Domine, salva nos, perimus ! « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ». Qui ne se souvient de ce passage fort des Évangiles dans lequel les apôtres embarqués avec le Christ se tournent vers lui alors qu’il dort et que la tempête les menace ?
Depuis les origines, la Tradition chrétienne a vu dans la barque emportée par les flots à la fois l’Église et l’âme de chaque chrétien. Dans les deux cas, la leçon est la même : nous devons dans un esprit de foi recourir au Christ, notre sauveur. La foi est justement au cœur de ce passage, le Christ reprochant aux apôtres leur manque en la matière. Dans Les Évangiles de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dom Delatte commente :
« ils ont un peu de foi, puisqu’ils s’adressent à lui ; ils manquent de foi, puisqu’ils se troublent, s’épouvantent et croient que leur Maître se désintéresse. »
N’est-ce pas souvent notre cas dans les périodes troublées, que celles-ci touchent l’Église dans son ensemble ou l’âme de chacun, à un moment donné de son existence ?
S’arrimer à la foi
Il est certes difficile de nier que nous traversons aujourd’hui une époque particulièrement difficile dans laquelle tout semble remis en question et où les certitudes de bon sens comme les données les plus certaines de l’enseignement de l’Église sont bousculées, parfois même par ceux qui devraient les défendre et les transmettre.
En suivant la doctrine de l’Évangile, c’est pourtant bien en ces moments-là qu’il faut plus que jamais s’arrimer à la foi afin de chasser la tentation du trouble.
Étrangement, celui-ci prend souvent aujourd’hui les contours de la nostalgie ou de l’évocation d’un passé censément meilleur. Loin de nous l’idée de nier au passé tout intérêt, à condition toutefois d’en tirer des leçons et non de s’y complaire, paralysant ainsi toute action dans le présent.
D’autant que le sujet important n’est pas d’abord l’envie d’un passé révolu ou la nostalgie d’une époque meilleure mais bien celui de la foi. Celle-ci, dit encore dom Delatte,
« n’est pas un système philosophique, une tentative d’explication des choses : on a dit, et quelque fois dans un sens très inexact et qui prétendait éliminer la doctrine : la foi c’est une vie. Oui, c’est réellement une vie, mais transformée par le ferment de la doctrine, pénétrée par cet élément actif et assimilateur. La vie chrétienne ne saurait se constituer en dehors de la théologie ; son progrès est en proportion de l’œuvre de notre intelligence surnaturelle. »
Les événements nous sont contraires ? Dans un certain sens peut-être, bien que la souffrance ait aussi une valeur éducative et rédemptrice. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas le Christ qui manque à notre situation historique, c’est nous qui manquons au Christ alors même qu’il nous a légué tout ce qu’il fallait pour traverser l’époque dans laquelle il nous a appelés à vivre.
Parce que nous avons la foi : duc in altum !
Depuis le début des années 2000, L’Homme Nouveau s’inspire de cette belle parole du Christ à saint Pierre : Duc in altum, « avance au large ». Le Christ, qui semblait dormir dans l’épisode de la barque confrontée à la tempête, ordonne maintenant de ne pas s’en tenir à une situation d’attente.
Il s’agit de le faire connaître, de participer à la transmission de son enseignement, de maintenir au cœur même du temporel les exigences chrétiennes afin de permettre une vie normale ordonnée au bien commun et à la véritable finalité de l’homme.
Cette mission dépasse assurément nos forces, et pourtant, là où nous sommes, nous entendons bien continuer à la mener.
Non pas seuls, mais en nous appuyant sur l’enseignement de l’Église et l’exemple des saints et des martyrs.
Non pas seuls, mais avec ceux qui nous font confiance et qui participent avec nous à l’aventure de L’Homme Nouveau, une aventure de plus de 75 ans, toujours traversée par la même exigence dans des modalités pratiques adaptées à chaque époque.
La jeunesse de la foi
C’est ainsi, par exemple, que nous venons de renouveler notre site Internet afin de proposer de nouvelles offres et de toucher un public plus jeune. C’est ainsi encore que nous avons renouvelé notre équipe de permanents, d’une moyenne d’âge aujourd’hui d’une trentaine d’années.
Et c’est ainsi enfin que nous sommes heureux d’accueillir comme éditorialiste un jeune prêtre, en apostolat dans un diocèse français, le père Danziec, déjà bien connu d’une partie de nos lecteurs.
Déjà chroniqueur religieux à Valeurs Actuelles et au Club des Hommes en noir, animateur également d’une équipe de prêtres qui concourent au site de L’Homme Nouveau, il apportera outre sa jeunesse le regard d’un pasteur confronté à la réalité ecclésiale d’aujourd’hui tout en étant enraciné dans la belle et grande Tradition de l’Église. Plus que jamais, donc : Duc in altum !