Le Christ-Roi : pierre angulaire de la doctrine sociale de l’Église

Publié le 21 Nov 2024
Christ roi de l'univers christ-roi

© Jean-Luc du 54

> Lettre Reconstruire n° 41 | Éditorial

 

Le 11 décembre 1925, le pape Pie XI publiait Quas primas, une encyclique consacrée au Christ-Roi. Il y précisait la doctrine de l’Église à ce sujet et instituait une fête liturgique, fixée le dernier dimanche d’octobre. Importante liturgiquement, la royauté du Christ constitue aussi la pierre angulaire de l’enseignement social de l’Église.

Roi par sa double nature et par conquête

Le Christ est roi par sa nature divine mais aussi par sa nature humaine. Saint Thomas d’Aquin l’explicite quand il écrit : « Les autres hommes possèdent certaines grâces particulières, mais le Christ, tête de tous les hommes, a reçu en perfection toutes les grâces. C’est pourquoi, en ce qui regarde les autres hommes, l’un est législateur, l’autre prêtre, l’autre roi ; chez le Christ au contraire, tout cela se rejoint comme chez celui qui est la source de toutes grâces. » (Somme théologique, IIIa, q. 22, 1)

Enfin, le Christ n’est pas seulement roi par nature mais aussi par droit de conquête. Comme le souligne le Catéchisme de l’Église catholique, « le vrai sens de sa Royauté n’est manifesté que du haut de la croix » (n. 440).

Une royauté symbolique ?

Est-ce une royauté symbolique et une manière de parler ? La royauté du Christ n’est en aucune façon un langage adapté aux hommes d’une certaine époque. Elle ne souffre, en fait, aucune limite de temps ou de lieu. Elle « s’étend non seulement aux anges, mais au gouvernement de toute la création » précise saint Thomas à propos du pouvoir judiciaire. Le Christ-Roi détient effectivement les trois pouvoirs : judiciaires, législatif et exécutif. Royauté spirituelle, sa royauté est aussi d’ordre temporel.

Une royauté sociale

Pie XI le souligne clairement dans Quas primas :

« Les États, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l’ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l’ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles ; car sa dignité royale exige que l’État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l’établissement des lois, dans l’administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale de la jeunesse, qui doit respecter la saine doctrine et la pureté des mœurs. » (N. 21)

La royauté du Christ, jusque dans sa dimension sociale, est une donnée de foi. On peut juger pastoralement s’il est nécessaire d’en faire état en toute occasion et de quelle manière. Mais, en tout état de cause, il s’agit d’un point d’ordre dogmatique que non seulement on doit conserver, mais enseigner et faire connaître au titre du témoignage public de la vérité et de la finalité à atteindre politiquement.

D’une certaine manière, réaffirmer la doctrine du Christ-Roi, c’est aussi le premier jalon pour penser hors de la culture dominante.

 

Lettre Reconstruire n° 41 (novembre 2024)

Une Reconstruire n°41 2 christ-roi

 

>> à lire également : Le Christ est-il roi chez nous ?

 

Stéphen Vallet

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉditorialSpiritualité

Jerzy Popiełuszko, un prêtre pour la patrie

Édito du Père Danziec | Éveilleur de consciences, le père Jerzy Popiełuszko aura jeté à la face du communisme et l’intrépidité de sa jeunesse et son amour du Christ. Lors de ses funérailles, un immense panneau sera suspendu au-dessus de son cercueil portant l’inscription: « Bóg – Honor – Ojczyzna / Dieu – Honneur – Patrie ».

+

Popiełuszko
ÉditorialChrétiens dans le monde

Jerzy Popiełuszko (1/3) : Prêtre jusqu’à la croix

Dossier : « Martyre du père Popiełuszko : la force irrésistible de la vérité » | Jerzy Popieluzsko (1947-1984) est resté dans les mémoires à l’Ouest comme victime et martyr des dernières heures du communisme en Pologne. Simple prêtre, et malgré une santé fragile, il montra dès sa jeunesse et son service militaire un esprit de résistance aux persécutions du régime. Refusant de céder aux intimidations et poursuites, il persévéra dans la foi et le service de ses ouailles et compatriotes ce qui lui vaudra la haine finalement mortelle des communistes.

+

Popieluszko celebration Europeana 07 christ-roi
SociétéDoctrine socialeLettre Reconstruire

La Bibliothèque politique et sociale | À propos des quatre vertus cardinales

Lettre Reconstruire | La Bibliothèque politique et sociale | S’appuyant sur Aristote et saint Thomas d’Aquin, Marcel De Corte publiait dans les années 1970-1980, quatre petits livres consacrés chacun aux quatre vertus cardinales (justice, prudence, force et tempérance). Ces ouvrages, toujours disponibles chez leur éditeur DMM, constituent un condensé à la portée de tous.

+

vertus cardinales