Les Préfaces du Temps pascal

Publié le 22 Avr 2015
Les Préfaces du Temps pascal L'Homme Nouveau

Après la partie instructive de la messe (liturgie de la Parole), vient sa partie sacrificielle. Son cœur est la prière eucharistique qui commence avec la préface. ­Celle-ci débute par un dialogue entre le célébrant et l’assistance, puis exprime en son corps les motifs d’action de grâces que fournit le mystère spécifique célébré au cours de la messe ou, à défaut, le mystère du salut, pour introduire le chant du Sanctus. Assez réduit à Rome, le nombre des préfaces fut augmenté en 1970 de textes antiques et de nouvelles compositions.

Pour le temps de Pâques proprement dit, qui va de la Vigile pascale à la veille de l’Ascension, le missel tridentin comporte une seule préface, à laquelle celui de 1970 ajoute quatre autres. Chacune précise d’abord que s’il est « digne et juste de louer Dieu », ce l’est « plus glorieusement que jamais en ce temps ». En effet, « la solennité de Pâques constitue le sommet de l’année liturgique », car « le Christ a accompli l’œuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu principalement dans son mystère pascal » (Normes universelles de l’année liturgique [1969], n° 18). Et tout le temps pascal constitue « comme un jour de fête unique » (ib., n° 22).

Le Christ, notre Pâques

Chaque préface reprend ensuite cette affirmation de saint Paul : « Le Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Co 5,7). Les Hébreux captifs en Égypte durent leur salut au sang de l’agneau qu’ils immolèrent (cf. Ex 12). Pour l’humanité appelée au salut, ce gage du passage (origine du mot Pâques), de la délivrance de la captivité est le Christ lui-même. La première préface continue : « C’est Lui le véritable Agneau qui a enlevé les péchés du monde. En mourant, Il détruisit la mort ; en ressuscitant, Il restaura notre vie. » Tout est dit, avec la concision caractéristique de la liturgie romaine, qui fait écho à saint Paul (2 Tm 1,10).

Les préfaces plus récentes évoquent la vie nouvelle dans le Christ (II), le Christ vivant qui interpelle toujours pour nous (III), la restauration de l’univers par le mystère pascal (IV) et enfin le Christ prêtre et victime (V).

« Par l’oblation de son Corps dans la vérité de la Croix, (le Christ) a mené à leur achèvement les sacrifices anciens » (préface V). « Immolé, Il a vaincu la mort, mis à mort, Il est toujours vivant » (III), et nous précède : durant la nuit de la Résurrection, le cierge pascal symbolisait le Christ dont la seule lumière conduisait son peuple dans l’église, symbole de la Jérusalem céleste, ainsi, « par Lui se lèvent des enfants de lumière pour une vie nouvelle, et les portes du Royaume des Cieux s’ouvrent pour accueillir les croyants » (II). Et cette nouvelle naissance s’étend à toutes choses : « Le péché étant anéanti, l’univers déchu est renouvelé » (IV). Cette nouvelle Création justifie la joie exprimée dans la conclusion primitive de la préface pascale, réservée ensuite, probablement par saint Grégoire (mort en 604), à la Pentecôte mais que la réforme du Missel a reprise : « C’est pour cela que, dans la profusion des joies pascales, le monde entier tressaille d’allégresse, tandis qu’avec lui chantent les Vertus célestes et les Puissances angéliques, redisant sans fin l’hymne de votre gloire : Sanctus… ».

Ce temps de Pâques nous fait aussi contempler le bon Pasteur, qui « donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11). Aussi ­pourrions-nous Lui adresser cette prière : « Bon Pasteur, Pain vérita­ble, Jésus, ayez pitié de nous : ­nourrissez-nous, soutenez-nous, faites-nous voir le bonheur dans la terre des vivants » (Missel Romain, séq. Lauda Sion).

Préfaces du Temps pascal

(traduction privée)

1ere Préface : le mystère pascal

(obligatoire de la Vigile pascale au 2e dimanche de Pâques)

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de vous louer, Seigneur, en tout temps, mais avec plus de magnificence que jamais

. à la Vigile : en cette nuit

. le jour de Pâques et pendant l’octave : en ce jour

. les autres jours jusqu’à la veille de l’Ascension : en ce temps

où le Christ, notre Pâque, a été immolé.

Car c’est Lui l’Agneau véritable qui a enlevé les péchés du monde : en mourant, Il détruisit notre mort, et, en ressuscitant, Il restaura notre vie.

