Cette année, la Journée mondiale de la jeunesse tombait le dimanche du Christ Roi. Dans son homélie, le Pape a décidé de s’adresser aux jeunes à partir de l’évangile de saint Jean, dans lequel le Christ a lui-même revendiqué sa royauté devant Pilate.
Depuis 1969, la fête du Christ Roi instituée par Pie XI à la suite de l’encyclique Quas primas, a été reportée du dernier dimanche d’octobre au dernier dimanche de l’Année liturgique. Elle veut nous montrer que, de toute évidence, le nom et la puissance de roi doivent être attribués, au sens propre du mot, au Christ dans son humanité ; lui qui a reçu du Père la puissance, l’honneur et la royauté. Le Christ a lui-même revendiqué la royauté devant Pilate, comme nous l’enseigne l’Évangile selon saint Jean lu pour cette fête.
Jésus, en effet, après avoir été entendu par les autorités juives, est conduit chez Pilate, pour être jugé. Ce procès se déroule en trois phases royales : la déposition du roi, le pouvoir d’en haut de ce roi et le roi crucifié. Pilate est désireux de justice, mais c’est un mondain. Il veut juger avec droiture et vérité, mais il va être pris dans un engrenage subtil et tragique qui va le pousser par faiblesse à livrer Jésus, victime de la dialectique qu’il a lui-même inaugurée.
L’appel du tribunal juif au tribunal romain, nécessaire quand il s’agissait de condamner à mort, est comme la clé juridique du procès de Jésus. Le fait de s’affirmer Messie impliquait chez Jésus la revendication d’une dignité royale. Les juifs en profitent pour soutenir à faux que Jésus se dresse contre Rome. Comme à son habitude, Pilate demeure un zélé serviteur de l’empereur. S’il apparaissait sans état d’âme, il était loin d’être un monstre assoiffé de sang, comme on l’a parfois dépeint. Raide et maladroit, il manquait sinon de psychologie du moins certainement de diplomatie.
Aux yeux de l’histoire, il apparaît comme un curieux mélange de provocation, d’indécision, d’entêtement et finalement de faiblesse. Il est certain qu’il a été effrayé du pouvoir surnaturel de Jésus. Jésus cherche à lui dévoiler la vérité divine, mais Pilate incarne l’homme fragile attiré par les trois concupiscences. Comme les Juifs, même si c’est pour un autre motif, il a fermé les yeux à la vérité et est devenu aveugle. Sa question : « qu’est-ce que la vérité », est tout à la fois sceptique et relativiste. Comme les Juifs, il n’appartient pas à ceux que la vérité rend libre. C’est pourquoi il prononce la sentence fatale.
Cette année, la fête du Christ Roi coïncidait avec la Journée mondiale de la jeunesse. Le Pape, dans son homélie de ce 24 novembre, développe alors pour les jeunes trois points qu’il tire de cette scène évangélique.
D’abord, Jésus est accusé à la barre d’un tribunal. Nous aussi nous pouvons être accusés ; il faut alors imiter Jésus, en n’ayant peur ni des condamnations ni du qu’en dira-t-on. Les fausses accusations se révéleront un jour telles qu’elles sont et tout ce qui est superficiel s’évanouira. Nous devons éviter à tout prix d’accuser les autres, et nous méfier beaucoup des illusions qui enivrent et conduisent à tuer moralement le prochain.
Ensuite, le Pape aborde le consensus. La royauté du Christ n’est pas de ce monde et Jésus ne cherche pas à se défendre : étant la Vérité, il est vraiment libre et il nous apprend ainsi que ce qui sauvera le monde, ce n’est pas le pouvoir humain guidé par l’argent, mais la gratuité de l’amour.
Enfin, la vérité. Le Christ est venu en ce monde pour rendre témoignage à la vérité et pour vivre dans la vérité, il faut vivre dans la lumière et dans l’amour, car nous devons vivre de la vie de Jésus et non nous contenter de survivre. Cet épisode évangélique nous apprend encore que Dieu est Providence et qu’il gouverne l’histoire. Il bouleverse le monde pour faire des saints.
Demandons à Marie de le devenir, en ayant toujours les mêmes sentiments que Jésus, surtout ceux qu’il nous montre dans son procès avec Pilate.
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