Aujourd’hui, nous fêtons avec l’Église universelle l’Assomption de la Vierge Marie, mère du Christ. C’est le 1er novembre 1950 que le pape Pie XII a proclamé solennellement le dogme de l’Assomption. Au deuxième nocturne de l’office de Matines, on trouve un extrait de cette proclamation dogmatique que nous reproduisons ici.
Le dogme de l’Assomption
L’Église universelle a, tout au long des siècles, manifesté sa foi dans l’assomption corporelle de la bienheureuse vierge Marie et les évêques du monde entier ont demandé, dans un accord presque unanime, que soit définie comme dogme de la foi divine et catholique cette vérité basée sur les saintes Écritures, profondément enracinée dans le cœur des fidèles et en parfaite harmonie avec les autres vérités révélées. Aussi, le Souverain Pontife Pie XII, accédant aux vœux de l’Église entière, a décidé de proclamer solennellement ce privilège de la bienheureuse vierge Marie. C’est pourquoi le 1er novembre de l’année du grand jubilé 1950, à Rome, sur la place Saint-Pierre, entouré d’une assemblée nombreuse de cardinaux de la sainte Église romaine, et d’évêques venus même de régions lointaines, en présence d’une multitude immense de fidèles, aux applaudissements du monde catholique tout entier, il proclama de sa parole infaillible l’assomption corporelle de la bienheureuse vierge Marie au ciel en ces termes :
« Après avoir maintes fois adressé à Dieu nos prières suppliantes, après avoir invoqué la lumière de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu tout puissant qui a daigné accorder à la vierge Marie les largesses de sa particulière bienveillance, pour l’honneur de son Fils, roi immortel des siècles et vainqueur du péché et de la mort, pour augmenter la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l’allégresse de toute l’Église, par l’autorité de notre Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul et par la Nôtre, Nous le proclamons, déclarons et définissons : l’assomption en corps et en âme dans la gloire céleste de l’immaculée Mère de Dieu, toujours vierge, Marie, à la fin du cours de sa vie terrestre, est un dogme divinement révélé ».
Le vœu de Louis XIII
En France, dont la fête patronale est célébrée aujourd’hui, on renouvelle également le vœu du roi Louis XIII consacrant son royaume à la Mère de Dieu, dans le mystère de son assomption :
Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Dieu, qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre Etat, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté que d’accidents qui nous menaçaient. Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du démon ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables à notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice ; la rébellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’Etat, qui n’avait d’autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels, en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques. Si nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs Etats dont ils avaient été dépouillés. Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins, pour faire voir à toutes les nations que, comme sa Providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve, et sa puissance le défend. Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du Fils de Dieu en notre chair, de » nous consacrer à la grandeur de Dieu » par son Fils rabaissé jusqu’à nous et à ce Fils par sa mère élevée jusqu’à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables, et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.
Protectrice spéciale du royaume
A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés à ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de l’église cathédrale de Paris, avec une image de la Vierge qui tienne entre ses bras celle de son précieux Fils descendu de la croix ; nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère, comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.
Faire commémoration de notre présente Déclaration à la Grande Messe
Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente Déclaration à la Grande Messe qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les Vêpres dudit jour il soit fait une procession en ladite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines, et le corps de la ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales plus solennelles. Ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales, que celles des monastères de ladite ville et faubourgs ; et en toutes les villes, bourgs et villages dudit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les Archevêques et Evêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales, et autres églises de leurs diocèses ; entendant qu’à ladite cérémonie les cours de parlement, et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents. Et d’autant qu’il y a plusieurs églises épiscopales qui ne sont point dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas, de lui dédier la principale chapelle desdites églises, pour y être faite ladite cérémonie ; et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre, et d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil-six-cent-trente-huit, et de notre règne le vingt-huitième.
Louis.