Changer les termes du débat

Publié le 07 Mai 2012
Changer les termes du débat L'Homme Nouveau

Toute la vie politique et sociale de notre pays ne s’est pas arrêtée hier soir avec le résultat de l’élection présidentielle qui a vu la victoire de François Hollande, candidat du Parti socialiste, sur Nicolas Sarkozy.

Une chose est certaine, la France est profondément malade, ravagée par le doute sur toute idée de communauté de destin, incapable d’envisager une politique fondée sur une véritable perspective du bien commun. L’heure n’est certainement pas au repliement des catholiques car c’est toute une société qu’il faut refaire depuis ses fondements. Plus que jamais, il faut changer les termes du débat pour que les catholiques ne soient plus enfermés dans des choix impossibles qui ne répondent aucunement à la totalité de leurs principes et à la hauteur des enjeux.

Ces derniers ne sont pas minces. Les projets, que l’on baptise pudiquement de « société », du nouveau Président entendent aggraver davantage encore la culture de mort si puissamment installée dans notre pays. C’est un sillon qui se creuse toujours plus. À l’heure actuelle aucune force politique n’entend réellement mettre un terme à cette logique de mort, une réalité qui montre, une fois de plus, que l’enfermement dans le système « droite-gauche », hérité de la Révolution française, ne correspond en rien aux exigences chrétiennes et est incapable de résoudre la situation, en restaurant la paix civique.

Sur le plan social et économique, la situation est exactement la même, les chrétiens n’étant pas appelés par vocation à n’être que les supplétifs du libéralisme économique ou de l’étatisme, avec un soupçon de spiritualisme et de bonne conscience. L’État-providence comme l’État de marché ont tous les deux échoué bien que tous les deux s’appuyaient également sur des aspirations légitimes, à savoir pour l’un, la solidarité qui offre un filet de sécurité face à la misère et, pour l’autre, sa capacité, à partir de l’exercice de la liberté, à produire de la richesse et de l’indépendance. Si le premier emprisonne le plus souvent autant qu’il aide en faisant tout dépendre du monopole étatique, le second, écrase et se transforme le plus souvent en un monopole privé, aux profits d’oligarchies financières.

Face à ces deux échecs et ces deux tentations, l’Église insiste à raison sur la subsidiarité et la solidarité, le Pape Benoît XVI soulignant avec force que l’un ne va pas sans l’autre. La première chose qu’il semble urgent d’effectuer est de changer les termes du débat à la lumière de cette insistance pontificale, en commençant par le changer dans nos propres esprits. Ce n’est pas seulement un futur Président qu’il faut envisager, un prochain Parlement qu’il faut espérer, même si à court terme ces perspectives ont leur importance. C’est plus profondément toute une société qui est à refaire, de bas en haut, en redonnant vie aux communautés naturelles et aux corps intermédiaires, à travers le dynamisme qu’offrent la subsidiarité et la solidarité, inclues dans une démocratie plus organique qu’idéologique. En somme, un État civique ! Et, pour cela, il faut très vite changer les termes du débat. 

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