Au quotidien-n°17 (Revue de presse du confinement)

Publié le 14 Avr 2020
Au quotidien-n°17 (Revue de presse du confinement) L'Homme Nouveau

Chaque matin, la rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une courte revue de presse, principalement axée sur la réflexion (sans dédaigner l’information pure). Nous ne cherchons pas d’abord à faire du clic, pour nourrir des statistiques et l’auto-satisfaction. Notre démarche est plus simple et repose sur une conviction presque simpliste : « demain se prépare aujourd’hui ». Dans ce sens, depuis des années, L’Homme Nouveau propose un regard différent, loin des clivages faciles dans le but d’offrir les outils conceptuels, les habitus de réflexion pour reconstruire une société humaine et chrétienne.

Intéressant entretien avec le cardinal Sarah dans Valeurs actuelles (9 avril) sur ce que révèle la crise actuelle :

Ce virus a agi comme un révélateur. En quelques semaines, la grande illusion d’un monde matérialiste qui se croyait tout-puissant semble s’être effondrée. Il y a quelques jours, les politiciens nous parlaient de croissance, de retraites, de réduction du chômage. Ils étaient sûrs d’eux. Et voilà qu’un virus, un virus microscopique, a mis à genoux ce monde qui se regardait, qui se contemplait lui-même, ivre d’autosatisfaction parce qu’il se croyait invulnérable. La crise actuelle est une parabole. Elle révèle combien tout ce en quoi on nous invitait à croire était inconsistant, fragile et vide. On nous disait : vous pourrez consommer sans limites ! Mais l’économie s’est effondrée et les Bourses dévissent. Les faillites sont partout. On nous promettait de repousser toujours plus loin les limites de la nature humaine par une science triomphante. On nous parlait de PMA, de GPA, de transhumanisme, d’humanité augmentée. On nous vantait un homme de synthèse et une humanité que les biotechnologies rendraient invincible et immortelle. Mais nous voilà affolés, confinés par un virus dont on ne sait presque rien. L’“épidémie” était un mot dépassé, médiéval. Il est soudain devenu notre quotidien.
Je crois que cette épidémie a dispersé la fumée de l’illusion. L’homme soi-disant tout-puissant apparaît dans sa réalité crue. Le voilà nu. Sa faiblesse et sa vulnérabilité sont criantes. Le fait d’être confinés à la maison nous permettra, je l’espère, de nous tourner de nouveau vers les choses essentielles, de redécouvrir l’importance de nos rapports avec Dieu, et donc la centralité de la prière dans l’existence humaine. Et, dans la conscience de notre fragilité, de nous confier à Dieu et à sa miséricorde paternelle.

Attention, prévient le professeur des Universités Stéphane Ratti, dans le Figaro (13 avril), le télé-enseignement n’est pas la panacée :

Dans un monde parfait, un professeur pourrait sans doute faire cours oralement en ligne, voir ses élèves ou répondre à leurs questions en direct. Encore que ce que l’on voit en ce moment sur les chaînes de télévision, ces entretiens individuels (et non en groupe), hachés, ces images floues, ces réponses souvent inaudibles qui viennent un temps incertain et toujours trop long après la question, sont plus dignes de la télévision du Professeur Tournesol que de la technique du XXIe siècle. Mais comment percevoir la fatigue d’une classe entière à travers Skype ou Teams? Son degré d’adhésion à la progression du professeur? Ses distractions inévitables? Comment tenir compte des réactions infimes de sa classe, de ces signes souterrains d’ennui ou d’approbation, parfois même de passion ou du moins de curiosité, des réactions que ne perçoit qu’un professeur en chair et en os, seul capable de recevoir ces messages subliminaux toujours, discrets la plupart du temps, bruyants exceptionnellement? (…) La primauté de l’oral sur l’écrit que défendait Platon ne devrait pas nous laisser indifférents en ces temps de séparation entre maîtres et élèves, et l’on ne saurait trouver plus bel encouragement à maintenir, dans un enseignement moderne, le dialogue. «L’entretien oral, disait Nietzsche, est une occupation sérieuse ; l’écriture est seulement un jeu.»

Dans La Nation (10 avril), journal de la Ligue vaudoise (Suisse), Olivier Delacrétaz note quelques constantes,  parfois contradictoires :

Tout le monde s’essaie à prévoir, mais comment prévoir ? Sur quoi se fonder ? La question est déjà difficile en temps ordinaire. En principe, nous nous référons à ce qui est stable pour ordonner ce qui l’est moins, comme le capitaine conduit son bateau secoué par les vagues à partir de l’étoile immobile. Mais, dans la tempête sanitaire qui nous frappe, les repères habituels sont devenus instables, insignifiants, inutiles. Les obligations courantes qui ordonnaient notre vie sont frappées d’une commune précarité. Quelques constantes subsistent ce- pendant, qui peuvent servir de cadre à nos prévisions. Certains principes sont aussi frais aujourd’hui que du temps d’Aristote : principes de causalité, d’identité, de non-contradiction. Ne disons pas qu’ils sont inutiles en l’occurrence ! Toute action concrète qui les néglige court à sa perte. (…) Les idéologies modernes résistent, elles aussi, au virus. (…) De même, on a remarqué l’insignifiance de l’Union européenne, dont la principale intervention a été de montrer Mme Ursula von der Leyen en train de se laver les mains. Pour autant, l’europhile lambda répétera en boucle que l’action « chaotique » des Etats « cacophoniques » a empêché une action concertée et rapide et qu’il faut, par conséquent, « plus d’Europe ».

La Revue de presse de L’Homme Nouveau ne se contente pas de proposer des informations éphémères, mais vous offre aussi de découvrir des réflexions. Elle est là pour nous inviter à réfléchir. En ce sens, elle ne perd (presque) rien de son actualité. Elle se lit et se relit.

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