Dans la suite de ses catéchèses sur « L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint conduit le peuple de Dieu vers Jésus », le pape François s’est penché sur le sujet du mariage le 23 octobre dernier. Il y démontre le rôle du Saint Esprit dans le sacrement du mariage, et l’importance du don, sur le modèle de la Trinité.
Le dimanche 23 octobre le Pape a canonisé 14 bienheureux. Parmi eux, outre les 11 martyrs, il y avait Helena Guerra, l’éducatrice de sainte Gemma Galgani, qui, sous Léon XIII, a beaucoup œuvré pour la dévotion à l’Esprit Saint. Elle eut d’ailleurs une longue correspondance avec Léon XIII à ce sujet et fut à l’origine de l’encyclique Divinum illud.
Qu’elle nous aide à entrevoir au plus profond cette aide que le Saint-Esprit apporte chaque jour à l’Église, aux martyrs et à tous les chrétiens. C’est à elle que je confie ce petit commentaire sur l’Esprit Saint et le sacrement de mariage.
Au cours de l’audience de ce même dimanche, le Pape a poursuivi son enseignement sur la foi de l’Église en l’Esprit Saint, à l’aide des Pères de l’Église, en s’attachant surtout à la tradition latine et particulièrement à saint Augustin. Son but était de récolter quelques miettes des Pères pouvant éclairer toute vie chrétienne, notamment quant au rôle de l’Esprit Saint dans le sacrement de mariage.
Le Père, source de l’amour
Parmi les Pères latins, saint Augustin est de fait le grand docteur de l’Esprit Saint. Il part de la révélation que Dieu est amour. Or, l’amour suppose quelqu’un qui aime, quelqu’un qui est aimé et l’amour lui-même qui unit ceux qui s’aiment. L’amour parfait ne se trouve que dans l’unité, et l’Église qui est le peuple uni par la Trinité doit toujours refléter cet amour. Pareillement, l’église domestique qu’est la famille doit être unie et s’aimer à l’image de la Sainte Trinité.
En celle-ci, en effet, le Père aime en étant la source de l’amour ; le Fils est aimé, comme on le voit surtout dans l’Évangile selon saint Jean, et le Saint-Esprit est le lien d’amour qui réalise une parfaite unité de communion et d’amour entre les trois personnes divines. C’est pourquoi, si le Dieu des chrétiens est bien unique, il n’est pas pour autant solitaire, car il est communion étroite de personnes unies dans la même et unique essence divine.
L’Esprit est le lien d’unité et d’amour entre les trois personnes divines, le principe aussi de l’unité de l’Église, qui est le corps mystique du Christ composé de plusieurs membres, mais dont la tête unique est le Christ et l’âme l’Esprit Saint.
Le mariage et la famille
Mais que peut dire l’Esprit Saint à la famille ? Quel rapport peut-il avoir avec le sacrement de mariage ? Ce rapport, c’est le don dans l’amour. L’Esprit Saint est : « Donum Dei Altissimi », comme le chante le Veni Creator. Or le sacrement du mariage est le sacrement du don : don de soi à une autre personne, pour ne former plus qu’une seule chair, selon le récit de la Genèse. Par là, le couple humain devient une réalisation créée de la communion d’amour qu’est la Trinité, avec la virginité et le célibat consacrés.
Les époux, s’ils veulent rester unis doivent toujours former un « nous » et non un « je » et un « tu » séparés. La Sainte Vierge nous en donne un bel exemple quand elle dit à Jésus : « Ton Père et moi, nous vous cherchions. » Qu’il est beau d’entendre un père ou une mère dire à ses enfants : ton père (ou ta mère) et moi, comme s’ils ne formaient vraiment dans la réalité qu’une seule personne, qu’un sujet unique, qu’une seule chair.
Mais pour correspondre vraiment à cette vocation et à ces vues de Dieu sur le mariage, les époux doivent impérativement demander le soutien et l’aide de celui qui est le Don par excellence. En effet, partout où on laisse entrer l’Esprit Saint, il agit divinement, augmentant en chacun la capacité de renaître. D’où la joie de ceux qui se sont entièrement donnés et livrés au Saint-Esprit. On comprend par là la gravité des désunions, mais on comprend peut-être moins bien combien les enfants souffrent d’une telle désunion. De tant d’époux, hélas, on devrait dire, comme l’a dit Marie à Cana : « Ils n’ont pas de vin ».
Demandons alors à l’Esprit de permettre à Jésus d’accomplir de nouveaux signes dans les Canas d’aujourd’hui. Ce n’est pas une pieuse illusion, c’est la réalité que l’Esprit Saint réalise souvent, sur la demande de Marie dans des foyers qui consentent à le prier.
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