Guerres carlistes (4/4) : Le carlisme face à la démocratie chrétienne

Publié le 26 Oct 2023
démocratie chrétienne carlisme Espagne

La Conférence épiscopale espagnole a joué un rôle fondamental dans la consolidation du régime anticatholique né en 1978.

Après les guerres du XIXe siècle et son implication politique au XXe siècle, qu’est devenu le mouvement carliste ? Portrait de la résistance à la déchristianisation dans une Espagne désormais acquise au libéralisme avec l’aval de la plupart des évêques du pays, avec Antonio Capellán de la Riva, diplômé en sciences économiques.

 

Quel rôle la religion catholique a-t-elle joué dans votre pays depuis 1978 ?

Si, pour se comprendre rapidement, nous prenons comme référence la Conférence épiscopale espagnole, elle a joué un rôle fondamental dans la consolidation du régime anticatholique né en 1978. À quelques exceptions près, non seulement elle ne s’est pas opposée à la Constitution approuvée cette année-là, mais elle a été une force décisive pour que de nombreux Espagnols l’acceptent comme bonne. Sans sa contribution, il aurait été très possible que ce texte constitutionnel n’ait pas été approuvé et que l’Espagne n’ait pas été déchristianisée avec la rapidité et l’efficacité radicale qui a été réalisée. Aujourd’hui, certains évêques dressent un échafaudage contre les conséquences néfastes dudit régime ; mais seulement partiellement et de manière circonstanciée, puisqu’ils continuent à le louer comme bon et, dans de nombreux cas, à encourager les partis ennemis de la foi à voter, en faisant appel au fameux sophisme (précédemment condamné par l’Église) du moindre mal ; ou, tout simplement, en encourageant à participer aux processus électoraux, sans options catholiques, comme si cette participation était un devoir moral. Le plus frappant est peut-être que les dirigeants ecclésiastiques se sont condamnés à la marginalité, alors qu’en 1978 ils conservaient encore une énorme influence. Et ils continuent avec la même attitude, courant vers l’abîme et bousculant les autres.  

Comment les catholiques espagnols se sont-ils positionnés par rapport à la transition vers la démocratie ?

En général, ils ont assimilé les changements assez rapidement. Cela peut s’expliquer en partie par la dégradation progressive survenue au cours des décennies précédentes. En fait, le régime de 1978 aurait été impossible sans le rôle du franquisme. On pourrait dire que, même s’il n’est pas aussi pervers que l’actuel, le franquisme était une sorte de démocratie chrétienne dictatoriale. D’autre part, le rôle susmentionné joué par la Conférence épiscopale et par une grande partie du clergé a largement étouffé l’éventuelle réaction de nombreux catholiques de bonne volonté. Il convient également de noter qu’un grand nombre, notamment les carlistes, s’y sont opposés et, dans le cas du carlisme, continuent de s’y…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Maitena Urbistondoy

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéArt et Patrimoine

Transmettre le patrimoine vivant, un défi pour la France

Entretien | Malgré les difficultés et la disparition d’un tiers des événements en cinq ans, les Français restent profondément attachés à leurs traditions festives. Thomas Meslin, cofondateur de l’association « Les Plus Belles Fêtes de France », défend ce patrimoine culturel immatériel et veut lui redonner visibilité et dynamisme grâce à un label national et un soutien accru aux bénévoles. Entretien.

+

les plus belles fêtes de france label patrimoine
Société

Nos raisons d’espérer

L’Essentiel de Joël Hautebert | Malgré l’effondrement des repères et la crise des institutions, il demeure des raisons d’espérer. On les trouve dans ces hommes et ces femmes qui, par leurs vertus simples et leur fidélité au devoir d’état, sont capables d’assumer des responsabilités au service du bien commun.

+

espérer vertu
SociétéFin de vie

Euthanasie : « Pierre Simon voulait faire de la vie un matériau à gérer »

Entretien | Alors que le Sénat reporte une nouvelle fois l’examen du projet de loi sur la fin de vie, l’essayiste Charles Vaugirard publie La face cachée du lobby de l’euthanasie (Téqui). En s’appuyant sur les écrits oubliés de Pierre Simon, fondateur de l’ADMD et ancien grand maître de la Grande Loge de France, il dévoile les racines eugénistes et prométhéennes d’une idéologie qui, selon lui, continue d’inspirer les lois bioéthiques contemporaines.

+

euthanasie pierre Simon
SociétéPhilosophie

La logique, un antidote à la crise de la vérité

C’est logique ! – Entretien | Dans son nouvel ouvrage Devenir plus intelligent, c’est possible ! (Le Cerf), François-Marie Portes invite à redécouvrir les outils logiques de la tradition antique et médiévale. Pour lui, apprendre à définir, énoncer et argumenter n’est pas réservé aux spécialistes : c’est un savoir-faire accessible à tous, indispensable pour retrouver le goût de la vérité dans un monde saturé de discours trompeurs. Entretien.

+

penser portes intelligent logique
SociétéLectures

Maurras, pour la Nation, contre le racisme

Entretien | En août, les éditions de Flore publiaient un petit livre d'Axel Tisserand, Maurras, pour la Nation, contre le racisme. À cette occasion, Philippe Maxence s’est entretenu avec l’auteur, agrégé de lettres classiques et docteur en philosophie, au sujet de Charles Maurras (1868-1952).

+

charles maurras racisme nation patrie
SociétéPhilosophie

Le Centre culturel Simone Weil : redonner à la médecine son âme

Entretien | Créé par des professionnels de santé pour leurs confrères, le Centre culturel Simone Weil propose des formations alliant médecine et philosophie. À l’occasion de son séminaire de novembre, il invite praticiens, étudiants et aidants à redécouvrir la vocation profondément humaine et éthique de la médecine face aux défis contemporains. Présentation par François et Marie Lauzanne, pharmaciens et fondateurs du centre.

+

Centre culturel Simone Weil médecine