Fin de vie, la prudence est de mise

Publié le 05 Juil 2013
Fin de vie, la prudence est de mise L'Homme Nouveau

Interrogé sur la fin de vie par François Hollande, le Comité National Consultatif d’Éthique (CCNE) a rendu le 1er juillet dernier un avis défavorable à l’euthanasie comme au suicide assisté. Il a d’autre part appelé au développement des soins palliatifs et du système des directives anticipées.

Se profile déjà un front d’opposition à la légalisation de la piqûre létale si François Hollande accélérait la mise en œuvre de l’engagement 21 de sa campagne présidentielle qui promettait l’euthanasie. Le Président n’aura-t-il à son actif que le vote et la promulgation de la loi Taubira ?

L’avis du CCNE, dans la ligne de la loi Leonetti, seule de la Vè République à avoir été votée à l’unanimité, est une heureuse nouvelle mais qui ne résout pas le problème de la fin de vie en France et ne fera pas non plus taire les militants pro-euthanasie. De fait, François Hollande a annoncé d’ores et déjà la tenue d’états généraux de la fin de vie à l’automne prochain. Le débat sera-t-il honnête ou les questions biaisées comme celles des sondages selon lesquels 90 % des Français seraient favorables à l’euthanasie ? Faudra-t-il trancher sur le droit pour le médecin de donner la mort et le droit au malade de se suicider ? Ou demandera-t-on aux Français s’ils souhaitent une fin de vie digne et sans souffrance ? Car c’est tout l’art des militants pro-euthanasie de maquiller leurs intentions en des termes que nul ne voudrait contester. La partie, donc, est loin d’être gagnée.

En attendant, la frontière demeure floue entre faire mourir et laisser mourir, entre administrer un sédatif pour soulager la douleur ou administrer le même sédatif pour accélérer la mort. Le problème reste entier aussi quant à la possibilité accordée par la loi Leonetti de cesser l’alimentation et l’hydratation, considérées alors comme des traitements plutôt que des soins dus à toute personne malade.

Les voix de certaines personnalités et associations se sont levées suite à la publication de l’avis du CCNE pour recommander la prudence. L’instance en question n’a pas un avis aussi clair qu’il le faudrait sur l’euthanasie puisqu’elle évoque, dans son avis du 1er juillet, la nécessité de trouver une troisième voie pour les cas limites, qui puisse sortir les médecins de la clandestinité. Si euthanasier les cas limites est permis, la porte est grande ouverte à la piqûre généralisée… Quel malade à l’agonie et désireux d’abréger ses souffrances voudrait se considérer comme pas assez « limite » pour avoir droit à l’injection létale ?

Alliance Vita, mobilisée depuis le début sur ce débat, estime que le seul interdit de l’euthanasie ou du suicide assisté ne suffit pas. Elle demande ainsi « la mise en place d’une politique spécifique de prévention du suicide des personnes âgées et malades car notre société doit avoir à cœur de protéger spécialement de cet acte les personnes fragiles et dépendantes ». Si les demandes de suicide médicalement assistées se multiplient, c’est parce que les conditions de la fin de vie en France sont mauvaises. Aussi faut-il désormais prendre le problème à sa source. Piquer les malades par dizaine ne leur rendra pas leur dignité.

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

L’action politique (4/5) | Les devoirs de justice générale en situation d’illégitimité du pouvoir

DOSSIER « Réflexions sur l’action politique » | La cité colonisée par les intérêts particuliers, le bien commun oublié, le mal-être et les difficultés partout : que faire ? La claire vision de la situation et la morale de l’action imposent d’agir et, dans la lignée d’Aristote et de saint Thomas d’Aquin, deux ouvrages contemporains proposent des moyens immédiats pour chacun de faire sa part dans la restauration de l’ordre.

+

action politique
SociétéÉducation

Les écoles hors contrat en plein essor malgré les contraintes

Portées par des parents, des réseaux confessionnels ou sociaux et désormais des acteurs privés, les écoles hors contrat connaissent une croissance régulière. Professionnalisation, diversification des profils et motivations contrastées des familles dessinent les contours d’un secteur de plus en plus structuré. Entretien avec Augustin Yvan, responsable du développement à la Fondation pour l’école.

+

école hors contrat