Notre quinzaine : Pour sortir de l’ère du vide et de l’artificiel

Publié le 10 Avr 2017
Notre quinzaine : Pour sortir de l’ère du vide  et de l’artificiel L'Homme Nouveau

Désarroi

Un certain nombre de lecteurs nous demandent, anxieux, de mettre en garde contre Emmanuel Macron. Plus s’avance la campagne électorale en vue des présidentielles, plus l’ancien ministre de l’Économie apparaît, en effet, comme la solution imaginée par un système aux abois pour se sauver du désastre. Emmanuel Macron n’est d’ailleurs pas uniquement l’ancien ministre préféré de François Hollande. Comme nombre de ceux qui se destinent normalement au service de l’État en passant par l’ENA, il a aussi fait carrière dans la finance (banque Rothschild & Cie) tout en militant également au parti socialiste, incarnant cette génération d’hommes de gauche qui ont trouvé dans le mondialisme libéral et financier le nouveau paradigme progressiste.

Le nom de son mouvement (En marche !) est lui aussi très révélateur de la philosophie qui l’anime. Au fond quelle est sa finalité, sinon le mouvement permanent. Vers quoi et pourquoi ? Peu importe, dès lors que l’on est en marche ! Nous en sommes ramenés au vieil Héraclite, avec ce danger toujours actuel que nous courons droit dans la confusion. Aristote, évoquant le philosophe d’Éphèse, parlait déjà d’Emmanuel Macron : « Il est évidemment impossible, pour le même esprit, de concevoir en même temps, que la même chose est, et n’est pas. » Aristote se trompait. Tous les discours fumeux du candidat Macron prouvent qu’il tente en permanence ce grand écart, pourtant métaphysiquement impossible. Preuve que le candidat d’« En Marche ! » a beau avoir un visage de jeune premier, il incarne surtout des idées bien rancies.

Nul besoin, à vrai dire, de mettre en garde contre Emmanuel Macron. Les lecteurs de L’Homme Nouveau ont depuis longtemps compris le personnage et l’aspect artificiel de sa démarche. Alors, pourquoi en parler ? Tout simplement parce qu’il est le point culminant de notre décomposition et qu’il révèle exactement où nous en sommes.

Un réflexe de survie

Il révèle ainsi que les élections présidentielles ne résoudront pas la crise morale, intellectuelle et spirituelle que nous traversons et dont Emmanuel Macron n’est qu’un épiphénomène. Une fois les élections terminées (présidentielles et législatives), elle n’en sera pas pour autant à remiser au rang des mauvais souvenirs. Elle est le fruit d’un long processus historique et intellectuel qui trouve son origine dans la révolte protestante, dans les tentations de la Renaissance et dans les libelles des Lumières sans oublier leurs différentes traductions politiques. La place manque ici pour en détailler les différentes étapes. Mais si Emmanuel Macron développe un discours inintelligible, métaphysiquement creux et manifestement irréaliste, ce n’est pas par hasard.

Le réel ? C’est bien ce que nous avons tous perdu de vue, au point parfois de nous échiner à opposer idéologie à idéologie, dans un processus qui sert finalement, sans que nous nous en rendions toujours compte, l’autodestruction. Le retour au réel n’est pas seulement le titre admirablement trouvé d’un livre de Gustave Thibon, publié au moment où la France avait connu la plus grande défaite de son histoire. C’est une nécessité absolue, un réflexe de survie.

Le sens du réel

Retrouver le sens du réel, nous sortir de l’idéologie, consiste d’abord – c’est dire où nous en sommes ! – à retrouver par exemple le principe d’identité (« ce qui est, est ; ce qui n’est pas, n’est pas ») et le principe de non-contradiction (« Il est impossible qu’un même attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps et sous le même rapport à une même chose »). Il s’agit d’un travail de longue haleine qui dépasse le cadre d’une élection et qui n’a rien à voir avec la télévision ou internet. Comment un être entièrement soumis au rythme d’une mégapole ou au monde virtuel de la toile peut-il encore comprendre les lois de la nature et d’abord celle de la nature humaine ? Ce n’est pas un hasard si la légalisation des unions homosexuelles arrive aujourd’hui ! Nous vivons constamment dans l’ère du vide et de l’artificiel. Pour nous désintoxiquer, pour bien penser et pour bien raisonner, il faut rééduquer nos sens. Dans un entretien qu’il nous avait accordé, le professeur James Taylor, ancien élève de John Senior, nous déclarait : « L’Église enseigne, avec Aristote et saint Thomas, qu’il n’y a aucune connaissance qui ne vienne des sens. Par conséquence, c’est de là qu’il nous faut partir et ne pas commencer à apprendre avec l’esprit rationnel cartésien. »

