C’est le constat généralisé de la presse française dans son ensemble, du Figaro à Golias. Le Pape Benoît XVI ne créera pas de cardinaux français lors du prochain consistoire qui aura lieu le 20 novembre.
Faut-il s’en réjouir ou s’en offusquer ? Les raisons de cette absence n’appartiennent qu’au Pape. Reste que l’état de l’Église de France, et surtout sa lenteur à entrer dans le mouvement de renaissance lancé par Benoît XVI, n’invite certainement pas à l’honorer. Certains évêques, pourtant, travaillent en profondeur, avec un sens missionnaire évident, plantant les graines pour que d’autres récoltent plus tard les fruits. Mais, dans l’ensemble, il faut convenir que nous sommes tous encore englués dans les problématiques des années soixante-dix dont nous ne sortons décidément pas.
L’absence de Français dans la liste de nouveaux cardinaux ne doit cependant pas nous interdire de nous réjouir. L’une des réussites du catholicisme est bien d’arriver à dépasser la tension entre l’universel et le particulier, vieille question métaphysique s’il en est, en n’écrasant ni l’un ni l’autre au seul profit de l’une de nos inspirations. Comme catholiques français nous communions à l’Église universelle et nous ne pouvons que saluer (et féliciter) certains des nouveaux cardinaux.
Je pense notamment à Mgr Raymond Burke, préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique et à Mgr Albert Malcom Ranjith, archevêque de Colombo (Sri-Lanka) que nous avons rencontrés à Rome et qui nous ont souvent encouragé. Hommes de conviction, ils appliquent à Rome ou dans leur diocèse les grands axes définis par Benoît XVI. Ils n’hésitent pas à se confronter au monde. Ils ne s’enlisent pas dans des combats d’arrière-garde, mais avancent avec l’assurance de ceux qui sont conduits par le Christ. Leur détermination est connue, voire légendaire. De tels hommes sont l’honneur de l’Église qui démontre une fois encore qu’elle ne se réduit pas aux frontières de sa Fille aînée. Puisse celle-ci s’en inspirer.