À Fréjus-Toulon, la suspension des ordinations de la Castille est désormais levée 

Publié le 12 Déc 2023
fréjus-toulon mgr_touvet_et_mgr_rey
La messe d’installation de Mgr Touvet à la cathédrale de Toulon a eu lieu le 10 décembre. L’ancien évêque de Châlons devient donc coadjuteur de Mgr Rey pour le diocèse de Fréjus-Toulon.   

   

Nommé coadjuteur du diocèse de Fréjus-Toulon le 21 novembre dernier, Mgr François Touvet a été installé à Toulon ce dimanche 10 décembre, lors d’une messe présidée par le Cardinal Aveline, Archevêque de Marseille, en présence de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon et du nonce apostolique Mgr Migliore. La nomination de Mgr Touvet intervient à la suite d’une visite apostolique dans le diocèse et de la suspension depuis plus d’un an, des ordinations presbytérales et diaconales. 

 

La reprise des ordinations de la Castille 

À la fin de la messe, lors de son allocution, Mgr Touvet a enfin pu apporter une réponse à la question qui brûlait les lèvres de tous les fidèles et surtout des séminaristes depuis plus d’un an, à savoir quid des ordinations. Après la suspension inattendue des ordinations du séminaires de la Castille par décret le 28 avril 2022, le Pape avait mandaté Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon pour la visite apostolique, laissant les fidèles et le clergé désemparés.  

En annonçant lever la suspension des ordinations, Mgr Touvet a pu rassurer l’assemblée. Le communiqué qui a suivi déclare que « Mgr Touvet procèdera prochainement à l’appel de plusieurs candidats aux ordres sacrés du presbytérat et du diaconat », pour une première série d’ordinations à la Cathédrale le 21 janvier 2024. Une deuxième série se fera le 29 juin au séminaire de la Castille. Le décret de suspension est donc levé.

On peut légitimement se demander ce qui a donc changé entre 2022 et aujourd’hui, pour pouvoir lever ainsi la suspension, le coadjuteur tout juste installé. Reste à savoir si tous les séminaristes et diacres de toutes les communautés seront effectivement appelés.
 

Un nouveau duo à la tête du diocèse 

La cathédrale Notre-Dame-de-la-Seds accueillait des milliers de fidèles venus de tout le diocèse, ainsi que 150 prêtres, 10 diacres et 30 séminaristes. La célébration a commencé par une procession du clergé du diocèse dans les rues aux alentours de la Cathédrale.

Mgr Rey a ensuite accueilli son confrère par un discours qui se voulait bienveillant, rappelant néanmoins qu’il s’agira pour Mgr Touvet de « faire grandir, déployer, étayer, ajuster, assainir » le diocèse qu’il gère lui-même depuis plus de 20 ans, le tout grâce à une « écoute mutuelle » des deux évêques. C’était ensuite au tour de Mgr Touvet de présenter officiellement à Mgr Rey la Bulle apostolique de sa nomination.   

L’Archevêque métropolitain de Marseille a profité de l’homélie pour dresser un portrait mélioratif de Mgr Touvet, et de vanter sa détermination, son humble dévouement et sa droiture, exprimant aussi par là sa fermeté dans l’action.

Il s’est ensuite penché sur l’audace, quitte à « essayer de nouvelles voies pas encore balisées », et la « candeur bienveillante » de Mgr Rey, qu’il connait depuis bien plus longtemps, puisqu’ils ont étudié ensemble. Il a aussi rappelé sa devise, Mitis et humilis corde (« Jésus doux et humble de cœur »), qu’il met en pratique par son zèle missionnaire depuis son ordination épiscopale par Jean-Paul II en 2000.  

Les charges spécifiques de Mgr Touvet confiée par le pape François, à savoir « gestion du clergé, administration, formation des séminaristes et des prêtres, accompagnement des communautés », semblent laisser peu de place à Mgr Rey dans la gestion de son diocèse.  

 

Un évêque coadjuteur qui se veut confiant  

À la fin de la messe, le nouveau coadjuteur de Fréjus-Toulon a prononcé quelques mots, notamment à destination du clergé. Mgr Touvet a tenu à féliciter les séminaristes n’ayant pas pu être ordonnés depuis 2022, d’être restés « courageux et dignes, loyaux et obéissants », et avoir ainsi témoigné d’un « message d’Espérance » dans le diocèse et dans l’Église.

