néo-rousseauiste qui prétend ressusciter le mythe du bon sauvage, mène doucement le pays vers la barbarie. Alors, puisque les braves gens et néanmoins électeurs donnent quelques signes d'impatience devant l'impéritie gouvernementale, et devant un verdict des urnes toujours incertain ( le bon peuple est d'humeur changeante ), l'on essaye d'implémenter une morale en toc, sobrement rebaptisée éthique, ce qui permet d'en faire un fourre-tout hétéroclite, et protéiforme, capable de sauver les apparences.
ait quelque chose au-dessus de leur ego, pathologiquement obèse. Que ce qui est bien l'est en soi et non par décret, fût-il citoyen et républicain. Que ce bien ou son absence : le mal, s'impose à chacun, qu'il ait ou non la carte du parti ou le tablier en peau de morue séchée des zinzins du compas et de la truelle. Mais à voir, leur rictus, lorsque...










