Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, a accordé le 29 juin dernier l’imprimatur au catéchisme Les Trois Blancheurs. Il a fallu 6 ans aux deux prêtres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, auteurs des manuels, pour l’obtenir et il semble que cette décision n’ait pas fait l’unanimité. Nous avons contacté Mgr Aillet, les auteurs des manuels ainsi que la Commission Épiscopale pour la Catéchèse et le Catéchuménat afin d’en savoir un peu plus.
7 questions pour comprendre
Pourquoi le catéchisme Les Trois Blancheurs a-t-il mis tant de temps à obtenir l’imprimatur ?
Les abbés Garnier et Olivier, prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, avaient adressé en 2008 leur demande d’imprimatur directement à la Commission épiscopale pour le Catéchisme et le Catéchuménat (CECC), dirigée par Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes. Ils ont également frappé à la porte de nombreux évêchés, sans succès. Les manuels étaient déjà utilisés par de nombreuses familles et paroisses mais, sans le fameux sésame, ils avaient seulement le statut de « complément à la formation catéchétique et spirituelle » et non de catéchisme à proprement parler. Leur demande était restée sans réponse jusqu’à ce que Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, prenne lui-même en charge le dossier en 2013 et adresse les manuels à la CECC. La Commission lui a adressé en retour plusieurs demandes de corrections, transmises ensuite aux auteurs qui les ont intégrées dans la version finale avant qu’elle ne reçoive l’imprimatur.
Qu’est-ce que Les Trois Blancheurs ?
Les Trois Blancheurs est un catéchisme destiné aux enfants et aux adolescents. Il a été conçu et rédigé sous la direction de deux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, les abbés Alexis Garnier et Jacques Olivier. Ils exercent leur ministère, pour le premier dans le diocèse de Bayonne, pour le second dans le diocèse de Tarbes et Lourdes. Le titre Les Trois Blancheurs fait référence à un songe de saint Jean Bosco sur trois des spécificités de la foi catholique : l’Eucharistie, la Vierge Marie et le Saint-Père. La première version de cet ouvrage date de 1997 et vient de connaître sa troisième réédition. La première mouture ne concernait que les classes du CM1 à la sixième mais les auteurs ont complété le parcours au fil des années : ce catéchisme veut accompagner l’enfant dès qu’il sait lire et jusqu’à la fin de son parcours scolaire. Des petits feuillets du début, diffusés par correspondance, sont nés déjà six volumes illustrés en couleurs pour les classes du CP à la 6ème. Les niveaux suivants sont actuellement en préparation.
Quelle est la spécificité du catéchisme Les Trois Blancheurs ?
« La méthode de ce catéchisme est assez scolaire, c’est ce qui fait la différence avec la plupart des ouvrages proposés par ailleurs. C’est un catéchisme systématique, structuré en 30 leçons pour chaque niveau, qui correspondent aux 30 cours de l’année. Il comprend un petit texte à apprendre par cœur dès le CE1 et qui s’étoffe d’année en année, explique l’abbé Jacques Olivier. Cet aspect scolaire est nécessaire, il laisse cependant toute sa place à l’expérience spirituelle et au vécu de la foi. Les Trois Blancheurs donne le contenu de la foi, c’est ce qui fait son succès. Il permet aux enfants d’apprendre même si leurs parents ne connaissent rien de la foi catholique. »
Qu’est-ce que l’imprimatur ?
L’« imprimatur à usage catéchétique en France » est la validation, accordée par un évêque diocésain de la Conférence des évêques de France (CEF) aux documents de catéchisme conformes au magistère, et aux directives catéchétiques de la CEF. L’imprimatur permet de guider les familles et les paroisses dans le choix des supports utilisés pour la formation catéchétique. L’évêque diocésain l’accorde ou non de sa propre initiative aux documents qui lui sont soumis et cette « validation » est valable également hors de son diocèse.
Quel type d’erreurs la CECC a-t-elle pointé dans les manuels Les Trois Blancheurs ?
Les auteurs, contactés par la rédaction, sont restés très discrets sur les erreurs pointées par la CECC. Mgr d’Ornellas, président de la commission en question, n’a quant à lui pas voulu répondre à nos questions. Selon Mgr Aillet, l’essentiel des erreurs concernaient les manuels des niveaux supérieurs à la 6ème, qui sont encore en cours d’élaboration et auxquels l’évêque n’a donc pas accordé d’imprimatur.
Qu’est-ce que la Commission épiscopale pour le Catéchisme et le Catéchuménat ?
La CECC est l’une des commissions de la CEF, chargée d’accompagner les évêques en matière de catéchèse. Présidée par Mgr Pierre d’Ornellas, elle est composée de plusieurs membres permanents ainsi que de deux groupes d’experts chargés d’analyser les documents soumis à la CECC. Selon une source proche de la commission qui a désiré conserver l’anonymat, un premier groupe de deux experts est chargé de la critique « théologique » et vérifie la conformité des documents au magistère tandis qu’un second groupe de quatre experts, chargé de la critique « judaïque », vérifie qu’ils n’entrent pas en contradiction avec les Notes pour une correcte présentation des Juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Église catholique, publiées en 1985 par la Commission pour les relations religieuses avec le Judaïsme. La CECC ne peut invalider la décision d’un évêque d’accorder l’imprimatur, elle peut en revanche donner aux manuels catéchétiques son label « Faire vivre l’Église ».
Qu’est-ce que le label « Faire vivre l’Église » ?
Le label de la CECC ne supplante ni ne remplace l’imprimatur de l’évêque. La commission le définit comme « une marque de préconisation des documents reconnus valides pour les repérer facilement parmi tous les documents qui sont publiés aujourd’hui». Plus prosaïquement, ce label sert également à financer la catéchèse en France puisqu’il permet un accord financier entre la CECC et les maisons d’édition concernant les documents qui en bénéficient.
Le parcours catéchétique Les Trois Blancheurs a-t-il reçu le label « Faire vivre l’Église » ?
Les Trois Blancheurs n’ont pas obtenu le fameux label. Selon notre source, citée plus haut, les bruits de couloirs à la CECC étaient très défavorables à ces manuels. « Ce sont de très mauvais ouvrages », confie encore cette source, sans vouloir en dire plus.
Découvrez également notre entretien avec Mgr Marc Aillet dans L’Homme Nouveau n°1573.