Dans un mouvement qui concerne un certain nombre de diocèses, les évêques français ont depuis un an nommé des « délégués généraux » laïcs. Les pouvoirs de ces nouveaux membres des équipes épiscopales, généralement des femmes, s’appuient sur une ecclésiologie synodale qui semble en contradiction avec la sacramentalité de l’épiscopat défendue à Vatican II et par certains canonistes. L’Abbé Thierry Blot est Docteur in utroque jure (en droit canonique et droit civil).
Le 1er septembre 2022, Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes, instituait le nouvel office de délégué général (1) dans son diocèse qu’il présentait comme une mission effectuée « aux côtés des vicaires généraux », sans être sous leur autorité, ; afin de prêter « son concours à l’évêque dans le gouvernement du diocèse ». Françoise Coquereau, une laïque, en est la première titulaire pour une période de cinq ans, renouvelable. L’évêque explique que cette mesure est née d’une « intuition » qu’il a eue après son installation sur le siège nantais, en septembre 2020 : il avait constaté « que l’équipe épiscopale avait besoin d’être étoffée » mais « qu’il nous fallait disposer d’un acteur pastoral “autrement situé” qu’un prêtre diocésain ».
Le délégué général, un acteur nouveau
L’office est confié à Mme Coquereau « au titre de son baptême et de sa confirmation ». Mgr Percerou précise qu’« il ne s’agit pas d’un troisième vicaire général ou d’un laïc qui en tiendrait lieu et qui viendrait simplement alléger la charge des deux autres, mais d’un acteur nouveau, capable d’apporter son charisme propre à l’équipe épiscopale afin de l’aider à engager les conversions nécessaires au vu des défis qui se présentent à l’Église ». Mariée et mère de quatre enfants adultes, la nouvelle déléguée générale est aussi diplômée en pastorale catéchétique à l’Institut catholique de Paris. Après avoir été en mission dans le diocèse depuis plus de vingt ans, elle assume désormais sa charge comme salariée à plein temps. Elle se réjouit de cette initiative et y voit le signe d’« une Église qui ose avancer ». Après une première année d’expérience, elle reconnaît l’absence de cadre canonique de cette nouvelle fonction, admettant qu’il faut « accepter d’avancer un peu à vue ». Une difficulté qu’Odile Grebille, à Grenoble, occupant le même poste depuis quelques mois, soulève également. Elle est confrontée à de nombreuses réticences dans l’exercice de ses fonctions car – et elle le reconnaît explicitement –, cette fonction…