Commentaire de l’homélie de la Messe des cendres, préparée par le pape François et lue par le Cardinal De Donatis, le 5 mars 2025.
Le Carême s’ouvre traditionnellement par le rite de l’imposition des cendres, le mercredi avant le premier dimanche de Carême.
Chez les Juifs, la cendre était le symbole de la pénitence, de la tristesse et du deuil. Thamar, après l’outrage que lui fit Ammon son frère, se couvrit la tête de cendre. David déclarait « manger de la cendre comme du pain ». Jérémie prête le même langage à Jérusalem et Job déclare que l’homme, cendre et poussière, retournera en cendre. S’asperger de cendre ou s’en mettre sur la tête était un témoignage d’humilité et de confusion au souvenir de la fragilité humaine.
Les cendres ravivent la mémoire de notre fragilité hélas trop souvent coupable, mais elles ne doivent pas pour autant nous conduire au désespoir. Au contraire, si elles nous rappellent bien que nous sommes poussière et que nous retournerons à la poussière, elles nous conduisent aussi à l’espérance à laquelle nous sommes appelés, car si Jésus est descendu dans la poussière de la terre, il est aussi ressuscité et nous entraîne avec lui dans le cœur paternel et maternel du Père.
Le Pape nous invite tout d’abord à faire mémoire. On sait l’importance qu’attache le Pape à cette faculté destinée à nous relier au passé et à nous le remémorer. La crise de civilisation inédite que nous vivons est certainement due à cette perte générale de la mémoire. A-t-elle était orchestrée par toute l’intelligentsia démoniaque ? Je pense que cela est fort probable. En tout cas, exerçons souvent notre mémoire et faisons mémoire.
Le mémorial est de fait un thème biblique très important. Il nous permet de nous rappeler sans cesse les bienfaits de Dieu. Nous recevons les cendres en inclinant la tête. C’est une invitation, en quelque sorte, à nous regarder nous-mêmes pour nous rappeler que sommes tous des pécheurs. Mais il ne faudrait pas nous arrêter là. Le Carême est une marche dans le désert, mais toujours avec Jésus sans lequel nous ne pouvons rien faire.
Il ne faut donc pas nous arrêter à notre misère ni à notre faiblesse. Elles auraient de quoi nous décourager et nous faire peur. Le diable, lui aussi présent dans le désert, le sait très bien. Étant faits de cendre et de terre, nous toucherons toujours du doigt notre fragilité. Et il n’y a pas que le péché qui nous rappelle cette fragilité. Ce peut être aussi la maladie, la mort des autres. Ainsi, personnes et événements nous font sentir notre faiblesse congénitale.
Et puis, il y a tout ce qui pollue la société, les idéologies de toutes sortes, les lois criminelles, tout ce qui intoxique le monde et que nous respirons. Il y a aussi le drame de la mort que nous tentons souvent d’élucider. Tout cela est bien réel mais ne doit pas nous conduire au tunnel du désespoir.
Ravivons donc en nous la petite flamme de l’espérance qui brûle encore. Ne l’éteignons jamais. Ce serait trop grave. Les cendres doivent nous inviter à ne pas garder la tête baissée, mais bien à la lever. Sursum corda, chante le prêtre au début de la préface de la messe. Jésus est descendu dans la poussière pour nous réconcilier avec son Père qui est aussi le nôtre, car nous sommes fils dans le Fils. Sans espérance, nous sommes condamnés. L’espérance pascale nous soutient dans notre fragilité et nous rassure en nous faisant compter sur le pardon divin d’un Dieu rempli de miséricorde.
Avec Marie, mettons-nous en route vers Pâques, l’espérance au cœur, en nous laissant réconcilier par le Père, toujours prêt à accueillir les prodigues que nous sommes tous.
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