Le sang de Jésus sur son Linceul

Publié le 19 Avr 2019
Le sang de Jésus sur son Linceul L'Homme Nouveau

En relisant la Passion du Seigneur dans les Evangiles, en contemplant le Linceul de Turin, nous découvrons toutes les plaies sanglantes du Crucifié : ce corps lacéré des coups de fouets, couronné d’épines, meurtri par la poutre, transpercé par les clous et par la lance. On peut dire qu’il n’y a pas un centimètre carré de ce corps qui n’a pas été meurtri, tuméfié, ensanglanté. Et si l’Evangile nous dit que Jésus est mort avant les deux criminels crucifiés avec Lui, ce n’est pas par hasard : c’est parce que Lui a dû supporter de plus nombreuses et cruelles tortures.

Le sang innocent qui crie vers Dieu

En contemplant le Linceul, nous mesurons ce que Jésus veut dire quand, le soir du Jeudi-Saint, au dernier repas, Il parle de son corps livré et de son sang versé. Ce goût du sang, cette fascination morbide du sang, ce sang de tous les goulags, de tous les charniers, de tous les génocides, ce sang de notre humanité que la haine ne cesse de répandre depuis l’aube des temps, ce sang innocent qui crie vers Dieu, depuis Caïn jusqu’à nos jours. Jésus Lui-même en parle dans l’Evangile quand Il dit que « cette génération devra rendre compte du sang qui a été versé depuis la création du monde, depuis le sang d’Abel » (Lc 11, 51). Mais au lieu de venger le sang par le sang, Jésus vient le racheter par son amour, en versant son propre sang. Et alors que le sang des sacrifices d’animaux était bien incapable de nous racheter (He 10, 4), « le sang de Jésus nous purifie de tout péché » (1 Jn 1, 7). « Ce n’est pas avec de l’argent ou de l’or que vous avez été affranchis de la conduite mauvaise héritée de vos pères, écrit l’Apôtre Pierre, mais c’est par un sang précieux, celui d’un Agneau sans tache » (1 P 1, 18-19). « Son sang purificateur, dit la lettre aux Hébreux, parle plus fort que celui d’Abel » (12, 24).

Saint Léon le Grand (pape de 440 à 461) fait ce commentaire : « Le sang de Jésus parle plus fort que celui d’Abel, parce que le sang d’Abel criait vengeance à son frère meurtrier (Gn 4, 10), tandis que le sang du Seigneur appelle la vie, même pour ses persécuteurs. (…) C’est pourquoi le sang de notre Rédempteur, nous pouvons le boire, tout homme pécheur peut le boire, ce sang qui a payé notre rédemption. Ce sang de notre rédemption qui nous est donné à boire, c’est le cri d’amour de notre Rédempteur. Et pour que ce sacrement de la Passion du Seigneur ne soit pas stérile en nous, nous devons imiter ce qui est nous donné à boire et faire connaître aux autres le mystère qui nous fait vivre ! » (Commentaire sur le livre de Job)

« Venez vous abreuver à la source cachée »

Avec l’Apôtre Jean, le disciple bien-aimé, qui a vu l’effusion du Cœur ouvert et qui en témoigne bouleversé (Jn 19, 34-37), avec Sainte Marguerite-Marie de Paray-le-Monial, avec Sainte Faustine de Pologne, avec les foules innombrables qui ont pu contempler le Linceul depuis 2000 ans, nous aussi nous levons les yeux vers Celui que nous avons transpercé (Jn 19, 37 ; Za 12, 10) et nous venons boire avec joie à la source du Salut (Is 12, 3) – comme les Ecritures l’avaient annoncé.

Saint Luc nous rapporte, au début des Actes des Apôtres, la réaction des habitants de Jérusalem lorsqu’ils entendirent pour la première fois, de la bouche de Pierre, le jour de la Pentecôte, le récit de la Passion d’amour du Seigneur : « D’entendre cela, ils eurent le cœur transpercé » (Ac 2, 37). Le Cœur ouvert de Jésus est capable d’ouvrir le nôtre, si endurci soit-il. Les jardiniers nous apprennent que pour réaliser une greffe d’arbuste, il faut deux entailles : une sur le greffon et l’autre sur la branche qui le reçoit. Le Linceul et surtout l’Eucharistie nous permettent d’expérimenter cette ouverture du cœur, ce cœur à Cœur avec Jésus, cette transfusion du sang, cette dialyse de l’amour, pour que la greffe – de sa Vie en nous – réussisse ; et de redire, éblouis, avec Saint Paul : « Le Christ m’a aimé et Il s’est livré pour moi ! » (Ga 2, 20). Et Pascal ajoute même : « Il a versé telle goutte de sang pour moi ! »

Oui, « fixons nos regards sur le sang du Christ et comprenons combien il est précieux pour son Père et pour nous, puisque, répandu pour notre Salut, il a procuré au monde entier la grâce de la conversion ! » Saint Clément 1er (pape de 90 à 100 et martyr). (Lettre aux Corinthiens

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