L’Église et la science (2/4) : L’Académie pontificale des Sciences, une vieille dame savante

Publié le 04 Sep 2024
Académie pontificale des sciences

La « Magna Aula » de l’Académie, dans la Casina Pio IV où elle siège depuis 1936. © CC BY 3.0, Sailko

L’Académie pontificale des Sciences est la plus ancienne institution de ce genre en Europe. Elle est aussi la seule à être composée de savants appartenant à tous les continents. Son existence traduit concrètement l’intérêt des papes pour les science, à rebours du cliché de l’antipathie de l’Église pour les savants.

  L’Académie trouve son origine dans l’Accademia dei Lincei fondée le 17 août 1603 à Rome par le prince Federico Cesi, jeune scientifique et naturaliste, et trois de ses amis intéressés eux aussi par les questions scientifiques. Son nom, « Académie des Lynx », faisait référence à la vision aiguë et pénétrante du lynx, qui était choisi comme emblème de l’institution. Les Lincei, qui voulaient constituer une académie scientifique et aussi une sorte d’ordre de chevalerie, s’attachaient à « acquérir la connaissance et la sagesse des choses, mais aussi, par une vie droite et pieuse, les diffuser en même temps pacifiquement parmi les hommes, par la voix et par les écrits, sans dommage pour personne ». L’Académie compta Galilée parmi ses membres à partir de 1610.

La première institution scientifique

L’Accademia dei Lincei fut la première institution scientifique de ce genre, précédant de plusieurs décennies la Royal Society de Londres (« Société royale de Londres pour l’amélioration des connaissances naturelles ») fondée en 1660, et l’Académie royale des Sciences, fondée à Paris en 1666. La mort prématurée de Federico Cesi – chez qui se tenaient les réunions – entraîna un déclin de l’institution qui cessa toute activité en 1651. Plusieurs tentatives pour la faire renaître, notamment en 1744 et en 1801, n’aboutirent pas. En 1847, le pape Pie IX la réorganisa et en fit une institution qui dépendait du souverain pontife et qui s’appelait désormais Pontificia Accademia dei Nuovi Lincei. Le pape Pie XI, par le motu proprio In multis solaciis, en date du 28 octobre 1936, a complètement réformé l’ancienne institution, lui a donné de nouveaux statuts et son nom définitif : Académie pontificale des Sciences. Il a établi son siège dans la Casina Pio IV, située dans les jardins du Vatican. Il en a fait une institution unique au monde, composée de 70 représentants de toutes les disciplines scientifiques, admettant parmi ses membres des savants étrangers, même non catholiques. Pour montrer la très haute considération dans laquelle le Pape tenait la nouvelle institution, le nombre des académiciens correspondait alors au nombre des cardinaux membres du Sacré Collège.

Science…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Europe : les pèlerinages en 2024

Les pèlerinages sont un phénomène quasiment universel. Le mot pèlerinage vient du latin peregrinatio qui exprime l’idée de « voyager loin » et dérive de per ager « à travers champs ». En passant par les lieux liés à la vie du Christ, ceux qui ont été sanctifiés par des apparitions mariales ou encore les nombreux sanctuaires liés à des saints, quels sont les succès et nouveautés des pèlerinages de l’année 2024 ? 

+

homme nouveau Chartres pèlerinage
ÉgliseLectures

Côté éditions | La Tradition liturgique, par Anne Le Pape

Les Éditions de L'Homme nouveau vous présentent La Tradition liturgique, Les rites catholiques, latins et orientaux, reçus des Apôtres, (Anne Le Pape, Novembre 2024, 98 pages, 15 €). Avec cet ouvrage sur les liturgies orientales, Anne Le Pape offre une enquête passionnante sur un univers souvent ressenti comme étranger, malgré l'appartenance de ces rites à l'Église catholique.

+

la tradition liturgique
ÉgliseThéologie

Un nouveau manuel de patristique

Carte blanche d'Yves Chiron | Le Nouveau Manuel de patristique qui vient de paraître chez Artège est appelé à devenir un livre de référence, « le Lagarde et Michard des Pères de l’Église », dit l’éditeur. L’ouvrage est publié sous la direction de Marie-Anne Vannier, rédactrice en chef de la revue Connaissance des Pères de l’Église depuis 1996 et professeur de théologie à l’université de Lorraine.

+

peres de leglise Louis Cazottes CC BY SA 4.0 Lavaur Cathedrale Saint Alain Chapelle des Peres de lEglise patristique
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Sanctus 8, De angelis (Messe des Anges)

Le Sanctus 8 est la plus ancienne des quatre pièces de l’ordinaire de la messe des anges, puisqu’il est daté du XIIe siècle. Il est représenté par une centaine, au moins, de sources manuscrites. Sa mélodie est reprise, sans que l’on puisse affirmer avec certitude laquelle des deux est l’original, dans l’antienne O quam suávis est des premières vêpres à Magnificat de la fête du Saint-Sacrement.

+

communion alleluia sanctus agnus