Congrès eucharistiques (4/4) : L’adoration missionnaire, « Qui regarde vers lui rayonnera »

Publié le 30 Déc 2023
adoration saint sacrement mission grand sacre

Francisco de Zurbaran

Parmi les fonctions de l’adoration eucharistique, il y a l’évangélisation. Sacrement unissant les fidèles, réparant les offenses à Dieu et permettant la participation à la vie trinitaire, l’eucharistie fait rayonner le Christ qui s’y livre et revêt une mystérieuse dimension missionnaire.

  Au tournant des XIIe et XIIIe siècles, en réponse à l’hérésie eucharistique de Bérenger de Tours, le magistère explicite la doctrine de la transsubstantiation et une nouvelle forme de piété apparaît : l’adoration eucharistique. Cette dévotion est souvent liée aux initiatives contemporaines d’évangélisation : tandis que certains « apôtres » arpentent les rues et abordent les passants, d’autres intercèdent devant le Saint Sacrement exposé. Pratique nouvelle ou traditionnelle ? En sondant la profondeur de l’enseignement de l’Église et de l’expérience de ses saints, nous montrerons que l’adoration du Seigneur est le cœur de toute initiative missionnaire.  

Les trois significations de l’adoration eucharistique 

Culte rendu à la présence du Seigneur sous les espèces consacrées lors du Saint Sacrifice, l’adoration est comme un prolongement de la messe, qui en découle et invite à une communion spirituelle. L’adoration du Saint Sacrement sous ses diverses formes, antique et vénérable dévotion du peuple chrétien, recouvre au moins trois significations.

  • Il s’agit d’abord, en union avec le Christ présent en sa sainte humanité, de s’insérer dans la vie d’amour de la Sainte Trinité.
  • Le culte de la sainte Eucharistie a aussi une dimension notoirement réparatrice.
  • Enfin l’adoration a une fonction profondément missionnaire.

Ces trois dimensions se retrouvent dans la dévotion des Quarante-Heures (favorisée à partir du XVIe siècle), le message du Sacré Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque (1673), ou encore l’idée fondatrice de saint Pierre-Julien Eymard et de la Congrégation du Saint-Sacrement (1856).  

Un sacrement aux dimensions de l’Église 

L’association de l’adoration eucharistique et de l’évangélisation n’est pas seulement affaire de circonstances. Les raisons théologiques en sont profondes et fondamentales, expliquant l’insistance de l’enseignement des papes. L’eucharistie est en effet non seulement le sacrement du corps physique de Notre-Seigneur, mais aussi de son corps mystique. Citant saint Paul, saint Thomas d’Aquin montre que les chrétiens qui prennent part au même pain sont unifiés par l’assimilation au corps du Christ (1). Reprenant saint Augustin, il enseigne que l’effet de grâce de la sainte communion est d’unir les chrétiens, comme sont unis les grains de blé ou de raisin qui constituent les espèces eucharistiques (2). Jean-Paul II pourra ainsi exalter l’«efficacité unificatrice» de la…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Abbé Paul Roy (FSSP)

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseLéon XIV

Léon XIV à Saint-Jean-de-Latran : les apôtres « ont cherché la communion avec l’Église mère »

Parole du Pape | Léon XIV a pris possession de la cathédrale Saint-Jean-de-Latran en tant qu’évêque de Rome le dimanche 25 mai. Il y a prononcé son homélie, commentant les Actes des apôtres et particulièrement les difficultés du concile de Jérusalem. L’occasion de rappeler de toujours chercher la communion avec l’Église mère et de la suivre avec humilité.

+

Latran pape léon XIV
À la uneÉgliseAnnée du Christ-Roi

Jean-Pierre Maugendre : Quas Primas, la guérison des sociétés à portée de main

Enquête Quas Primas 6 | Les principes de la postmodernité n'en finissent plus d'enfoncer le monde dans leurs néfastes aboutissements, les illusions sont tombées, les sociétés se cherchent toujours un sauveur. Que reste-t-il ? La Royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, répond Jean-Pierre Maugendre, écrivain, chroniqueur vigilant de la vie ecclésiale, et directeur de « Renaissance catholique ».

+

cuasi primas société royauté christ roi
CultureSpiritualité

Huitième centenaire du Cantique de Frère Soleil 

Instrumentalisé et détourné de son sens premier – un chant de louanges adressé à Dieu à travers sa Création – le cantique de saint François d’Assise réjouit le cœur des hommes et de Dieu depuis un siècle maintenant. Ce chant d’admiration tourné vers le Créateur, pour ce qu’il est lui-même et pour son œuvre, appelle à l’amour de l’Église et au service du prochain.

+

cantique de saint François
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Séquence Veni Sancte Spíritus (Pentecôte)

La séquence Veni Sancte Spiritus est l’œuvre d’Étienne Langton, archevêque de Cantorbéry, qui l’a composée vers l’an 1200. C’est une prière absolument merveilleuse et complète, qui chante, en 1er mode, dans un climat de paix et d'amour, l'événement intérieur de la Pentecôte, source vive et profonde destiné à jaillir à la surface de l'histoire en un élan missionnaire sans limites et sans frein.

+

veni sancte spiritus grégorien séquence
ÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (4/4) | La Tradition : un acte de foi

DOSSIER « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | À la tête de la formation de « Notre-Dame de Chrétienté », Isabelle Piot expose les principes qui guident la transmission de la foi au sein de l’association. Entre rigueur doctrinale, attachement liturgique et sens du discernement, elle rappelle que la fidélité à la Tradition n’est pas une affaire de goût mais un acte profondément enraciné dans la foi de l’Église. Entretien.

+

tradition Notre-Dame de Chrétienté