Un Noël sous le boisseau pour les chrétiens persécutés 

Publié le 02 Jan 2024
noël Nigéria persécuté

Église incendiée lors de violences communautaires dans l'Orissa (Inde) en août 2008. © All India Christian Council

Le massacre de centaines de chrétiens au Nigeria et les intimidations religieuses continues dans certains pays  ont considérablement assombri les célébrations de Noël. L’accueil communautaire et personnel de la naissance du Sauveur s’en est trouvé bouleversé dans de nombreuses régions du monde.

 

Alors que le monde entier fêtait Noël, et plus particulièrement les chrétiens, nombre d’entre eux ont eu à subir les persécutions ou les conflits armés. Ils étaient alors plus proches de saint Etienne, premier martyr de la chrétienté, fêté le lendemain de Noël. 

 

Un « Noël noir » au Nigeria 

Dès le 23 décembre, le Nigeria a fait, insuffisamment, l’actualité, avec la mort de dizaines puis de centaines de chrétiens dans le centre du pays. Entre le 23 et le 25, 200 Nigerians habitant la région du Plateau ont été exécutés froidement et avec violence par des groupes armés, et 500 autres blessés. Des villages ont été incendiés, des maisons détruites, des églises vandalisées et des foyers entiers décimés.

Si les responsables n’ont pas encore été officiellement identifiés, il s’agirait de musulmans soutenant Boko Haram, ou de Peuls, peuple rival des communautés chrétiennes. Toujours est-il que ces dernières étaient visées indiscutablement pour leur religion, et à une date si particulière. L’horreur s’est invitée chez ceux qui se préparaient à recevoir l’enfant de la crèche, comme le massacre des Innocents en Israël. Rappelons que le Nigeria est déjà le pays qui comptabilise le plus d’assassinats et enlèvements de chrétiens dans le monde, subissant 80% des persécutions. 

 

Des intimidations permanentes au Nicaragua 

Le 1er janvier, à la suite de l’Angélus, le Pape a aussi fait part de sa préoccupation pour le Nicaragua. Depuis 2007, et le premier mandat du président Daniel Ortega, les chrétiens sont inquiétés à cause de leur foi. Ils sont renvoyés des universités, arrêtés sous divers motifs, certaines congrégations ont été expulsées du pays. En 2018, lors des manifestations anti-gouvernement, les catholiques ont été accusés de soutenir un coup d’état, ils sont dès lors étroitement surveillés et intimidés.  

En février 2022, Mgr Alvarez, évêque de Matagalpa, est arrêté. On lui propose l’exil politique aux Etats-Unis, qu’il refuse. Il est donc emprisonné pour 26 ans et déchu de sa nationalité. Tout catholique et particulièrement ecclésiastique qui manifeste ouvertement son soutien à l’évêque est désormais susceptible d’être arrêté. Les réunions et célébrations sont parfois infiltrées par le gouvernement, et les sermons enregistrés. Noël a été, une fois encore, simple et peu éclatant. Ce ne sont pas moins de 14 prêtres qui ont été arrêtés depuis le 20 décembre dernier. Et les crèches vivantes, ordinairement produites par les enfants dans les rues, ont été restreintes aux enceintes des églises, sur demande du gouvernement. 

 

« Ces chrétiens qui n’ont pas le cœur à fêter Noël » 

D’autres régions du monde sont régulièrement et fortement touchées par les persécutions religieuses, comme le rappelait l’AED dans son rapport annuel en juin dernier. Plus récemment, dans une tribune du Figaro, le directeur de l’AED France, Benoit de Blanpré, a rappelé la situation préoccupante de « ces chrétiens qui n’ont pas le cœur à fêter Noël ». Enlèvements, intimidations, lois antichrétiennes, assassinats, torture, vandalisme, sont le lot quotidien de milliers de chrétiens de par le monde.  

En Libye, les chrétiens convertis sont arrêtés, au Pakistan, ils sont condamnés pour blasphème, en Afghanistan, les réunions sont dispersées, et en Inde, les églises sont brûlées. La réunion organisée le 25 décembre en Inde avec le Premier Ministre Narendra Modī et les autorités de plusieurs religions, n’a pas emporté l’adhésion des chrétiens pour un gouvernement qui reste silencieux face aux persécutions religieuses. 

En Birmanie, les chrétiens ont choisi de célébrer Noël dans la sobriété, en solidarité avec toutes les personnes déplacées ne pouvant participer à cette fête. Le conflit entre la junte militaire et les rebelles s’est en effet intensifié. 

Quant à la Terre Sainte, lieu de naissance de l’Enfant Jésus, elle a célébré un Noël endeuillé par la guerre, et la mort de deux chrétiennes dans la paroisse de Gaza début décembre. Les autorités religieuses avaient appelé les chrétiens à se concentrer sur le sens spirituel de cette fête. L’Enfant-Jésus, prince de la Paix et sauveur du Monde, saura se souvenir de ces fidèles qui gardent une foi pourtant inébranlable. 

 

>> à lire également : « L’Église catholique est crédible » : un plaidoyer intemporel pour l’Église

Mayalen de Vergnette

Mayalen de Vergnette

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