L’essor de Summorum Pontificum, d’Helsinki à Java

Publié le 24 Août 2017
L'essor de Summorum Pontificum, d'Helsinki à Java L'Homme Nouveau

Du 14 au 17 septembre prochain aura lieu à Rome une nouvelle édition du Pèlerinage Summorum Pontificum. 10 ans après la publication (7 juillet 2007) et l’entrée en vigueur du motu proprio Summorum Pontificum (14 septembre 2007) de Benoît XVI, et en dépit des préjugés et des oppositions qu’elle continue de rencontrer, la messe romaine dessinée par saint Grégoire-le-Grand ne cesse de donner des signes de sa vitalité retrouvée. Elle a notamment repris pied sur tous les continents, démontrant ainsi son caractère profondément universel, donc authentiquement catholique. De nouveau célébrée d’Helsinki à Tahiti et de Séoul à Chihuahua, elle est même en train de se développer au fin fond de l’Asie, en Indonésie, premier pays musulman au monde par le nombre de fidèles.

Même si, en termes numériques, le pèlerinage Populus Summorum Pontificum n’est guère comparable aux grandes mobilisations des communautés nouvelles, sa dimension internationale n’a rien à envier à celle des Focolarini ou du Cammino Neocatecumenale. Chaque année depuis 2012, il attire à Rome des pèlerins du monde entier. En tant qu’organisateur, j’ai pu y saluer des fidèles venus d’Amérique du Sud, du Nord, des Caraïbes, d’Asie, d’Australie, d’Europe de l’Est et de Scandinavie. La seule région du globe qui fait défaut est l’Afrique même si, à trois reprises, nous avons eu des contacts avec des familles africaines désireuses de participer. Hélas, pour des questions administratives (l’obtention des visas est difficile) et financières, cette participation de catholiques africains n’a pas encore pu se faire. Mais cela viendra.

Une véritable expansion

Le caractère international du pèlerinage n’est en fait que le reflet de la réalité de l’expansion de la messe traditionnelle dans le monde depuis 2007. Cette universalité de la forme extraordinaire du rite romain se mesure également parmi le public de notre page facebook « Populus Summorum Pontificum ». qui compte aujourd’hui plus de 35 000 abonnés. Les 5 premiers pays représentés sont le Brésil, les ÉU, l’Italie (Cité du Vatican comprise), le Mexique et les Philippines. Ni la France ni l’Allemagne, les deux pays d’Europe comptant le plus de lieux où se célèbre la liturgie traditionnelle, ne sont bien représentés dans ce classement. La France arrive derrière la Pologne et l’Allemagne devance tout juste la Colombie et l’Indonésie ! En fait, il n’y a rien d’étonnant à cela puisque c’est souvent lorsqu’on se sent à l’écart que l’on ressent le plus le besoin de manifester son appartenance.

De fait, le mouvement Summorum Pontificum touche avant tout les prêtres et les fidèles qui se sentent isolés, voire marginalisés, en raison de leur sensibilité liturgique. Par exemple, en France, très peu de fidèles des communautés vivant pleinement à l’heure traditionnelle (messe quotidienne, sacrements, catéchisme, scoutisme, etc.) se sentent concernés par la promotion du motu proprio alors que les prêtres privés de la possibilité de célébrer publiquement la forme extraordinaire et les fidèles n’y ayant accès que dans des conditions précaires participent volontiers au pèlerinage romain. Pour eux, comme pour les fidèles du Costa Rica, de Pologne ou des Philippines qui publient les photos de leurs messes sur notre page facebook, le partage de leur expérience de foi représente un soutien précieux et une forte motivation dans les épreuves.

C’est le même sentiment qui anime bon nombre des fidèles italiens : « Quel bien cela fait de savoir que nous ne sommes pas tout seuls ! » Quand l’évêque, le séminaire et le presbyterium locaux vous méprisent parce que vous souhaitez simplement prier selon la tradition immémoriale de l’Église, venir à Rome et vous retrouver au milieu de fidèles du monde entier, sous la conduite de valeureux prélats, vous aide à mieux accepter les vexations ordinaires en vous rappelant combien est féconde la nourriture spirituelle à laquelle vous aspirez.

