La pause liturgique : Agnus 9, Cum jubilo (Fêtes de la Sainte Vierge)

Publié le 22 Fév 2025
gloria grégorien sanctus agnus

Cum Jubilo, Fêtes de la Sainte Vierge : 

 

Commentaire musical de l’Agnus 9

Agnus 9 Partition agnus

 

Cet Agnus Dei du XIIe-XIIIe siècle est répertorié dans plus de 130 sources manuscrites provenant en majorité d’Italie mais aussi d’Allemagne, de France, d’Espagne, des pays de l’est. Il emprunte sa belle mélodie au 5e mode dont les intervalles lumineux tempérés par la tendresse des Sib (on n’entend aucun Si naturel) conviennent très bien à la louange de la Sainte Vierge.

Les trois invocations sont identiques à l’exception des mots qui tollis peccáta mundi qui, dans la seconde invocation, revêtent une forme mélodique plus humble.

L’intonation fait entendre d’emblée l’arpège Fa-La-Do du 5e mode, mettant ainsi en lumière le tout premier mot Agnus, de cette pièce, avec son accent au levé et sa finale inversée mélodiquement mais douce quand même. On peut admirer la belle harmonie musicale de Dei, avec ses deux clivis La-Sol et Ré-Do encadrant un double Do, le tout étant bien ferme avec une finale à l’aigu mais prise en douceur.

La mélodie poursuit son chemin ascendant sur les mots qui tollis, atteignant le sommet de toute la pièce avec le Fa de l’accent de tollis. Cette montée par degrés conjoints à partir du Do et sur toute la quarte supérieure du 5e mode, a quelque chose de large et de majestueux, de même d’ailleurs que la descente mélodique qui se fait également par degrés conjoints, du Fa jusqu’au Do, et qui aboutit à une cadence sur la dominante Do.

Le mot peccáta est lui aussi très expressif et très harmonieux avec son podatus Ré-Mi encadré par deux Fa, le tout étant suprêmement élevé, mettant ainsi bien en lumière ces péchés, ces zones d’ombre que dissipe la pureté immaculée de Marie. La finale de peccáta et la mélodie de mundi nous font retrouver la grande descente de tollis, avec son petit rebond sur le Ré, juste avant la cadence en Do.

Enfin, les mots miserére nobis reviennent vers le bas de l’échelle mélodique du 5e mode, en dessous du Do, entre la dominante et la tonique Fa, alors que depuis le double Do de Dei, nous étions toujours situés dans la quarte supérieure Do-Fa du 5e mode. Du coup, ce passage est mis en relief par rapport à tout ce qui précédait, et demande une interprétation humble, douce, piano, plus intérieure.

Le beau double balancement de miserére, avec un neume ascendant puis un neume descendant, d’abord ternaire sur les deux premières syllabes, puis binaire sur les deux dernières syllabes, doit se faire dans la largeur d’un mouvement musical qui correspond à celui de l’âme, certaine d’être exaucée par Celui qui n’est venu que pour ôter les péchés du monde. La cadence de nobis, enfin, avec son torculus épisématique Fa-Sol-Fa et son point final, assoit parfaitement cette belle mélodie en mode de Fa.

La troisième invocation est mélodiquement identique à la première, et la seconde également, à part la formule de qui tollis peccáta mundi, comme on l’a déjà dit. Cette formule se situe elle aussi à l’intérieur de la quinte Fa-Do, à l’exception de l’accent de mundi qui touche le Ré, et n’a donc pas la clarté de la formule de la première invocation. Elle s’apparente au contraire davantage au miserére nobis, avec le même emploi du Sib, la même douceur, la même humilité, ce qui n’empêche pas le mot mundi d’être bien mis en valeur avec une cadence en Do bien lumineuse. Et l’on retrouve sur miserére la mélodie de la première invocation.

 

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Un moine de Triors

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