Quadragesimo anno (X) : Retour sur le principe de subsidiarité (I)

Publié le 16 Oct 2023
quadragesimo anno subsidiarité
L’encyclique Quadragesimo anno est entrée dans l’histoire pour avoir exposé le principe de subsidiarité. Un principe riche qui mérite que l’on s’attarde sur sa genèse et sa portée.

 

Énoncé par Pie XI dans Quadragesimo anno (1931), l’enseignement concernant le principe de subsidiarité s’est-il limité à cette seule encyclique ?

Il faut d’abord rappeler que si ce principe a été formulé rigoureusement par Pie XI il était déjà contenu implicitement dans Rerum novarum (1891) de Léon XIII, notamment à travers ce passage : « Il est dans l’ordre, avons-Nous dit, que ni l’individu, ni la famille ne soient absorbés par l’État. Il est juste que l’un et l’autre aient la faculté d’agir avec liberté, aussi longtemps que cela n’atteint pas le bien général et ne fait tort à personne. Cependant, aux gouvernants il appartient de prendre soin de la communauté et de ses parties ; la communauté, parce que la nature en a confié la conservation au pouvoir souverain, de telle sorte que le salut public n’est pas seulement ici la loi suprême, mais la cause même et la raison d’être du pouvoir civil ; les parties, parce que, de droit naturel, le gouvernement ne doit pas viser l’intérêt de ceux qui ont le pouvoir entre les mains, mais le bien de ceux qui leur sont soumis. » Exprimant un autre aspect de la subsidiarité, Léon XIII précisait également : « Si donc les intérêts généraux ou l’intérêt d’une classe en particulier se trouvent lésés ou simplement menacés, et s’il est impossible d’y remédier ou d’y obvier autrement, il faut de toute nécessité recourir à l’autorité publique. »

La subsidiarité est donc une invention catholique ?

Non, absolument pas ! Et ce serait même une grave erreur de « communautariser » un principe de politique naturelle et de vie sociale. L’énoncé rigoureux de ce principe vient de l’Église, qui en souligne l’importance à un moment historique majeur, caractérisé à la fois par la montée des totalitarismes (absorption de la vie sociale par l’État) et l’échec du libéralisme (crise de 1929, laissant les individus sans soutien aucun). Mais la subsidiarité a été appliquée pendant des siècles à la manière de Monsieur Jourdain. On la pratiquait sans la nommer. Ce qui ne veut pas dire, non plus, que religieux, philosophes et penseurs, ne se soient pas penchés sur le sujet. La subsidiarité ne surgit pas de rien, même au plan conceptuel. Faut-il citer la Bible…

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