Le 5 mars, un projet de rapport pour l’éducation à la vie affective et sexuelle a été rendu public par le Conseil Supérieur des Programmes et le Ministère de l’Éducation nationale. Le mois dernier, en prévision de ce rapport, le collectif « Union pour une éducation responsable » (Syndicat de la Famille, Juristes pour l’enfance et Famille et Liberté) organisait un colloque sur le projet de programme d’éducation sexuelle à l’école.
Le 9 février dernier a eu lieu au Palais du Luxembourg une conférence qui avait pour objet le Projet de Programme d’éducation affective, relationnelle et sexuelle à l’école (revoir en vidéo) organisée par le Syndicat de la Famille, Juristes pour l’enfance et Famille et Liberté regroupés au sein d’une Union pour une Éducation Responsable.
Le sujet est brûlant puisqu’à l’initiative du Ministère de l’Éducation nationale, le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) a été chargé d’« élaborer pour chaque niveau d’enseignement du cours préparatoire à la classe terminale, une proposition de programme précisant les thèmes et les notions qui devront être abordés et les compétences visées ». Il a diligenté une consultation auprès d’organisations de la société civile au cours du dernier semestre 2023 afin de préciser le programme pour chaque niveau scolaire. Le projet de Rapport vient de paraître ce 5 mars avec plus d’un mois de retard.
À ce jour, le code de l’éducation prévoit 3 séances annuelles obligatoires d’éducation à la sexualité par groupes d’âge homogène.
Le respect des parents et de l’enfant
La conférence du 9 février a mis l’accent sur les dérives découlant des normes édictées par l’OMS prises en compte en France mais aussi à l’étranger. Face à ces dérives issues du droit souple, le droit positif offre un rempart : primauté du rôle des parents, non seulement premiers éducateurs de leurs enfants mais aussi délégataires de ce rôle en vertu de leur responsabilité parentale (art.371-1 du Code civil) ; respect de l’intimité et de la vie privée inscrit tant dans le Code civil (art.9) que dans la Convention Européenne des droits de l’Homme (art.8), la Déclaration universelle des droits de l’Homme (art.12) et la Convention internationale des droits de l’enfant (art.16), textes internationaux applicables en France.
Ceci implique, comme l’a jugé la Cour Européenne des droits de l’homme (23 septembre 2011) que l’enseignement dispensé s’articule avec le respect de la vie privée. Tel est le cas lorsqu’il s’agit de la transmission neutre de connaissances sur la procréation, la contraception, la grossesse et l’accouchement à partir de normes scientifiques et éducatives qui tiennent compte de l’âge et la maturité des enfants.
Des pédopsychiatres, des praticiens, des responsables d’associations sont intervenus pour insister sur le nécessaire respect dû à l’enfant. Dans sa jeune enfance, l’enfant est d’abord un imitateur et on doit respecter les paliers de son développement psychique. L’enfant n’est pas un adulte en miniature. Le petit enfant est sexué mais pas sexualisé. Ce n’est que pendant la puberté que l’enfant finit de se construire pour conceptualiser des expériences non vécues, pour acquérir une pensée abstraite, réfléchir sur des notions morales, relier les actions actuelles aux conséquences futures…
Jusqu’à cet âge, il est impossible ou sinon extrêmement difficile à l’enfant d’être en désaccord avec l’adulte en position d’autorité.
Aussi, le sondage IFOP, dévoilé au cours de cette conférence, montre l’importance que les français attachent à ce que l’éducation sexuelle soit du ressort en premier lieu des parents (59 %) et que de tels cours sur la sexualité ne soient pas dispensés avant 13 ans (72 %).
Les formateurs, experts, pédopsychiatres qui se sont succédé au cours de la matinée ont montré les dégâts causés par une formation débridée axée sur l’incitation à la consommation sexuelle et non sur l’affectivité, la connaissance de l’amour et de sa finalité dans la procréation. Ils ont alerté sur les violences sexuelles entre mineurs dont le taux est très préoccupant (46 % des violences sexuelles subies par un mineurs sont commises par un autre mineur). Ils ont aussi rappelé que smartphones, tablettes… permettent aux enfants d’accéder sans filtre à la pornographie qui peut provoquer un véritable traumatisme, une négation du corps ou à un besoin mimétique de pratiquer pour comprendre.
L’expérience de nos voisins
Nos voisins belges ont décortiqué leur expérience au sujet du guide EVRAS dont la seconde édition, parue en décembre 2023, a conduit à de nombreuses manifestations spontanées, à la publication d’une lettre ouverte signée par plus de 16 000 personnes, au dépôt de 10 recours juridiques et à un sondage auprès de 40 000 personnes qui rejetaient le guide à 90 %. Ce guide préconise l’autodétermination et l’identité de genre, la non-hétéro normalité de la sexualité, et une certaine incitation au visionnage pornographique.
Il a également été rappelé que dans les pays nordiques, la théorie du genre n’est plus enseignée au nom de l’égalité de l’homme et de la femme et qu’en Angleterre, le gouvernement a mis un coup de frein à la frénésie sur ce même thème.
Les conseillères conjugales et familiales ainsi que les médecins présents ont montré l’importance de l’écoute et de la bienveillance à l’égard des jeunes adolescents meurtris pour leur faire redécouvrir l’estime de soi et leur apprendre le vrai sens de la sexualité, langage de l’amour véritable et du don de soi. Une bonne éducation auprès des jeunes nécessite un dialogue et une transparence totale avec les enseignants et les parents et ce, afin de tenir compte des circonstances connues des enfants et de désamorcer tout conflit qui pourrait survenir.
Il est important que les parents soient les premiers éducateurs de la vie affective, relationnelle et sexuelle de leur enfant en les accompagnant selon leur maturité et leur degré de compréhension et de sensibilité ou en déléguant en étant assurés de la qualité du contenu qui sera dispensé.
Les demandes et recommandations du collectif
En fin de compte, les associations membres de l’Union pour une Éducation Responsable
- sont convaincues que l’éducation affective, relationnelle et sexuelle peut être l’occasion d’une éducation humaine qui fait grandir le jeune et qui peut donc être constructive,
- recommandent de ne pas banaliser la sexualité ni inciter aux expérimentations, de ne pas inciter un jeune à remettre en cause son identité sexuelle et traiter toute demande avec prudence, d’informer et associer les parents et les enseignants,
- et appellent les autorités à prêter attention et mettre en place des procédures strictes concernant :
- la formation des personnels,
- les agréments accordés aux associations délivrant ces enseignements,
- tous les supports (manuels scolaires mais aussi livres de lecture, films, sorties scolaires, sites internet de l’Éducation Nationale et de ses partenaires),
- les signalements des parents et leurs traitements, en cas de dérapage et de contenu non approprié.
Ce collectif est ouvert à toute association, à tout formateur ou à tout professionnel de la santé qui souhaiterait le rejoindre pour poursuivre ce travail exigeant de transmission neutre de connaissances à caractère scientifique et éducatif.
- La vidéo de cette conférence, le communiqué de presse et les slides sont consultables sur le site du Syndicat de la Famille.
- Lettre de saisine du Conseil Supérieur des Programmes par le Ministre de L’Éducation nationale du 23 juin 2023.
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