Elles sont plus de 12 000 en France, rassemblant près de 40 000 clochers et formant un étroit maillage d’un bout à l’autre du pays. Chaque fidèle catholique dépend de l’une d’entre elles. Elles, ce sont les paroisses : un territoire et toutes les âmes qui vont avec, sous la responsabilité du curé. Leur définition reste inchangée depuis près de 15 siècles mais elles ont connu de nombreuses évolutions. Cœurs spirituels des villes et des villages, elles ont été des lieux de pouvoir politique et administratif. Le curé, ancien notable et figure essentielle de nos villes et villages, a perdu de son prestige et l’idée même de territoire, pourtant constitutive de la paroisse, a été bouleversée par le développement des moyens de communication. Enfin, les fidèles eux-mêmes ont évolué alors que l’influence de la civilisation chrétienne s’amenuise.
La Congrégation pour le Clergé a publié le 20 janvier 2021 une instruction intitulée : La Conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l’Église. Le document promeut une plus grande coopération entre les paroisses et les invite à un élan missionnaire de proximité.
Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (n. 28), le pape François affirme que « la paroisse n’est pas une structure caduque ». Nous ne pouvons nous contenter d’acquiescer aux mots du Pape, nous devons les comprendre et ils ne sont pas évidents. Quel avenir pour les paroisses alors que le nombre de fidèles pratiquants – et donc de prêtres – est en chute libre ? Quel espoir alors qu’une part non négligeable des fidèles pratiquants a délaissé sa paroisse territoriale pour d’autres lieux de culte (communautés religieuses, paroisses personnelles, chapelles…) ? Ces problématiques sont devenues plus cruciales encore depuis que la crise de la Covid-19 a entraîné en certains lieux une hémorragie de près de 30 % des fidèles.
Pour entrevoir l’avenir des paroisses, qui ne va plus de soi, il fallait mener l’enquête. Revenir aux sources, comprendre comment elles ont, au fil des siècles, recouvert de clochers nos villes et nos campagnes. Avec cet éclairage historique, nous pouvions mieux appréhender le présent et avons rencontré des curés qui nous ont fait voir un peu de la réalité des paroisses de France. Des évêques ont donné une vision plus globale en évoquant la formation des prêtres, les enjeux financiers, l’évangélisation d’une société « liquide »(1)… Ils nous ont parlé sans langue de buis. Les laïcs dans leurs domaines respectifs, fidèles engagés, historiens, économe, ont apporté leur expertise.
Non, la paroisse n’est pas morte mais elle ne vit et ne porte du fruit que dans la mesure où elle est fixée au Christ. Puissent les paroisses être émondées par le Père pour être plus fécondes encore (Jn 15, 2).
1. La notion de « modernité liquide », consacrée par le sociologue Zygmunt Bauman, exprime la malléabilité – et donc la fragilité – à la fois des structures sociales et de l’identité des individus dans une société contemporaine qui exalte l’autonomie.