Une célébration d’action de grâce est prévue le jeudi 8 mai à Compiègne, la première depuis l’annonce de la canonisation des carmélites de Compiègne en décembre dernier, par le pape François.
Le 8 mai prochain, la première cérémonie publique d’action de grâce depuis la canonisation équipollente en décembre dernier des saintes carmélites aura lieu à Compiègne. Les organisateurs de l’événement attendent beaucoup de monde, ils ont dû trouver un lieu plus spacieux que l’église Saint-Paul des Sablons. La cérémonie se déroulera donc aux Grandes Écuries du Roi à 14h30. Elle est organisée avec l’accord de la communauté des Carmélites de Jonquières et en collaboration avec l’archevêque de Paris et l’Ordre des Carmes Déchaux.
La canonisation des Carmélites a été annoncée par le Pape le 18 décembre dernier. Ces femmes sont reconnues saintes de manière équipollente, c’est-à-dire sans reconnaissance de miracle, un fait rarissime mais qui souligne la sainteté de leur sacrifice. À l’occasion de cette canonisation, une célébration nationale se tiendra également à Paris le 13 septembre 2025, afin de rendre hommage à ces martyrs de la foi.
L’histoire des Carmélites de Compiègne remonte à 1641, lorsque la communauté fut fondée dans la ville. Au fil des années, elle se distingue par sa ferveur spirituelle et ses liens avec la cour royale, notamment avec la reine Marie Leszczyńska, épouse de Louis XV, qui était proche du carmel. Mais cette même proximité avec la noblesse la rendait suspecte aux yeux des révolutionnaires, qui y voyaient un foyer contre-révolutionnaire. En 1790, durant la Révolution française, le carmel fut confisqué, et ses membres expulsés. Cependant, les religieuses refusèrent de renoncer à leur engagement religieux et à leur vocation.
En septembre 1792, la Constitution civile du clergé les prive de leur aumônier et saisit leurs biens. Ces persécutions renforcèrent leur foi et leur détermination. Mère Thérèse de Saint-Augustin, prieure du carmel, interpréta alors une prophétie faite en 1693 par sœur Baptiste comme un appel à un sacrifice collectif. Selon cette prophétie, la communauté de Compiègne « suivrait l’Agneau partout où Il va », un signe du martyre qu’elles étaient appelées à endurer. En 1793, Mère Thérèse demanda à ses sœurs si elles étaient prêtes à s’offrir en sacrifice pour sauver l’Église et la France. La majorité des sœurs accepta avec joie, bien que certaines, comme sœur Marie de l’Incarnation et sœur Thérèse Soiron, aient exprimé leur peur de la mort.
Le 22 juin 1794, les Carmélites furent arrêtées, à l’exception de deux d’entre elles. Leur arrestation fut liée à leur maintien de la communauté et à leur soutien royaliste, mais aussi à la possession d’objets religieux, comme des images du Sacré-Cœur. Elles furent accusées de conspirer pour restaurer la monarchie et contrer la Révolution. Emprisonnées et détenues à la Conciergerie de Paris, elles restèrent optimistes.
Le 13 juillet 1794, elles furent condamnées à mort par le tribunal révolutionnaire. Lors du procès, Mère Thérèse brandit fièrement sa croix de profession, affirmant : « Voilà nos seules armes ! ». Le 17 juillet, elles montèrent à l’échafaud, chantant des hymnes sacrés comme le Salve Regina, le Veni Creator, et le Te Deum.
Avant de mourir, Mère Thérèse demanda à renouveler les vœux de sœur Constance, la novice qui n’avait pas encore prononcé ses vœux. Cette dernière entonna le psaume Laudate Dominum omnes gentes alors qu’elles montaient les escaliers de la guillotine, marquant ainsi le début de leur entrée dans le royaume céleste.
Grâce à ces deux célébrations d’action de grâce, les martyres de Compiègne ne se contentent pas de rayonner au sein de l’Église, mais sauront peut-être également toucher le cœur de la France entière.
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