Le Dernier Homme : un homme nouveau

Publié le 05 Juil 2024
huxley orwell homme nouveau

© Cory Doctorow CC BY-SA 2.0

L’Ancien Testament est émaillé de récits prophétiques, inspirés par la foi en Dieu, annonçant la venue du Christ Fils de Dieu et le monde à venir. Les livres de l’histoire contemporaine depuis l’époque de la Réforme, sont constellés d’écrits d’esprits forts qui souhaitent, par la raison humaine, un avenir sans Dieu. Des Encyclopédistes au Zarathoustra de Nietzsche, on a donc prophétisé, avec force détails, le nihilisme dans lequel nous baignons aujourd’hui. D’autres ont mis en évidence les comportements humains : Brave New World de Huxley, les allégories d’Orwell, les moutons de Panurge de Voltaire ou les rhinocéros d’Ionesco ont tous prévu l’avènement du conformisme ou politiquement correct qui règne dans notre monde actuel ; mais c’est peut-être le tableau du « Dernier Homme » de Nietzsche qui décrit de manière encore plus saisissante les traits de l’homme déchu, non seulement physiquement mais spirituellement. Ce Dernier Homme, nous dit-il, est issu du Surhomme païen, une espèce rare et fragile, donc isolée et incomprise qui court à sa perte. Pour le prophète dévoyé, la liberté individuelle s’oppose à l’idéal humain. Pour Nietzsche, l’égalité des droits, c’est le triomphe des faibles contre les forts. Il entrevoit superficiellement le Dernier Homme dans le système démocratique mais, admet-il, la décadence politique n’est que le reflet de la dégénérescence de l’homme. Un pas plus loin et le philosophe aurait pu toucher plutôt à la métaphysique en remplaçant cette chute par le péché. Sans le Dieu Créateur, tout cela paraît logique. Pourtant, la jeunesse, plongée dans un nouveau nihilisme dépourvu de références culturelles, commence à réagir. Nous l’avons vu récemment dans la résurgence de demandes de baptême. Plutôt que les jeux et les réseaux sociaux, l’Église catholique nous enseigne les techniques du discernement des esprits et du point de vue de Dieu.  C’est en lisant Ionesco qu’on se rappelle le succès de la pensée unique précédant la Deuxième Guerre mondiale, période envahie par des régimes totalitaires. Dans sa pièce, le dramaturge met en scène le personnage de Bérenger, qui réagit de façon humaine contre la métamorphose de ses semblables en rhinocéros. « Je suis le dernier homme, dit-il, je le resterai jusqu’au bout. » De nos jours, une information surabondante, souvent tronquée et déformée par diverses sources de propagande, nous assaille. Devant une menace nucléaire et des guerres sans fin, la seule réaction possible se présente à notre monde par le surnaturel – choisir entre la vie et le…

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Judith Cabaud

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