Gilson, un philosophe dans la cité

Publié le 03 Déc 2023
Gilson philosophe dans la cité
Lettre n°30 de Reconstruire (novembre 2023) — « Nous avons lu »

  Né en 1884, décédé en 1978, Étienne Gilson a laissé derrière lui une œuvre immense de philosophie et d’histoire de la philosophie. Il a contribué, en France et au-delà, à la redécouverte de saint Thomas d’Aquin. Professeur au Collège de France, membre de l’Académie française, il a enseigné en France comme au Canada dans les plus grandes universités.  

Un philosophe engagé

Étrangement, son nom même est généralement oublié aujourd’hui, même dans les ouvrages consacrés aux intellectuels français du XXe siècle, comme le signale Florian Michel dans l’introduction au volume II des œuvres complètes du philosophe. Une absence d’autant plus étrange que Gilson fut un philosophe engagé, écrivant par exemple après la Seconde Guerre mondiale dans le quotidien Le Monde, qui n’était pas (et qui n’est toujours pas) la tribune des réprouvés ou des adversaires du régime. Il y a donc un paradoxe Gilson. D’une certaine manière, ce tome II permet peut-être de mieux le saisir. Il rassemble en effet à côté d’ouvrages importants (Le philosophe et la théologie ; La société de masse et sa culture ; Les tribulations de Sophie) des textes de revues et de conférences ainsi que les articles rédigés pour la presse nationale, dont une centaine pour Le Monde. Il est extrêmement difficile de donner une idée de la richesse de ce volume, même si notre préférence va aux livres reproduits, notamment à La société de masse et sa culture, d’une actualité toujours frappante, bien que sa parution date de 1967. Mais au total, ce tome II propose 210 textes dont un grand nombre aborde des sujets d’actualité au moment où ils furent écrits et qui témoignent pour l’histoire. Le paradoxe de Gilson est donc d’avoir été en même temps un savant et un homme engagé. Un savant qui semblait perdu dans le XIIIe siècle, et plus exactement dans la philosophie de ce temps ; et un homme engagé, mêlé entièrement au combat de son…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

La Rédaction de Reconstruire

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCultureLectures

Europe civilisationnelle : l’hespérialisme est-il réaliste ?

Présentant une alternative à l’Union européenne éradicatrice des identités et à un chauvinisme réputé dépassé, un jeune historien belge, David Engels, propose un essai stimulant* mais probablement naïf en plusieurs domaines. En particulier sur la capacité d’adaptation de l’islam, les différences fondamentales entre Européens et la probabilité d’une réforme générale du continent.

+

europe
À la uneChroniquesLectures

Autobiographie du pape François : une attente déçue

L'Essentiel de Thibaud Collin | Publiée dans plus de cent pays, l’autobiographie du pontife se révèle assez décevante, malgré son titre, Espère, quand à sa vie même. On y retrouve cependant ses thèmes de prédilection, ses contradictions ainsi que ses jugements peu nuancés sur certains sujets, en particulier celui de la liturgie traditionnelle.

+

pape neuvaine autobiographie
ChroniquesAnnée du Christ-RoiDoctrine sociale

Abbé Barthe : Comment s’est évanoui l’enseignement sur la royauté sociale du Christ 

Enquête Quas Primas | Dans le cadre de l'année du Christ-Roi, nous continuons notre enquête. L'enseignement sur la royauté sociale du Christ, qui consistait à armer les catholiques contre la laïcité, à rappeler que les gouvernants légitimes sont des représentants du Christ-Roi et qu'ils lui doivent un culte public, était trop antimoderne pour être pleinement reçu en son temps en France.

+

royauté sociale du christ