Les effets peu évidents du combat de la « Marche pour la Vie » condamnent-ils cette forme de résistance à l’avortement ? Jean-Pierre Maugendre, vice-président de la manifestation, analyse les raisons de cette inefficacité apparente et rappelle les trois piliers de l’action de l’association : témoigner, transmettre, réparer.
Depuis 1975 et la loi Veil dépénalisant l’avortement, les défenseurs de la vie humaine innocente sont allés de déroutes en débâcles, le point d’orgue étant constitué par la constitutionnalisation de l’avortement dans un vote quasiment plébiscitaire du Congrès (780 voix pour, 72 contre) le 4 mars dernier. De nouveaux développements suivront inéluctablement : remise en cause de la clause de conscience des médecins, allongement du délai légal d’avortement jusqu’à la naissance, etc. Tout cela est écrit, nonobstant les déclarations rassurantes qui n’engagent que ceux qui veulent bien y croire, les principes déployant inéluctablement leurs conséquences ultimes.
Quels moyens ?
Il n’est donc pas illégitime, au vu de cette situation, de s’interroger sur la pertinence des moyens employés par les uns et les autres pour résister à la « culture de mort » dénoncée par le pape Jean-Paul II. Le bimensuel L’Homme nouveau (n° 1803) apporte sa pierre à l’édifice dans un article signé Thomas Lassernat, sous le titre « “Les Survivants” lutter sans renforcer le système ? » Au-delà de la mise en question des méthodes d’action des « Survivants » qui visent à « réveiller les consciences » par des actions très médiatisées, l’auteur se livre à des réflexions plus larges à propos du combat pour la Vie en général et de la « Marche pour la Vie » en particulier.
Le constat de fond de Thomas Lassernat a le mérite de la clarté et rallierait sans doute l’acquiescement de nombreuses personnes : « La cause première de l’IVG c’est le Système lui-même. Un Système oligarchique et mondialiste coercitif, basé sur une échelle de valeurs autoproclamées, aux mains d’apostats idéologues et individualistes. » Certes ! Et donc il convient de : « se mettre réellement au travail pour changer ce système par le haut en prenant réellement part à la politique ». Nous n’en saurons malheureusement pas plus sur les moyens de « changer ce Système par le haut ».
Ceci posé, notre auteur dénonce « le militantisme de rue » qui « revient à accepter et participerau Système (…) le nourrir» pour déboucher sur des événements en coma avancé : « la Marche pour la Vie ne déplace plus…