Commémorer nos défunts (2/3) | La liturgie des défunts : jugement et résurrection

Publié le 31 Oct 2024
défunts

Dans la liturgie des défunts, l’Église évoque le jugement, appelle à la miséricorde et célèbre la résurrection. © Le Jugement dernier par François Angelico / CC BY-SA 4.0, DSVTP1176

> Dossier
De l’Antiquité paléochrétienne à Vatican II, les rites funèbres ont évolué avec de nouveaux chants, des lectures différentes, en supprimant l’absoute, etc. Brève histoire des funérailles catholiques par un spécialiste de la liturgie.

  Les rites qui entouraient les défunts aux origines du christianisme latin ont repris certaines pratiques de l’époque, comme la toilette funéraire, adapté d’autres, comme les repas auprès des tombes, et ajouté progressivement des rites spécifiquement chrétiens : prière à l’église et, plus tard encore, célébration de la messe. En effet, dans l’Église ancienne, jusqu’au Xe siècle, la messe n’était pas célébrée de façon régulière aux funérailles, qui étaient constituées essentiellement de psaumes, en particulier l’office des défunts. Saint Jérôme († 420) relatant les funérailles de Paula ne dit pas autre chose que saint Jean Chrysostome († 407) : «Au commencement, on faisait pour les morts des signes de douleur et des lamentations ; maintenant, ce sont des psaumes et des hymnes» (Homélie sur les saintes Bernice et Prosdoce), ce que confirme un recueil liturgique très ancien, l’Ordo romanus 49 (VIIe siècle).

Trois messes

Attestée dès le IIe siècle, la Messe pour les défunts était célébrée le troisième, le septième et le trentième jour après la mort, comme les repas funéraires de l’Antiquité païenne, plutôt qu’au jour même de l’ensevelissement. Encore aujourd’hui, d’ailleurs, dans la liturgie byzantine, il n’y a pas de messe à cette occasion. Pour autant, à Rome, il était coutume de célébrer la messe aux funérailles, ce qui surprit saint Augustin († 430) lorsque mourut sa mère Monique (Confessions, 9, 12, 32). Divers formulaires eurent cours mais l’un prédomina, la messe Requiem, la seule que reprit, avec des variantes suivant la qualité des défunts, le Missel romain de 1570. Ce livre compte quatre messes pour les morts : la première est employée pour le pape, les évêques et les prêtres ; les laïcs se voient attribuer la seconde, pour les funérailles, et la troisième, pour les jours anniversaires. Enfin, une quatrième messe, dite « quotidienne », peut servir tous les jours où le calendrier le permet.

Rien de lugubre

Toutes comportent les mêmes chants. «Rien absolument d’une tristesse lugubre ou d’un sentimentalisme amollissant. Sauf dans quelques pièces (Dies iræ, etc) où se profilent davantage les exigences de la justice divine offensée par le péché, il n’est au contraire partout question que de résurrection et de vie», affirme le grand grégorianiste dom Joseph Gajard († 1972). L’introït Requiem æternam, qui ouvre…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Pierre Julien

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseThéologie

Benoît XVI et le sens du sacré

Pour la deuxième année, un colloque a été organisé autour de la théologie de Benoît XVI à Altötting, sanctuaire marial bavarois cher à l’ancien pape. Du 2 au 6 juillet dernier, théologiens, clercs et laïcs ont réflechi autour du thème « Le sens du sacré ».

+

benoit xvi
CultureLecturesLiturgie

Au service du chant grégorien

Culture | Fondateur du Chœur grégorien de Paris, Louis-Marie Vigne voulut servir l'Église par le chant liturgique. Un petit livre d'entretiens récemment paru, s'il évoque l'aventure de son œuvre, explique également et présente toute la portée du chant grégorien.

+

grégorien louis-marie vigne
ÉgliseLiturgie

Humilité et charité : deux piliers de la vie chrétienne 

L’Esprit de la liturgie | L’Église nous invite à méditer sur deux vertus essentielles : la charité, illustrée par la parabole du Bon Samaritain, et l’humilité, que le Christ nous enseigne par l’image du dernier invité. Ces vertus apparaissent comme les fondements d’une vie chrétienne tournée vers Dieu et le prochain.

+

samaritain humilité charité