Éditorial | Lettre Reconstruire n° 38 (juillet 2024)
À l’heure où nous envoyons ce numéro à l’imprimerie, nous ne connaissons pas encore le résultat des élections législatives qui font suite à la dissolution de l’Assemblée nationale après les européennes.
Période instable
Quoi qu’il en soit, la France est entrée dans une période forte d’instabilité, à un moment où la situation internationale est elle-même très précaire. Le sens même du bien commun, auquel est ordonnée la politique, se trouve entièrement submergé par les intérêts politiciens du moment qui augmentent la fracture dans notre pays.
Que faire, alors ? Tenter au moins, ici, un premier rappel. Notre fin dernière étant Dieu, tous les éléments entrant dans le champ de notre existence jouent un rôle en fonction de celle-ci. Les événements actuels que nous vivons n’y échappent évidemment pas.
Or, en dehors des sacrements, dons gratuits et efficaces de Dieu, notre vie surnaturelle se perfectionne par l’exercice des vertus. Celles-ci nous permettent, en effet, d’accroître la vie de la grâce. Pour posséder Dieu, il faut d’abord le connaître, ce que nous permet la vertu de foi quand l’espérance nous aide à franchir les obstacles et que la charité « met dans notre cœur, selon saint Augustin, la faim et la soif de Dieu. »
Mécanisme de dégradation sociale
Et les vertus naturelles ? Ces dernières règlent nos mœurs et leur objet immédiat n’est pas Dieu. Elles se rattachent aux quatre grandes vertus dites cardinales : prudence, force, justice et tempérance. Si la foi et l’espérance sont directement menacées par l’hérésie et le désespoir, qu’en est-il de la charité ? De manquements légers en fautes graves, celle-ci diminue sous les effets de notre nature peccamineuse. Il revient alors aux vertus morales naturelles de la protéger.
Il faut cependant aller plus loin. La foi, l’espérance et la charité sont atteintes non seulement par nos défaillances personnelles mais aussi par un processus de dégradation sociale comme on l’observe aujourd’hui. Des petites équipes entraînées savent ainsi exploiter les faiblesses et les désordres pour créer ou renforcer le doute et la remise en cause de ce qui est bien, juste et vrai. Doute qui conduit à un repli sur soi, à la crainte et à la remise en cause permanente qui permettent d’installer une nouvelle morale, une nouvelle manière de penser et, à terme, d’autres modes de vivre, en contradiction avec la loi naturelle.
Il s’agit ainsi d’obtenir l’adhésion à une mythique conscience collective. À terme, ce processus naturel atteint les vertus théologales. Le doute, en effet, est directement contraire à la foi, la peur annihile l’action et s’oppose à l’espérance. Enfin, le repli sur soi est contraire à la charité.
Recherche de la vérité
Dans les moments de trouble comme nous en vivons actuellement, dans les périodes d’accélération dans les remises en cause de tous ordres, il faut au moins, individuellement et familialement, se raccrocher aux points de repère certains aux plans naturel et surnaturel. Contre le doute, il faut entretenir en soi la recherche permanente de la vérité. L’intelligence est, en effet, la première victime du processus de dégradation. Il convient donc de l’entretenir et la vivifier, non pas en dilettante, mais par un effort constant qui permet de trouver la paix intérieure. C’est un premier pas (pas le seul, mais un pas nécessaire) pour sortir de la servitude volontaire.
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