L’exposition : Berthe Morisot et l’art du XVIIIe siècle

Publié le 09 Fév 2024
Berthe Morisot

Berthe MORISOT, La Fable (1883), Huile sur toile. Collection particulière © Christian Baraja SLB.

Le musée Marmottan propose une exposition intitulée « Berthe Morisot et l’art du XVIIIe siècle. Watteau, Boucher, Fragonard, Perronneau » jusqu’au 3 mars 2024. 

 

De jolis éventails du XVIIIe siècle en vitrine, qui encadrent le portrait d’une jeune femme assise s’éventant avec l’un d’eux (Au bal, Berthe Morisot [1841-1895]), accueillent le visiteur dans la nouvelle exposition du Musée Marmottan. Le ton est donné. Il s’agit de découvrir les influences de ce siècle passé sur cette femme peintre issue de la grande bourgeoisie.

Soixante-cinq œuvres provenant de musées français et étrangers ou de collections particulières témoignent des liens entre son travail et son admiration pour les peintres du siècle précédent. On remarque des tableaux d’Antoine Watteau (1684-1721), de François Boucher (1703-1770), de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) ou de Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783), mis en parallèle de dessins, croquis, pastels ou peintures de cette artiste.

La splendide Leçon de musique de Fragonard, tout en délicatesse lumineuse et dont Berthe a copié le profil de la pianiste, en est un exemple. Mais comme le souligne les critiques de son temps, elle n’est jamais servile et ne pastiche pas, trouvant sa manière à la facture très libre. En effet, lors du Vème Salon des impressionnistes en 1880, plusieurs articles citent son travail. « Cette légèreté fugitive, cette invention aimable, pétillante et frivole rappellent Fragonard », écrit Charles Ephrussi dans la Gazette des Beaux Arts de 1880. On apprend également que Berthe Morisot, contrairement à certaines légendes, n’est pas apparentée à ce grand peintre.

Par ailleurs, elle partage avec son époux, Eugène Manet (frère du peintre Édouard Manet), un goût affirmé pour les réalisations de François Boucher comme en attestent leurs écrits. Leurs regards ne s’arrêtent pas tant sur la sensualité débordante des œuvres de ce dernier que sur les superbes effets lumineux qui s’en dégagent. Ainsi la copie d’une partie des Forges de Vulcain ou Vulcain présentant à Vénus des armes pour Enée (1757), est à la fois fidèle au modèle dans son aspect vaporeux mais est aussi réalisée avec une touche impressionniste constituée de traits rapides se juxtaposant dans des tonalités bleus et roses pâles. 

Une vraie découverte !

 


Jusqu’au 3 mars 2024. Musée Marmottan
2, rue Louis-Boilly, 75016 Paris. Tél. : 01 44 96 50 33.
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. Fermé le lundi.

Réservation

 

>> à lire également : Nicaragua : la persécution de l’Église continue 

Céline Vicq

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCultureÉducation

John Senior (3/3) : Mount Wonder, un roman unique sur une aventure intellectuelle exceptionnelle

DOSSIER « Enquête sur le mystère John Senior » | Ancien élève de John Senior, Scott J. Bloch est aujourd’hui avocat mais aussi scénariste de documentaires. Il a également travaillé pour une agence fédérale américaine. Coéditeur d’un recueil des écrits d’Hilaire Belloc, il a consacré son premier roman, Mount Wonder, au programme de formation aux humanités (IHP) de John Senior, recréant cette aventure universitaire hors du commun. Non (encore) traduit en français, Mount Wounder allie les qualités d’un roman policier à celles d’une quête existentielle et religieuse. Entretien.

+

john senior
À la uneCultureÉducation

John Senior (2/3) : L’univers de John Senior en sept points 

DOSSIER « Enquête sur le mystère John Senior » | En 1991 paraît en France un livre au titre lumineux et programmatique : La Restauration de la culture chrétienne. L’auteur, John Senior, est américain et inconnu. Professeur de littérature, c’est aussi un converti qui a été avec deux autres confrères à la tête d’un programme à l’université du Kansas qui a conduit des centaines d’étudiants à devenir catholiques alors même que la religion n’y était jamais explicitement abordée. La parution en France de sa biographie par l’un de ses anciens étudiants devenu moine bénédictin offre l’occasion de revenir sur cet homme et de répondre à ces simples questions : qui était John Senior et quel est exactement son message aux hommes d’aujourd’hui ?

+

john senior
CultureÉducation

John Senior (1/3) : La restauration du réalisme

DOSSIER « Enquête sur le mystère John Senior » | Moine bénédictin de l'abbaye de Clear Creek aux États-Unis, dom Francis Bethel est l'auteur d'une biographie fouillée consacrée à John Senior et qui vient d'être publiée en français aux éditions DMM. Dans cet entretien exclusif, il souligne la fécondité intellectuelle, morale et spirituelle de ce professeur de littérature à l'origine de plus de 200 conversions.

+

john senior