C’est pourquoi, dans la profusion des joies pascales, par toute la terre le monde entier tressaille d’allégresse, tandis qu’avec lui les Vertus célestes et les Puissances angéliques chantent l’hymne de votre gloire, redisant sans fin : Saint…

2e préface : la vie nouvelle dans le Christ

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de vous louer, Seigneur, en tout temps, mais avec plus de magnificence que jamais en ce temps où le Christ, notre Pâque, a été immolé.

Par Lui, des fils de lumière naissent à la vie éternelle et les palais du Royaume des Cieux sont ouverts à ceux qui ont déjà la foi.

Car notre mort a trouvé sa rédemption dans la sienne et dans sa Résurrection la vie de tous est ressuscitée.

C’est pourquoi, dans la profusion des joies pascales, par toute la terre le monde entier tressaille d’allégresse, tandis qu’avec lui les Vertus célestes et les Puissances angéliques chantent l’hymne de votre gloire, redisant sans fin : Saint…

3e Préface : le Christ vivant et intercédant sans cesse pour nous

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de vous louer, Seigneur, en tout temps, mais avec plus de magnificence que jamais en ce temps où le Christ, notre Pâque, a été immolé.

Il ne cesse de s’offrir pour nous et nous défend auprès de vous comme un avocat infatigable ; immolé, iI ne meurt plus, mais mis à mort, Il est toujours vivant.

C’est pourquoi, dans la profusion des joies pascales, par toute la terre le monde entier tressaille d’allégresse, tandis qu’avec lui les Vertus célestes et les Puissances angéliques chantent l’hymne de votre gloire, redisant sans fin : Saint…

4e Préface : la restauration de toutes choses par le mystère pascal

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de vous louer, Seigneur, en tout temps, mais avec plus de magnificence que jamais en ce temps où le Christ, notre Pâque, a été immolé.

Le péché étant anéanti, l’univers déchu est renouvelé et, dans le Christ, nous retrouvons l’intégrité de la vie.

C’est pourquoi, dans la profusion des joies pascales, par toute la terre le monde entier tressaille d’allégresse, tandis qu’avec lui les Vertus célestes et les Puissances angéliques chantent l’hymne de votre gloire, redisant sans fin : Saint…

5e Préface : le Christ prêtre et victime

Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de vous louer, Seigneur, en tout temps, mais avec plus de magnificence que jamais en ce temps où le Christ, notre Pâque, a été immolé.

Par l’oblation de son Corps, Il a, dans la vérité de la Croix, mené à leur achèvement les sacrifices anciens et, s’offrant à vous pour notre salut, Il se révéla à la fois prêtre, autel et victime.

C’est pourquoi, dans la profusion des joies pascales, par toute la terre le monde entier tressaille d’allégresse, tandis qu’avec lui les Vertus célestes et les Puissances angéliques chantent l’hymne de votre gloire, redisant sans fin : Saint…

Ce contenu pourrait vous intéresser

ChroniquesEgliseLiturgie

La Pause liturgique : Sanctus 5, Messe Magnæ Deus potentiæ (Mémoires des Saints)

Ce Sanctus du 4e mode a quelque chose de mystique et de majestueux, dans sa simplicité. Il alterne heureusement les formules neumatiques et les passages syllabiques, les progressions par degrés conjoints et les intervalles de tierce, de quarte ou même de quinte, les élans vers l’aigu et les détentes vers le grave. Ce Sanctus a la particularité de n’être représenté que par une seule source manuscrite, allemande, datée de la toute fin du XIIe siècle.

+

sanctus
A la uneEgliseLiturgie

Confirmation : La chrismation chez les Orientaux (3/3)

Dossier : « Quelle place faut-il donner à la confirmation ? » 3/3 | Le sacrement de confirmation est conféré d’une façon bien différente dans les rites orientaux où il est n’est pas séparé du baptême. La cérémonie, proche de ce qui se faisait en Occident aux premiers siècles, revêt donc une forme spécifique et est accompagnée de prières faisant abondamment référence au baptême du Christ.

+

chrismation confirmation
A la uneEgliseMagistère

Valeur et âge de la confirmation, des pratiques à mettre en question (1/3)

Dossier « Quelle place faut-il donner à la confirmation ? » 1/3 | Auteur de "La Confirmation à sa juste place" (Artège), l’abbé François Dedieu estime qu’il est nécessaire de revenir à la pratique ancienne de conférer ce sacrement avant la première communion. Il détaille ici les raisons et les objectifs de cette pratique, déjà mise en œuvre dans sa paroisse. Entretien avec l’abbé François Dedieu, curé de la paroisse Saint-Urbain-Sainte-Marie (La Garenne-Colombes). 

+

La confirmation à sa juste place