La Pause liturgique : Agnus Dei 5, Messe Magnæ Deus potentiæ (Mémoires des Saints)

Publié le 20 Avr 2024
agnus dei sanctus rex génitor kyrie gloria

Retrouvez tous les commentaires de la Messe Magnæ Deus potentiæ :

 

Commentaire musical

Agnus 5 Partition agnus dei

Cet Agnus Dei n’est représenté que par une unique source manuscrite non localisable, datant du XVIIe siècle. Autant dire qu’on ne sait rien de l’historique de ce chant, sinon qu’il existe dans le répertoire grégorien. Les livres liturgiques le datent du XIIe siècle, mais on n’a pas de preuve à apporter. Il convient donc de l’analyser tel qu’il se présente.

Et de remarquer tout d’abord qu’au plan mélodique, les trois invocations sont identiques. Elles empruntent leur unique mélodie au 4e mode. Le chant est assez orné, à commencer par l’intonation elle-même qui forme une courbe parfaite partant du Do grave, montant jusqu’au double Fa et redescendant jusqu’au Do, en procédant entièrement par degrés conjoints. Les deux petits Ré qui suivent permettent le lien avec le Mi de l’attaque de l’accent de Dei qui fixe la mélodie dans son mode contemplatif. Cette intonation est assez large, pleine mais pas forte, calme, paisible, avec un élan et une détente sur l’attaque de Agnus, un second petit élan et une détente sur Dei qui s’achève également sur le Mi.

La suite s’envole doucement, sur qui tollis qui part du Sol et va chercher le Do aigu, premier sommet de l’ensemble de l’invocation. Mais c’est un sommet éphémère puisque la mélodie revient aussitôt à l’intérieur de la quinte pour retrouver le Mi sur la finale de tollis. Le mot peccáta est bien souligné, en descente mélodique, chaque syllabe étant amplifiée par un neume plus ou moins intense. La plongée jusque vers le Do grave est très belle et expressive et demande une largeur d’interprétation à peine tempérée par la remontée douce de mundi qui n’est pas sans évoquer celle de l’Agnus au tout début. Ce mot s’achève à son tour sur le Mi modal.

Quant à l’invocation proprement dite, miserére nobis (ou dona nobis pacem), elle reprend en son début du moins la mélodie de qui tollis, partant du Sol, touchant le La, allant jusqu’au Do et revenant sur le La et le Sol, pour retrouver le Fa et le Mi. Quant à nobis, le premier neume reprend celui de l’accent de peccáta ; le dernier (la cadence finale) reprend celui de la finale de Dei ; et entre les deux, le beau torculus arrondi Sol-La-Sol, très lié aux deux neumes qui l’encadrent, donne une belle expression chaleureuse qui souligne le mot et nous indique combien nous sommes concernés par cette prière.

Voici donc un Agnus méditatif, à la fois grave et doux, mais aussi nuancé au niveau de son mouvement, et doté de deux beaux élans repris à chacune des trois invocations.

 

Pour écouter (Solesmes) :

 

>> à lire également : Célébrations pascales

 

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Séquence Veni Sancte Spíritus (Pentecôte)

La séquence Veni Sancte Spiritus est l’œuvre d’Étienne Langton, archevêque de Cantorbéry, qui l’a composée vers l’an 1200. C’est une prière absolument merveilleuse et complète, qui chante, en 1er mode, dans un climat de paix et d'amour, l'événement intérieur de la Pentecôte, source vive et profonde destiné à jaillir à la surface de l'histoire en un élan missionnaire sans limites et sans frein.

+

veni sancte spiritus grégorien séquence
À la uneÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (4/4) | La Tradition : un acte de foi

DOSSIER « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | À la tête de la formation de « Notre-Dame de Chrétienté », Isabelle Piot expose les principes qui guident la transmission de la foi au sein de l’association. Entre rigueur doctrinale, attachement liturgique et sens du discernement, elle rappelle que la fidélité à la Tradition n’est pas une affaire de goût mais un acte profondément enraciné dans la foi de l’Église. Entretien.

+

tradition Notre-Dame de Chrétienté
À la uneÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (3/4) | La formation au service de l’accueil missionnaire

DOSSIER : « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | Responsable des pèlerins et des chefs de chapitre, Étienne Touraille revient sur l’exigence propre à « Notre-Dame de Chrétienté » : offrir à chacun un accueil fraternel, une formation doctrinale solide, et une expérience vivante de l’Église. Une œuvre missionnaire qui commence bien avant la Pentecôte. Entretien avec Étienne Touraille, directeur des pèlerins de « Notre-Dame de Chrétienté ». 

+

Notre-Dame de Chrétienté
À la uneÉgliseLiturgie

La joie de l’Ascension

L’esprit de la liturgie | Privation nécessaire pour recevoir l’Esprit Saint, l’Ascension du Christ fut pour les Apôtres une joie mêlée de tristesse. Celle-ci se reflète dans la liturgie. L’attente du Paraclet promis par le Sauveur doit se faire ensuite dans la prière pour toute l’Église.

+

ascension
ÉgliseSpiritualité

L’espérance du semeur

Parole du Pape | Le 21 mai, Léon XIV a repris le Cycle de catéchèse entamé par le pape François pour le Jubilé : II. La vie de Jésus. Les paraboles 6. Le semeur. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles (Mt 13,3a). Les audiences de la partie I portaient sur "L'enfance de Jésus".

+

parabole du semeur
À la uneÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (2/4) | Le pèlerinage de Chartres : « Pour que chrétienté continue »

DOSSIER : « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | Depuis plus de quarante ans, le pèlerinage de « Notre-Dame de Chrétienté » marche dans les pas de Péguy et des bâtisseurs d’une France catholique. Contre vents médiatiques et incompréhensions ecclésiastiques, il rappelle que le règne du Christ s’étend aussi aux sociétés. 

+

Notre-Dame de Chrétienté