L’unité de la foi catholique dans la communauté politique, contre les principes libéraux constitutionnels, est née avec le premier roi espagnol au VIe siècle. Cette unité est menacée par le libéralisme, depuis le XIXe siècle, parfois contre des autorités ecclésiastiques gagnées à cette doctrine depuis le concile Vatican II.
L’invocation du nom de Dieu en tête de la triple devise carliste (Dieu, Pays, Roi) ou quadruple (Dios, Patria, fueros, Rey) n’est pas, ou n’est pas seulement, un acte de foi individuel mais plutôt une affirmation politique communautaire. C’est d’abord la reconnaissance que toute civilisation a un fondement religieux et que toute communauté doit être fondée sur la religion. Mais la religion ne doit pas être confondue avec la croyance subjective, elle est ce qui nous unit au vrai Dieu.
Des valeurs niées
Aujourd’hui, il est admis que chacun peut suivre sa croyance, mais la valeur communautaire, politique et civilisatrice de la religion est niée. Mais bien sûr, Dieu ne gouverne pas directement depuis son trône. Ainsi, si nous appelons théocratie l’imposture consistant à penser que Dieu gouverne personnellement ou même par l’intermédiaire d’un dirigeant qui exprime sa voix, la pensée traditionaliste n’en est pas une. Ni une hiérocratie. Ce n’est pas théocratique parce que les dirigeants doivent obéir à la loi divine positive (révélée par Dieu) et examiner la loi naturelle, qui est une participation de la loi éternelle dans la créature rationnelle. Le gouvernement est donc l’exercice de la prudence et non l’observance mécanique d’ordres supposés de Dieu. Et il ne s’agit pas non plus de hiérocratie, car le clergé n’est pas directement investi du pouvoir dans les affaires temporelles mais plutôt de l’autorité spirituelle dans le dialogue avec le pouvoir. La pensée traditionaliste est donc également loin du droit divin des rois, une doctrine d’origine et de dérivation protestante, selon laquelle l’autorité spirituelle de l’Église est soumise au pouvoir temporel des monarques, comme si Dieu les avait désignés directement par hérédité, tandis que l’autorité du Pape serait médiatisée par l’élection du collège des cardinaux. Le développement de cette doctrine se trouve chez Jacques Ier d’Angleterre, qui radicalisa les positions de Luther et de Calvin. Ceux-ci avaient rendu le domaine du temporel indépendant du spirituel mais, désormais, même ce dernier est soumis au premier. Naturellement, une telle doctrine n’a rien à voir avec la doctrine paulinienne, assumée par l’Église catholique, selon laquelle il n’y a aucune puissance qui…