Christianisme et esclavage (3/4) : Sainte Joséphine Bakhita, libérée pour aimer 

Publié le 09 Avr 2025
Joséphine Bakhita esclave esclavage

Sœur Joséphine Bakhita (v. 1869-1947). © CC BY-SA 4.0, Shresthadekar

> Dossier « Le christianisme face à l’esclavage »

Captive dans sa jeunesse, Bakhita découvre en Italie la vraie liberté : celle des enfants de Dieu. Entrée chez les Sœurs canossiennes, elle devient un témoignage vivant de la puissance du pardon. 

  On ignore le prénom que lui ont donné ses parents à sa naissance. Celle que nous connaissons sous le nom de Bakhita était née vers 1869 dans une famille animiste, près d’Olgassa au Soudan. À l’âge d’environ 7 ans, elle avait été enlevée par des trafiquants d’esclaves musulmans. Emmenée à plusieurs centaines de kilomètres de son village, elle fut vendue à plusieurs reprises sur les marchés d’esclaves d’El Obeid et de Khartoum. Elle subit pendant de nombreuses années mauvais traitements et travail forcé. Le traumatisme fut si grand qu’elle perdit la mémoire de beaucoup de choses. Elle oublia notamment son prénom de naissance. Un de ses propriétaires l’appellera Bakhita qui signifie, en arabe, « la fortunée ».

Une vie plus douce

En 1883 – elle avait 14 ans – elle fut rachetée par Callisto Legnani, le consul d’Italie à Khartoum. Elle connut des conditions de vie plus douces. Deux ans plus tard, des troubles politico-religieux obligèrent le consul à quitter le Soudan. Il accepta que Bakhita reste au service d’un couple d’Italiens, les Michieli, qui, eux aussi, avaient dû fuir le Soudan. Ils s’installèrent à Zianigo, près de Venise. Lorsque naquit leur fille, Alice, surnommée Mimmina, Bakhita fut chargée de son éducation. Par la suite, alors que les Michieli retournaient au Soudan pour ouvrir un hôtel, Bakhita et Mimmina furent confiées aux Sœurs canossiennes qui dirigeaient l’Institut des catéchumènes à Venise. Bakhita, à sa demande, put découvrir la foi chrétienne. Elle dira plus tard :

« Les Sœurs firent mon instruction avec beaucoup de patience, et me firent connaître ce Dieu que tout enfant je sentais dans mon cœur sans savoir qui il était. Voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même : qui donc est le Maître de ces belles choses ? Et j’éprouvais une grande envie de le voir, de le connaître et de lui rendre mes hommages. »  

Lorsque les époux Michieli revinrent en Italie pour ramener leur fille et Bakhita au Soudan, celle-ci refusa de partir car elle voulait terminer sa préparation au baptême. L’affaire fut portée en justice. Par décision du procureur du Roi, le 29 novembre…

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Yves Chiron

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