Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à voter ce mardi 27 mai deux propositions de loi majeures sur la fin de vie d’autres se mobilisent.
Hier soir, plus de 400 personnes se sont rassemblées sur la place du Palais-Bourbon pour manifester leur opposition au projet de loi sur l’euthanasie. Elles ont prié le chapelet en présence de l’abbé Pagès.
Aujourd’hui à 15 h une veille a été organisée devant l’Assemblée nationale pendant que les députés votent, et un rassemblement aura lieu ce soir à 20 h place de la Concorde, à l’appel des Veilleurs, pour dénoncer ce projet de loi meurtrier.
De leur côté, les évêques d’Île-de-France ont publié une lettre ouverte dénonçant une « mort douce et choisie » présentée comme un progrès : « Ce n’est pas l’espérance que l’on veut donner, mais l’illusion d’une maîtrise totale de la vie et de la mort. »
Un tournant législatif
Les députés ont achevé samedi 24 mai l’examen de la proposition de loi sur le « droit à l’aide à mourir », qui légaliserait le suicide assisté et, dans certains cas, l’euthanasie. Cette loi, très attendue par certains et redoutée par d’autres, doit être votée solennellement ce mardi 27 mai, avant transmission au Sénat.
Ce texte, dont près de 2 600 amendements ont été débattus en huit jours, repose sur une formulation floue et lourde de conséquences : autoriser « une personne qui en a exprimé la demande à recourir à une substance létale ». La méthode privilégiée sera l’auto-administration, c’est-à-dire le suicide assisté ; l’euthanasie par un professionnel de santé n’intervenant que si la personne est physiquement incapable d’agir seule.
Cinq critères doivent être remplis pour y avoir accès. Mais la notion de « phase avancée » reste médicalement floue : selon la Haute Autorité de Santé, elle correspond à « un processus irréversible marqué par une dégradation de l’état de santé », sans consensus sur ce que cela signifie à moyen terme.
Certains amendements visant à restreindre l’accès (exclusion des personnes sous curatelle, atteintes de troubles cognitifs, etc.) ont été rejetés. Plusieurs experts, comme le Dr Claire Fourcade, estiment que jusqu’à un million de personnes pourraient être concernées.
Un “délit d’entrave” jugé inquiétant
Un amendement a introduit un délit d’entrave : toute personne dissuadant quelqu’un d’avoir recours à l’aide à mourir pourrait être passible de deux ans de prison et 30 000 € d’amende. En revanche, aucune pénalisation de l’incitation au suicide n’a été retenue, ce qui alarme.
Une fois voté, le texte sera transmis au Sénat. Aucune date d’examen n’a encore été fixée, mais celui-ci pourrait avoir lieu au cours de l’été ou à la rentrée 2025. Il passera d’abord en commission des affaires sociales, puis en séance publique.
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