On a oublié, semble-t-il, aujourd’hui le penseur catholique espagnol Juan Donoso Cortès (1809-1853) que firent connaître en France la plume si entraînante de Louis Veuillot et le journal L’Univers. Son Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme avait pourtant, en son temps, dépassé le cadre de son pays natal et reste une borne de la réflexion catholique à propos des grands courants idéologiques modernes. En introduction à un recueil de textes choisis, publiés en 2013 au Cerf, sous le titre Théologie de l’histoire et crise de civilisation, Arnaud Imatz faisait remarquer que l’on accolait des clichés sur un homme qui eut pourtant trois périodes dans sa vie. D’abord libéral, puis conservateur, il termina son existence comme traditionaliste.
Le petit opuscule que Louis Veuillot écrivit après la mort de son ami est aujourd’hui réédité et s’attache à montrer la foi profonde qui animait le penseur espagnol. C’est bien sûr une plongée dans une autre époque. Mais la foi de Donoso Cortès n’a pas d’âge ni de limite. Et la vérité sur les choses essentielles ne varie pas. Une phrase de l’écrivain espagnol, rapportée ici par Veuillot, le montre à elle seule : « Le dernier siècle a été le siècle des débauches ; nous sommes dans le siècle des avortements. »
Louis Veuillot, Donoso Cortès, Petrus, 106 p., 7 €.