Il y a quatre cents ans, le 28 décembre 1622, François de Sales quittait ce monde pour découvrir la suavité des jardins célestes. Ses prédications, ses lettres et ses ouvrages lui conféraient un rayonnement spirituel si grand que son procès en béatification fut ouvert dès 1627. Jeanne de Chantal y apporta une contribution précieuse, par ses prières et par son témoignage. Lorsque François de Sales fut canonisé en 1665, l’Introduction à la vie dévote avait déjà été traduite en dix-sept langues. En 1877, Pie IX le déclarait Docteur de l’Église.
Tourmenté par une crise de désespoir alors qu’il avait 20 ans, François de Sales « trouva la paix dans la réalité radicale et libératrice de l’amour de Dieu : l’aimer sans rien attendre en retour et placer sa confiance dans l’amour divin », devait commenter Benoît XVI. Il découvrit alors un trésor qu’il s’employa à faire partager à tous, y employant sa remarquable connaissance du cœur humain, guidant les âmes qui se confièrent à lui avec une douce fermeté. Ce faisant, François de Sales joua un rôle essentiel dans le renouveau spirituel que connut la France au XVIIe siècle.
Saint François de Sales appelle chacun à la sainteté, là où il se trouve, dans l’accomplissement de son devoir d’état, l’invitant à cultiver l’amour de Dieu, à aimer son prochain, à pratiquer la charité concrète, à effectuer ses tâches quotidiennes pour l’amour de Dieu : « C’est une erreur, ains une hérésie, de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés ». Aux âmes qui veulent tendre vers la perfection de la vie dévote, il recommande « deux grands moyens de s’unir de plus en plus à sa divine Majesté : l’usage des sacrements par lesquels ce bon Dieu vient à nous, et la sainte oraison par laquelle il nous tire à soi ». Et de montrer la véritable liberté qui découle de l’amour : « Tout par amour, rien par force ».
« Saint François de Sales est un témoin exemplaire de l’humanisme chrétien […] il rappelle que l’homme porte inscrite en lui la nostalgie de Dieu et que ce n’est qu’en lui que se trouvent la vraie joie et sa réalisation la plus totale », concluait Benoît XVI lors de l’audience du 2 mars 2011.
L’enseignement du Docteur de l’Amour fut d’une remarquable fécondité, nourrissant bien des âmes, à commencer par celle de sainte Jeanne de Chantal. Au XIXe siècle, saint Jean Bosco et l’abbé Louis Brisson, fondateur des oblats de Saint-François de Sales, placèrent leur apostolat sous son patronage. De son côté, l’abbé Henri Chaumont créa, dans les années 1870, plusieurs associations de spiritualité salésienne déclinées selon les différents états de vie afin de porter l’Évangile à ceux qui ne l’avaient pas entendu, ou à ceux qui l’avaient rejeté.
« Le XVIIe siècle français doit beaucoup à ses saints, à leur charité, à leurs œuvres innombrables, mais aussi à leur action civilisatrice », soulignait Jean de Viguerie. L’esprit salésien est le remède à la crise contemporaine.