L’exposition : Chana Orloff. Sculpter l’époque

Publié le 23 Fév 2024
Chana orloff
Le musée Zadkine (Paris 6) accueille une exposition consacrée à la sculptrice Chana Orloff jusqu’au 31 mars. Cet ancien atelier du sculpteur d’origine russe Ossip Zadkine a été légué par son épouse Valentine Prax, et est devenu un atelier-musée au cœur du quartier artiste de Montparnasse.

 

Posés sur des étagères, des visages stylisés mais bien vivants reflètent le talent original de Chana Orloff (1888-1968), artiste-sculptrice peu connue aujourd’hui du grand public. Et pourtant, à force de travail et de ténacité, cette jeune veuve qui ne se remaria jamais réussit à vivre de son art dans ce Paris effervescent du début du XXe siècle.

Marquée par l’art déco et aussi par ses fréquentations des milieux artistiques de Montparnasse où elle rencontre Chaïm Soutine, Ossip Zadkine, Amadeo Modigliani ou Max Jacob, elle trouve sa voie dans la sculpture alors qu’elle se destinait à la couture. Elle utilise différents matériaux (argile, plâtre patiné, ciment, bronze) mais aussi le bois qu’elle taille avec brio et lisse magnifiquement.

En plus de ses portraits, parfois humoristiques comme celui du Peintre Widhoff (1924) qu’elle rencontre à l’académie Vassilieff, elle réalise des Maternités, des femmes enceintes et une Famille où un couple et leur enfant s’étreignent avec force. Cette œuvre mis en regard d’une Sainte Famille d’Ossip Zadkine (1888-1967), son contemporain, juif originaire de Biélorussie, souligne leurs différences : d’un côté père, mère, enfant solidaires et de l’autre, une représentation plus « mystique » et tendre dans l’expression.

Née dans une famille juive de l’actuelle Ukraine, elle émigre avec sa famille en Palestine en 1906, à la suite des pogroms. En 1908, elle travaille comme couturière à Tel Aviv et suit des cours de russe, d’hébreu et des études bibliques. Puis elle se rend à Paris pour obtenir un diplôme de couturière. Remarquant ses qualités de dessinatrice, un enseignant l’encourage à fréquenter l’École des arts décoratifs où elle est admise en 1912.

Elle expose au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants. En 1916, elle réalise sa première exposition personnelle à la Galerie Bernheim-Jeune. Elle épouse le poète polonais Ary Justman qui décède en 1919 de la grippe espagnole un an après la naissance de leur fils. En 1926, elle obtient la nationalité française et elle fait construire par Auguste Perret une maison-atelier dans la cité des artistes de la Villa Seurat. En 1942, elle échappe avec son fils de justesse à la rafle du Vel d’Hiv en se réfugiant à Grenoble puis en Suisse. Elle revient en France en 1945, découvrant son atelier pillé et saccagé.

Elle meurt à 80 ans à Tel Aviv alors qu’elle préparait une grande rétrospective de son travail.

Une œuvre originale, marquée par son temps mais qui resta toujours figurative ! 

 


Jusqu’au 31 mars 2024.
Musée Zadkine, 100 bis, rue d’Assas, 75006 Paris. Tél. : 01 55 42 77 20.
Ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h.

En partenariat avec les Ateliers-musée Chana Orloff.

pm zad orloff metro double echelle1 5 vfab 3 Chana Orloff

 

>> à lire également : Notre quinzaine : La gratuité ou l’amour à l’état pur

Céline Vicq

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCultureLectures

Les demoiselles de l’Empire rééditées

Recension jeunesse | La rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une page recension de lectures jeunesse, avec un choix éclairé de quelques histoires à lire, notamment Héloïse pensionnaire à la Légion d'Honneur de Gwenaële Barussaud, réédité plus de 10 ans après sa première parution en 2013. À retrouver dans le n°1832.

+

livre jeunesse réédition
CultureArt et Patrimoine

Les racines du futur : une dîmerie vendéenne préservée

Pendant des années, l’historien Reynald Secher a œuvré à la restauration du vieux prieuré Saint-Pierre-ès-Liens à La Chapelle-Basse-Mer (44), à la fois berceau d’une partie de sa famille et lieu privilégié de ses recherches historiques qui devaient le conduire à démontrer l’existence d’un génocide vendéen. Ce 17 mai, il inaugure la dîmerie restaurée.

+

Reynald Secher vendée
CultureLectures

Les enfants à la rencontre du Cœur de Jésus

Recension jeunesse | La rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une page recension de lectures jeunesse pour les enfants, avec un choix éclairé de quelques histoires à lire ou faire lire, et autres activités. À retrouver dans le n°1831.

+

roman jeunesse première communion cœur de jésus enfant
Culture

Biblus, la Bible des explorateurs

L’association PRIXM Bernardins, créée en 2016, propose un nouveau projet réalisé par Mathilde Ardant : Biblus, les explorateurs de la Bible, un podcast pour enfants qui fait découvrir les trésors de la Bible !

+

© biblus