Par un clin d’œil de la divine Providence, les Journées Mondiales de la jeunesse et des personnes âgées coïncident cette année. Les deux ont d’ailleurs pour thème l’Évangile de la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth, dont le centre est la hâte et l’empressement de Marie, nés de sa charité à visiter sa cousine. Ceci amène le Pape à réfléchir dans son message du 31 mai sur les rapports entre jeunes et personnes âgées. Dieu veut ce lien entre les générations. L’homme n’est pas un automate. C’est un être social et même l’ermite a besoin de l’expérience de ceux qui ont vécu avant lui. Si le Pape insiste beaucoup sur le danger de la perte de la mémoire, ce n’est pas pour rien. En effet, la plus grande pandémie qui existe et qui tue, sinon physiquement du moins spirituellement et moralement, c’est la pandémie de la perte de la mémoire, voulue et orchestrée depuis des années par les forces occultes du mal et qui entraîne la perte du sens de Dieu sinon sa mort, la perte du sens du péché et la perte de toutes les traditions.
Évoquant l’Évangile de l’Annonciation, le Pape s’attarde sur la figure d’Élisabeth (et de Zacharie). Mais il donne aussi d’autres exemples bibliques, comme les figures d’Abraham et de Sarah, de Siméon et d’Anne, qui nous rappellent combien à tout âge le Seigneur demande à chacun la contribution de ses propres talents. Quand je pense aux grands-parents, je pense au proverbe africain : « Quand un vieux meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Les grands-parents sont en effet les garants de l’affection et de la tendresse que tout être humain a besoin de donner et de recevoir. Ils donnent aux plus jeunes la sens du temps, ils sont la mémoire et la richesse des familles. Qu’ils ne soient, sous aucun prétexte, exclus du cercle familial ! C’est ce que le Pape ne cesse de dire, et à bon droit, tandis que notre société cherche à les détruire. Ils sont un trésor que nous ne pouvons pas soustraire aux nouvelles générations, surtout quand ils donnent un témoignage de foi à l’approche de la mort.
Le pape lutte pour que les grands-parents soient à nouveau une présence vivante dans la famille, dans l’Église et dans la société. Il faut que, dans les familles, les grands-parents continuent à être des témoins d’unité, de valeurs fondées sur la fidélité à un unique amour qui engendre la foi et la joie de vivre. Ce que l’on appelle les nouveaux modèles de la famille et le relativisme envahissant affaiblissent grandement les valeurs fondamentales du noyau familial. Les maux de notre société ont besoin de remèdes urgents. Le rôle de la mémoire qui nous rappelle la loi naturelle et les saines traditions familiales transmises d’âge en âge y aidera. Face à la crise de la famille, ne pourrait-on pas justement repartir de la présence et du témoignage des grands-parents qui ont une plus grande solidité de valeurs ? On ne peut pas, en effet, imaginer un avenir sans s’inspirer d’un passé riche d’expériences significatives et de points de référence spirituels et moraux. En pensant aux grands-parents, à leur témoignage d’amour et de fidélité à la vie, nous vient à l’esprit l’image de la fontaine du village, si chère à Jean XXIII, à laquelle toutes les générations ont puisé. Aujourd’hui, malheureusement, ce n’est pas le cas et les grands-parents sont souvent considérés comme du matériel de déchetterie, alors qu’ils sont et doivent être la mémoire vivante des jeunes et des enfants qui ont besoin plus que jamais de leurs grands-parents, qui nous aideront à vivre le temps dans sa plénitude, parce que les réalités les plus grandes y compris la sainteté se réalisent « de générations en générations ».