Portées par des parents, des réseaux confessionnels ou sociaux et désormais des acteurs privés, les écoles hors contrat connaissent une croissance régulière.
Professionnalisation, diversification des profils et motivations contrastées des familles dessinent les contours d’un secteur de plus en plus structuré. Entretien avec Augustin Yvan, responsable du développement à la Fondation pour l’école.
| Votre enquête annuelle sur les écoles hors contrat sort en ce mois de septembre. Quels constats principaux en tirez-vous ?
Nous observons d’abord une continuité : la majorité des projets sont encore portés par des parents d’élèves qui s’organisent en associations de gestion pour répondre à un besoin spécifique de leurs enfants ou de leur entourage. En revanche, à côté de ces initiatives familiales, de nouveaux acteurs apparaissent. Depuis quelques années, nous voyons émerger des réseaux d’écoles confessionnelles qui ne se limitent plus aux structures traditionnelles comme la Fraternité Saint-Pierre ou la Fraternité Saint-Pie X, mais qui concernent désormais des communautés nouvelles comme l’Emmanuel, et même certains diocèses qui choisissent d’accompagner l’ouverture d’établissements hors contrat. Parallèlement, se développent des réseaux à vocation sociale, tels qu’Espérance Banlieues, Excellence Ruralités ou encore les écoles CERENE, spécialisées dans l’accueil des enfants « dys ».
| Peut-on dire que le secteur se professionnalise davantage ?
Oui, très nettement. À côté des associations parentales, nous voyons se multiplier des structures plus professionnalisées, parfois sous forme d’entreprises éducatives, qui ne fonctionnent pas comme des associations mais comme de véritables sociétés, à but lucratif ou non, dont l’objectif est d’atteindre au minimum l’équilibre financier. Elles proposent souvent une thématique ciblée : écoles bilingues, pédagogie Montessori, structures pour enfants à besoins spécifiques… Ce phénomène s’est fortement accentué depuis cinq ans. Un exemple intéressant est celui du réseau de crèches Babilou, qui a lancé un temps un petit réseau d’écoles hors contrat baptisé CubeSchool. On peut aussi mentionner les Académies Saint-Louis, créées par le Fonds du Bien commun, dont la première ouvre à Chalès à la rentrée 2025 et qui a vocation à se décliner en label. Enfin, un acteur inattendu comme le Puy du Fou s’est également lancé, en créant sa propre académie, reprise et développée il y a trois ans par un nouveau directeur. Ces initiatives traduisent une montée en gamme et une grande diversification des projets.