Quelques instantanés

Voici quelques instantanés de cet essor de la messe traditionnelle de par le monde, preuve que le motu proprio de Benoît XVI est bel et bien un don fait à toute l’Église universelle et pas simplement une concession faite à une poignée de nostalgiques élitaires comme certains le prétendent encore…

Helsinki : De la Réforme protestante à 1961, aucun prêtre catholique n’a été ordonné en Finlande. Depuis l’ordination d’un dominicain en 1961, seules six ordinations sacerdotales ont eu lieu dans le pays. Or, de ces six nouveaux prêtres, l’un a choisi le missel de saint Jean XXIII pour la célébration de sa première messe : le 8 juin 2014, l’abbé Anders Hamberg a en effet célébré la liturgie traditionnelle en la cathédrale Saint-Henri d’Helsinki, dans une église comble !

Chihuahua, Mexique : Le 15 mai 2014, après une interruption de plus de 40 ans, la forme extraordinaire du rite romain était célébrée en la cathédrale de Chihuahua, au Mexique. L’intérêt suscité par cette célébration a permis que le motu proprio soit appliqué dans la ville. Aujourd’hui, la messe traditionnelle est offerte chaque dimanche dans la chapelle San Lorenzo

Mauritius : Depuis 2007, un groupe de fidèles de l’Ile Maurice demandait l’application du Motu Proprio de Benoît XVI dans l’île. Sans succès. L’ordinaire du lieu, Mgr Piat, évêque de Port-Louis, semblait hermétique à leur démarche. Jusqu’à ce que, de façon inattendue, l’évêque n’appelle, en août 2016, un chanoine de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre pour une mission de 3 ans. Plus de 150 fidèles se pressaient à la première messe du chanoine, le 21 août 2016.

Parakou, Bénin : « Comment commencer à comprendre et à célébrer les rites réformés dans l’herméneutique de la continuité si l’on n’a jamais fait l’expérience de la beauté de la tradition liturgique que connurent les Pères du Concile eux-mêmes et qui a façonné tant de saints pendant des siècles ? Au grand Séminaire Providentia Dei et au Monastère des Sœurs Contemplatives de Jésus Eucharistie, la forme extraordinaire est célébrée et promue. » Mgr Pascal N’Koué, archevêque de Parakou au Bénin, éditorial de février 2017 pour la revue diocésaine.

Brésil : Le 27 septembre 2016, Dona Penha, une pensionnaire de 101 ans d’une maison de retraite de l’État de Rio de Janeiro, a fait sa première communion au cours d’une messe traditionnelle célébrée par un jeune prêtre de l’Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney, héritière de Mgr de Castro Mayer, évêque de Campos de 1949 à 1981 qui conserva la liturgie traditionnelle dans son diocèse nonobstant la réforme liturgique. Relayée par l’agence ACI Digital, cette nouvelle proprement « extraordinaire » a fait le tour du monde.

Guillaume Ferluc, secrétaire général du Coetus Internationalis Summorum Pontificum

La messe traditionnelle dans le plus grand pays musulman du monde ? C’est possible !

Le développement de la forme extraordinaire dans le premier pays musulman au monde par le nombre de pratiquants devrait interroger les consciences de tous ceux qui s’intéressent honnêtement au futur de l’Église.

C’est par la page facebook du pèlerinage Populus Summorum Pontificum que nous avons découvert la célébration de la liturgie traditionnelle en Indonésie. Dans quatre diocèses sur 37. D’un diocèse à l’autre, nous ont expliqué ses promoteurs, souvent très jeunes, la position des évêques diffère. Ainsi, à Jakarta, ce sont souvent des missionnaires étrangers qui célèbrent, la hiérarchie ecclésiastique ayant toujours pris soin d’ignorer la demande des fidèles. À Bandung en revanche, où la messe est mensuelle, l’accord de l’évêque a été obtenu dès 2009. À Pontianak (Borneo), où c’est l’archevêque émérite qui célèbre, comme à Yogyakarta (Java), où c’est un professeur de séminaire, tout se passe en bonne intelligence.

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