Le 27 mai dernier, l’Assemblée nationale a franchi un cap inédit en adoptant en première lecture la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Derrière le vernis d’un prétendu « droit à l’aide à mourir », ce texte consacre un basculement anthropologique majeur, où le soin cède la place à la mort médicalement provoquée.
Le 27 mai dernier, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture la proposition de loi instaurant un « droit à l’aide active à mourir ». Derrière celui-ci se cache une double réalité : la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Sur 561 votants, 305 députés ont voté pour, 199 contre et 57 se sont abstenus. Chez Les Républicains, 34 des 49 votants se sont opposés. Le Pr Philippe Juvin, médecin urgentiste, a été l’un des plus actifs dans l’hémicycle : « Légaliser l’euthanasie dans un pays qui n’a pas généralisé les soins palliatifs est irresponsable », a-t-il alerté. Pour lui, cette loi consacre une logique de facilité, au détriment du soin.
Des retournements
Du côté du Rassemblement national, la ligne est restée majoritairement hostile (101 contre, 19 pour). Christophe Bentz a dénoncé un texte qui « efface la fragilité humaine plutôt que de la protéger ». Des élus centristes ont changé d’avis : Maud Gatel (MoDem) s’est rétractée après avoir écouté médecins et bénévoles. Le député Cyrille Isaac-Sibille (MoDem) a dénoncé un texte « trop individualiste, hédoniste et utilitariste ». À gauche, quelques voix discordantes se sont fait entendre : Dominique Potier (PS) et Stéphane Peu (PCF) ont mis en garde contre une loi qui frappera les plus pauvres. Une députée insoumise, Sophia Chikirou, a exprimé son « doute moral » sur les conséquences anthropologiques d’un tel texte. Près de 2 600 amendements ont été débattus en huit jours et reposent sur une formulation floue et lourde de conséquences : autoriser « une personne qui en a exprimé la demande à recourir à une substance létale ». La méthode privilégiée sera l’auto-administration, c’est-à-dire le suicide assisté ; l’euthanasie par un professionnel de santé n’intervenant que si la personne est physiquement incapable d’agir seule. Cinq critères doivent être remplis pour y avoir accès mais la notion de « phase avancée » reste médicalement floue : selon la Haute Autorité de Santé, elle correspond à « un processus irréversible marqué par une dégradation de l’état de…