Fêter la grâce de la sainteté

Publié le 08 Nov 2023
saint angélus grâce

"L'Église militante et l'Église triomphante", fresque d'Andrea da Firenze, v. 1365. Santa Maria Novella

Pour la fête de la Toussaint, le pape François s’est arrêté sur la notion de sainteté à l’occasion de l’Angélus du 1er novembre 2023.

Historiquement, la fête de la Toussaint a plusieurs lieux de naissance. En Orient, au IVe siècle, apparaît une fête de tous les martyrs, qui se célébrait à des dates variables, mais toujours proches de Pâques : le 13 mai à Édesse, le vendredi après Pâques en Syrie, le premier dimanche après la Pentecôte à Constantinople. Aujourd’hui encore, l’Église byzantine fête le dimanche de tous les saints une semaine après la Pentecôte, avec l’intention de présenter le rassemblement de toute l’Église comme le terme du mystère pascal. Dans l’Église latine, ce jour-là est la fête de la Sainte Trinité.

La fête de la Toussaint est attestée à Rome au début du VIIe siècle, en relation avec la dédicace de l’église Sainte-Marie-aux-Martyrs qui s’est substituée au Panthéon. En raison des invasions barbares, qui violaient les tombes des martyrs aux alentours de la Ville, le pape Boniface IV fit rapporter et rassembler toutes les reliques des martyrs dans cette église, dont la dédicace eut lieu le 13 mai 609, donc à la date où la fête était déjà célébrée à Édesse.

Dans les vieux missels, on trouvait, en date du 13 mai, une fête en l’honneur des reliques de tous les martyrs. Il est donc indiscutable que cette fête a pour origine le culte des martyrs, qui avaient si bien mis en pratique les Béatitudes, chartes de la Nouvelle Alliance. C’est pourquoi, on a toujours lu cet épisode évangélique en cette fête.

Pour réparer une ancienne festivité païenne, les Églises de Gaule célébraient le 1er novembre une fête, non plus de tous les martyrs, mais de tous les saints. Au Xe siècle, sous l’influence de ces Églises, Rome adopta à la fois la date du 1er novembre et l’idée de fêter ensemble tous les saints, et pas seulement les martyrs, même si ceux-ci conservaient une sorte de préséance. La Toussaint est donc la fête de tous ceux dont la grâce du Christ a fait des saints, tous ceux qui à une époque ou à une autre, en remplissant une fonction ou une autre, ont contribué à la construction de l’Église.

Le but de la fête n’est pas d’octroyer un accessit aux saints innombrables qui n’ont pas trouvé une place dans le calendrier, mais de célébrer de façon collective et ecclésiale tous les saints de Dieu qui, chacun selon son charisme, constituent le corps du Christ en l’Église triomphante et demeurent des artisans de la croissance de l’Église en pèlerinage ici bas dans cette vallée de larmes. Cette interprétation de la fête est confirmée par le fait que les textes liturgiques évoquent les patriarches, les prophètes, les apôtres, les martyrs, avant de mentionner la foule immense et anonyme des élus.

Dans son allocution, le Pape réfléchit sur la sainteté comme don reçu au baptême. Il est certain qu’au baptême, nous avons tous reçu la grâce de devenir des saints. Les petits enfants morts peu de temps après leur baptême vont directement au Ciel. Mais cette grâce, nous devons la faire fructifier chaque jour. C’est cette grâce du baptême qui fonde l’appel universel à la sainteté, le grand enseignement du Concile. C’est elle qui a permis à une foule innombrable de devenir « les saints de la porte d’à côté ». Cet enseignement était le fondement de la spiritualité de dom Delatte.

D’autre part, la sainteté est un cadeau offert gratuitement pour nous rendre heureux, ce que recherchent tous les hommes. Et le don de la sainteté nous rend heureux, parce qu’il est un don de l’Amour miséricordieux de Dieu. Mais ce don doit être accepté, car il comporte toujours la responsabilité d’une réponse qui commence par l’action de grâces. On ne peut devenir saint, si l’on ne sait pas dire merci. Que Marie, Reine de tous les saints, nous fasse sentir la joie du don reçu, en augmentant en nous le désir du Ciel et de la béatitude éternelle !

 

>> à lire également : Le Trésor de la Sainte Messe : Une publication hautement opportune

Un moine de Triors

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