Small is beautiful. La formule a tellement fait le tour du monde que ses origines ont été oubliées. Sort habituel des vrais succès ! Mais avant d’être un slogan, cette petite phrase fut d’abord le titre d’un livre vendu à des millions d’exemplaires, à travers le monde entier. Signé par un économiste allemand, vivant en Angleterre, Ernst Friedrich Schumacher, cet ouvrage était d’abord le fruit d’une expérience avant d’être l’élaboration d’une théorie. Schumacher, qui avait collaboré avec John Maynard Keynes, avait constaté que les théories économiques répondaient toutes à une vision de l’homme. Ce n’était pas par hasard que le libéralisme et le socialisme produisaient tel type d’homme et tel type de société.
Or, le constat était là. Non seulement, ces types de société engendraient des maux parfois terribles, mais, finalement, ils niaient en profondeur la nature de l’homme. Dans ce contexte général, l’économie devenait une immense machine à produire, déconnectée entièrement des finalités de l’être humain. De ce fait, elle faisait appel toujours plus au gigantisme : gigantisme des machines, gigantisme des organisations, gigantisme des structures.
À l’encontre de cette vision prométhéenne, Schumacher, pourtant un économiste du sérail, réaffirmait plusieurs vérités. D’abord, que pour importante qu’elle soit, l’économie est au service d’une vie digne de l’homme et non l’inverse. Ensuite que l’homme est un animal social, politique et religieux qui ne trouve son bonheur que dans la poursuite d’une fin placée au-delà de l’ordre économique. Enfin, que ce bonheur est pourtant intimement lié, en raison de l’état d’être incarné de l’homme, à la maîtrise de son destin. Cette maîtrise impliquant notamment, dans l’ordre inférieur de l’économie, que l’être humain puisse être cause responsable de ses actes et contrôler directement les outils à sa disposition. D’où sa formule choc : small is beautiful, qui en fait ne résume qu’une partie de l’ouvrage de E.F. Schmacher. Le petit et le local, ce qui dure et qui est concret est généralement préférable à ce qui est grand, global, nouveau et abstrait. La bonne vie ne se réduit pas à la poursuite des biens matériels et à la croissance illimitée.
Véritable succès de librairie à sa sortie en 1973, Small is beautiful n’a rien perdu de sa véracité dans ses principes. Mais le monde a changé, des problèmes nouveaux se posent, des situations nouvelles ont émergé. Professeur à l’Ave Maria University, Joseph Pearce a repris à frais nouveaux les intuitions de Schumacher dans un livre dont le titre forme la conclusion de l’ouvrage : Small is still beautiful. Oui, ce qui est petit est toujours ce qu’il y a de mieux. Pour Joseph Pearce, Schumacher a exprimé pour le XXe siècle un principe qui reste fondamentalement vrai pour le XXIe siècle et que l’Église a élevé au rang de noyau central de sa doctrine sociale : le principe de subsidiarité. C’est pourquoi nous avons décidé de mettre ce libre à la disposition du public français sous le titre à peine changé mais adapté à notre langue : Small is – toujours – beautiful