Impressionné par le nombre de prêtres incardinés ou issus de communautés implantées – preuves s’il en fallait que les vocations y sont nombreuses et portées jusqu’au sacerdoce – il a aussi tenu à rassurer les communautés présentes dans le diocèse, actuellement une cinquantaine. Il assure n’être pas venu les dissoudre, comme il a dû le faire lorsqu’il a été nommé administrateur apostolique du Verbe de Vie, mais bien les accompagner, quitte à les « ajuster ».

Il rappelait par ailleurs dans un entretien vidéo publié par le diocèse qu’il avait décidé de changer de devise après sa nomination à Toulon. Désormais, « amour et vérités » (Misericordia et veritas, Ps 84) le guideront dans sa mission diocésaine. Il tient à remplir cette dernière en prenant des décisions justes et fermes, en appliquant bien sûr les « rigueurs de l’administration », dont, rappelons-le, l’absence avaient justement été officiellement reprochée à Mgr Rey.  

Espérons donc que cette nouvelle administration bicéphale n’entrave pas un diocèse jusque-là dynamique et missionnaire. 

 

>> à lire également : De l’Avent à Noël (1/4) : Les lieux de la Nativité, de Jérusalem à Bethléem 

Mayeulle de Kerran 

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (3/3)

3 - La démarche synodale comme processus du changement. | C’est bien toute la démarche synodale sur la synodalité qui, par son processus lui-même, est une machine à mettre en œuvre une Église plastique, compatible avec la modernité, c’est-à-dire sans contenu. Et cette démarche synodale trouve sa source, puise son inspiration et sa légitimité dans le concile Vatican II. Quelle lecture faire du Maître de la terre ? Ratzigérienne, bergoglienne ? Au lecteur de se faire une opinion, mais il faut lire Benson. 

+

synode évangélisation église
A la uneEgliseTribune libre

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (2/3)

Une volonté farouche de changer de paradigme (2/3) | Tout d’abord, et en amont de l’élection, la volonté farouche de changement de ceux qui ont préparé le règne. En 2007 paraissait un livre très éclairant et remarquablement conçu dans la plus pure tradition de la manipulation de l’opinion. La thèse de ce livre-programme qui devait se révéler prophétique peut se résumer ainsi : l’Église, depuis Constantin et avec pertinacité, s’est éloignée du message évangélique. Ce phénomène s’accentue à partir de la Renaissance quand l’Église s’entête de plus en plus en s’opposant à la modernité. Constatant au XXe siècle que des génocides ont été perpétrés dans des pays chrétiens (Allemagne, Rwanda), il faut en tirer la conclusion que cette manière ancienne d’être chrétien était fausse et qu’il faut refuser les préoccupations dérisoires que sont la connaissance de la foi, le nombre d’entrées au séminaire ou de sacrements célébrés, car tout cela détourne de l’essentiel qui consiste à apporter davantage d’humanité.

+

pape François synode
A la uneEgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (1/3)

Nous nous interrogions en 2019 (1) sur le regard porté par Benoît XVI et François sur ce roman d’anticipation de tout premier rang qu’est Le Maître de la Terre de Benson. Plus personne (plus personne de sain d’esprit en tous cas) ne prétend à présent à la continuité entre les deux pontificats. Leurs ambitions, leurs idées, leurs spiritualités, leurs tempéraments que tout oppose trouveraient dans ce livre un point commun ? Non, décidément nous ne parvenons pas à comprendre. Si les deux pontifes ont recommandé ce livre puissant, les motifs en sont forcément différents. 

+

François maitre de la terre Benson
A la uneEgliseMagistère

La loi naturelle, une herméneutique à contextualiser ?

L'Essentiel de Thibaud Collin | Le récent ouvrage de Mgr Livio Melina, Le discernement dans la vie conjugale, définit la loi morale comme une lumière sur le vrai bien, contre un paradigme, défendu par Karl Rahner et la cardinal Kasper, qui, sous couleur de pastorale et en tordant la notion de discernement, la présente comme inapplicable.

+

LOI NATURELLE Livio Melina