Si les livres ne constituent pas la première nourriture (ventre affamé n’a pas d’oreilles), il convient pourtant de retrouver les grandes sources de l’expérience humaine, de se plonger dans les classiques et de les transmettre, non comme des objets d’analyse, mais bien comme un objet d’amour. Même chose pour les livres de spiritualité. Ne mégotons pas. Mieux que les derniers livres à la mode (car il y a une mode du livre spirituel), lisons ceux des grands saints et des grands docteurs de l’Église.

Il est évident qu’il ne s’agit pas là d’un programme de restauration, mais seulement de l’esquisse de ce que chacun peut entreprendre, d’abord pour soi et pour les siens. Une sorte de première réponse à Macron et à ceux qui le soutiennent.

Ce contenu pourrait vous intéresser

Éditorial

Le sourire comme distinction spécifique

L'éditorial du Père Danziec | Le sourire est une force, c'est une maîtrise de soi qui transcende passions et contrariétés par une bonne humeur conquérante et imperturbable. Ni aveugle ni grincheux, le chrétien de 2024 doit mener son âme de façon semblable à celle des premiers chrétiens.

+

sourire chrétien
ÉditorialSociété

L’incendie de Saint-Omer, symbole d’un réveil nécessaire

L'Éditorial de Maitena Urbistondoy | L’incendie de la cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais), dans la nuit du 1er au 2 septembre, a ravivé des souvenirs douloureux dans les esprits, notamment celui de Notre-Dame de Paris. Alors que la reconstruction de cette dernière touche à sa fin, cet autre drame nous rappelle que notre patrimoine religieux demeure fragile. Ces monuments, témoins d’une histoire chrétienne millénaire, sont bien plus que de simples édifices architecturaux. Leur disparition progressive, que ce soit par négligence ou vandalisme, met en lumière une question bien plus profonde : la perte de nos racines spirituelles.

+

incendie saint-omer
Éditorial

Notre quinzaine : Retrouver une hygiène de l’âme

Éditorial du Père Danziec | « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre », écrivait Blaise Pascal. Faits pour l’au-delà mais englués dans l’immédiat, telle est la triste condition de milliards d’hommes perdus dans les contradictions internes de la postmodernité. L’heure de la rentrée et de la reprise, après la période estivale, peut nous donner l’occasion d’une résolution vitale : préserver la santé de notre sensibilité, de notre volonté et de notre intelligence. Retrouver en somme une véritable hygiène de vie.

+

hygiène de l'âme smartphone
Éditorial

Notre quinzaine : La vérité à tout prix !

L'édito de Philippe Maxence | À l’approche d’une nouvelle rentrée, faut-il revenir sur les grands faits d’un été particulièrement chargé ? À vrai dire, la question n’est pas seulement rhétorique. Si nous n’y prenons garde, la pesanteur des événements peut, en effet, nous entraîner dans les bas-fonds du désespoir, nous masquant ainsi la réalité dans sa totalité et sa complexité, laissant surtout l’Ennemi triompher en utilisant jusqu’à notre indignation face au scandale du mal.

+

vérité blasphème
Éditorial

Notre quinzaine : L’enjeu de véritables vacances

Édito du Père Danziec (n° 1812) | À l’heure où vous tiendrez ce magazine entre vos mains, les mois chauds et sympathiques des vacances se seront de nouveau installés. Voici venu le temps de nous délasser des labeurs et des fatigues de l’année académique ! Comment donc ne pas vous souhaiter, chers lecteurs de L’Homme Nouveau, de véritables semaines d’été reposantes ! Car oui, le repos est sacré !

+

vacances
ÉditorialLettre Reconstruire

Retrouver le sens de la vérité

Lettre Reconstruire n° 38 (Juillet 2024) | Éditorial | Dans les moments de trouble comme nous en vivons actuellement, dans les périodes d’accélération dans les remises en cause de tous ordres, il faut au moins, individuelle­ment et familialement, se raccrocher aux points de repère certains aux plans naturel et surnaturel. Contre le doute, il faut entretenir en soi la recherche permanente de la vérité.

+

france 4684488 1280 vérité